Le Mali aux compétitions africaines Une ambition sacrifiée au profit des intérêts égoïstes

Hélas, nous ne voyons à l’horizon aucun signe d’un changement de mentalité ! Peut-on aimer une discipline au point de briguer sa gestion et poser des actes qui compromettent ses performances à l’échelle continentale, voire internationale ? On n’a pas besoin d’être chroniqueur sportif pour répondre négativement à cette question. C’est malheureusement la prétention des responsables de clubs (CS Dougouwolonfila, Club Olympique de Bamako, AS Sabana de Mopti, Avenir Tombouctou, Centre Salif Kéita et Djoliba AC) qui ont boycotté la 6ème journée du championnat du Mali, sous prétexte que le délégué du Djoliba a été exclu de l’assemblée générale de la Fédération malienne de football, tenue  le 10 janvier 2015. Mais, personne n’est dupe ! La raison est ailleurs.

Ces clubs inféodés au Djoliba ont des objectifs inavoués : prendre le football en otage et provoquer la dissolution de l’actuel comité exécutif de la Femafoot ! Leurs dirigeants ne s’en cachent même pas dans les cercles fermés de leurs acolytes. Ils exigent ainsi d’être associés à la négociation des contrats de sponsoring du championnat national de football. Ils n’ignorent pas pourtant que cette compétition est la propriété de la Fédération qui en précise les règles, les modalités d’organisations et les conditions de participation. Donc, les droits d’image (sponsoring, publicité) lui reviennent de droit. Même si cette revendication n’est pas surprenante quand elle émane de l’actuel président du Djoliba qui, pourtant, n’a rien prouvé dans la mobilisation des recettes de sponsoring pendant les longues années passées à la Fédération en tant que Secrétaire général puis président. Pis, il s’est toujours illustré par la gestion opaque des ristournes de la Caf et de la Fifa.

Et c’est le même qui tente de déstabiliser le Comité national olympique et sportif du Mali (Cnosm) en essayant de pousser, à l’aide d’articles de presse incendiaires, des Fédérations à la dissidence contre le contrat de sponsoring négocié avec Sotelma/Malitel. Un engagement dont l’impact positif sur ces disciplines n’échappe à aucun observateur impartial. La complicité du président du Club Olympique de Bamako (COB) peut aussi paraître incompréhensible d’autant plus qu’il était récemment vice-président de la Femafoot et qu’il avait la latitude de changer les règles de partenariat Orange-Mali/Femafoot. Pourquoi n’a-t-il rien fait à l’époque ? Qu’est-ce qui le motive actuellement ?

Aveuglés par la rancune

Ce qui paraît évident, c’est que «Dugutigui kôrô tè dugu nyalen fè» (un ex-chef de village ne souhaite pas forcément le succès de ses successeurs), comme le dit l’autre. Et cela, parce qu’il est le plus souvent aveuglé par la rancune et les rancœurs, voire la soif de revanche ou de vengeance. C’est aussi lui qui dit que, dans ce pays, on n’a la mémoire courte. Sinon, des membres élus au comité exécutif ont été débarqués ici par le précédent président de la Femafoot pour mieux positionner des adversaires, dont l’éternel président du COB. La crise actuelle a été bien planifiée. Et ce n’est pas l’intérêt du football ou de la patrie que les dissidents cherchent à sauvegarder. Bien au contraire, celui-ci est sacrifié sur l’autel de la cupidité et de la mégalomanie de certains dirigeants qui pensent être incontournables ou indispensables à la bonne marche de la Fédération.

Et chaque fois qu’on veut démontrer le contraire, ils paniquent et créent le désordre en prenant le sport-roi en otage. Sinon, comment comprendre qu’au moment où l’Etat fait des sacrifices énormes pour financer la préparation et la participation de nos Equipes nationales aux phases finales des Can, qu’on décide de prendre la discipline en otage. Aujourd’hui, le championnat national est suspendu jusqu’à la fin de la Can.

Et cela suite à une démarche objective du ministre des Sports qui souhaite éviter que le fossé ne s’élargisse entre les deux camps et surtout permettre aux Aigles du Mali de mieux se concentrer sur la 30ème Can qui a débuté le week-end dernier en Guinée Equatoriale (17 janvier-8 février 2015). Il était nécessaire d’arriver à un point de non retour pour qui sait que trois forfaits de suite conduisent à l’exclusion d’un club de la compétition et à la relégation en division inférieure.

Si cette suspension peut contribuer à l’apaisement, ses conséquences peuvent être dramatiques pour les clubs et les sélections nationales engagés dans les compétitions africaines. Comme le rappelait si pertinemment un confrère de la place, les clubs engagés dans les compétitions africaines seront ainsi privés de compétitions, donc de préparation, pendant un mois. Peut-on espérer que des formations manquant cruellement de compétitions puissent combler les attentes, c’est-à-dire aller le plus loin possible en se qualifiant pour les phases de poules de la juteuse et prestigieuse Ligue des champions ainsi que de la coupe de la Confédération ? C’est sans doute de se faire des illusions. Il en est de même pour les sélections nationales de petites catégories qualifiées pour les Can «Niger 2015» (cadets) et «Sénégal 2015» (juniors). Avec des effectifs constitués essentiellement de jeunes talents locaux, la Ligue 1 Orange devait permettre aux joueurs de se mettre en valeur et en jambes avant les stages bloqués de préparation.

La suspension de cette compétition, même de façon temporaire, les prive de cette belle opportunité. Prions pour que le chantage actuel n’ait aucune incidence négative sur la prestation de nos clubs et de notre sélection nationale dans les compétitions africaines. Sinon, on ne pourra que s’en prendre à ceux qui ont sacrifié le football sur l’autel de la cupidité et de la mégalomanie. Des aigris qui, contrairement au comité exécutif et au ministère des Sports, se soucient peu de l’avenir du football national et de la performance de nos clubs et sélections nationales à l’échelle nationale. Ils auront d’éventuelles contre-performances sur la conscience (s’ils en ont) et l’histoire se chargera de leur faire payer une telle trahison de la Patrie !

Kader TOE

Source: Le Reporter 2015-01-21 22:43:57