Le COREN annonce des actions à partir de mercredi prochain : Un sit in pour contraindre les autorité

Mes chers frères, mes chères sœurs. Merci d’être venus nombreux, encore une fois, à cette assemblée générale du COREN. Le COREN qui est fier de votre constante mobilisation, de votre indéfectible engagement, de votre détermination.

Merci au COREN du Sud, au COREN de l’Est et de l’Ouest. Merci surtout au COREN du Nord, au COREN de Gao, qui, ces derniers jours, a montré qu’il n’est pas le descendant d’ancêtres poltrons, d’ancêtres à la mentalité d’esclave. Oui, Gao aujourd’hui, comme lui hier Kidal et Tombouctou, ont emprunté le chemin de l’honneur, parce que celui de la résistance. Merci pour l’exemple.

Oui, mes chers et frères et soeurs, Gao sans kalachs, mais Gao. Gao sans obus, mais Gao. Gao sans chars et sans avions, mais Gao. Gao les mains nues et Gao fière et combattante de la liberté.

Et je vous le dis à tous, dans cette salle comme de par le monde, notre résistance continue et continuera à Tombouctou, Albilali soudane, à  Kidal de Firhoun, à Ansongo Afoudou à Goundam, Léré, Abeibara, Aguel hoc, rouge du sang des nôtres, Tessalit, Labezangua.

Notre résistance ne s’arrêtera jamais, quel que soit l’ennemi en face. Nous le clamons haut et fort, nous sommes et serons toujours les artisans de notre destin. Nous le sommes d’autant plus que nous ne sommes pas seuls. Nous sommes loin d’être seuls, comme en témoignent les nombreuses aides, en tous genres, qui nous parviennent, de l’intérieur comme de l’extérieur. Comme en témoigne l’accompagnement inestimable des  organisations humanitaires: Croix Rouge, Croissant Rouge, Haut Conseil Islamique, AMDH, Amnesty international et autres.

Nous ne sommes pas seuls, comme en témoignent le courage et la témérité de nos jeunes, de nos pères, de nos mères, de nos fils et de nos filles. Nous ne sommes pas seuls, comme en témoigne le relais sans prix des medias nationaux et internationaux. Non, nous ne sommes pas seuls. C’est pourquoi le COREN (Collectif des Ressortissants du Nord) est devenu le Collectif des Ressortissants du Mali pour le Nord. Ce Nord, aujourd’hui meurtri, mais sachant compter sur lui-même et sur ses amis de par le monde.

Aujourd’hui, comme hier par nos pères, face à cet ordre barbare que l’on essaye de nous imposer, nous répondrons par notre courage, notre détermination à ne pas céder, à ne jamais reculer, à ne pas abandonner nos familles, nos parents, notre pays et notre terre. Nous nous battrons partout, dans chaque village, dans chaque hameau dont les coeurs battent dans nos cœurs à tous, ici et ailleurs. Nous nous battrons pour notre honneur. Nous nous battrons pour le Mali, qui ne tombera jamais en des mains étrangères, en des mains hostiles, en des mains que nous n’avons pas choisies, pour des principes de vie que nous n’avons pas choisis.

Mes chers frères et soeurs, hommes de paix pour un monde de justice, de démocratie et de paix. Kidal traumatisé, mais Kidal debout. Gao vandalisé, pillé, outragé, mais debout. Tombouctou fouettée et humiliée, mais Tombouctou debout. Et il en sera toujours  ainsi.

Oui, mes chers frères et sœurs, nous sommes debout et déterminés, définitivement engagés et nous demandons à nos autorités, au gouvernement du Mali, de l’être avec nous. Qu’ils le sachent, le Mali a été engagé dans une guerre injuste et le temps n’est plus à la léthargie, à l’inertie, aux interrogations et aux questionnements. Le temps est aux actes, aux actes concrets, pour libérer les trois-quart du pays, pour ramener plus de la moitié des populations de ces contrées dans leurs foyers, pour assurer la survie et la vie de tous ces compatriotes. Il le faut, pour faire mentir tous ceux qui disent que le Nord a été abandonné à son triste sort. Pour nous faire mentir nous-mêmes. Et, parce que nous les avons suffisamment attendus, aujourd’hui nous exigeons d’eux assistance et engagement. Nous le ferons sous la forme d’un sit‑in à Bamako, aux portes mêmes de nos dirigeants

Un Sit‑in pour la Liberté, car notre liberté a été confisquée. Un Sit‑in pour l’Indépendance, parce que notre pays est sous occupation étrangère. Un Sit‑in pour la paix, parce que c’est notre art de vivre et notre culture. Un Sit‑in pour le Mali Un et Indivisible. Un Sit‑in pour une République laïque et démocratique.

Nous les harcèlerons jusqu’à ce qu’ils se décident à s’occuper de nous autrement que par des communiqués attendris de soutien et de constat de l’ampleur de notre désastre. Mes frères, mes sœurs, dites-le à tous ces indésirables qui parcourent nos rues et nos campagnes. Jamais ils ne nous dompteront, jamais ils ne nous casseront, jamais nous ne cesserons d’être ce que nous sommes pour devenir ce qu’ils veulent que nous soyons. Jamais, jamais. Chers frères et sœurs, faites que notre exigence citoyenne, par notre mobilisation pleine et entière, amène nos autorités à prendre leurs responsabilités, toutes leurs responsabilités, vis‑à‑vis du Nord, vis‑à‑vis de nous, vis‑à‑vis du Mali. Faisons de ce Sit‑in républicain un succès. Ce sera le mercredi 4 juillet à partir de 6 heures, au Monument de l’Indépendance. La lutte continue. Je vous remercie.

 

L’Intervention de l’Honorable El Hadj Baba Sandy Haidara

Chers frères et sœurs, l’heure est grave. Notre territoire est entre des mains étrangères, dans une complexité indescriptible. Notre pays est dans un désordre inqualifiable, suite à la rébellion armée et au coup d’Etat. Nos populations subissent impuissantes, chaque jour, l’oppression et l’humiliation des occupants dans un système colonial contre leur volonté.

Si nous disons que l’heure est grave, c’est parce, que dans la pratique, nous ne sentons pas les décideurs. Aucun signe visible d’action allant dans le sens de libérer cette région n’a été engagé, pas un litre de gasoil n’a été envoyé au nord au nom de l’Etat malien.

La responsabilité du gouvernement de la République du Mali est pleine et entière. Il hésite encore à prendre la seule décision qui vaille: inviter la communauté internationale à venir à notre secours. La responsabilité des militaires aussi, qui ont fait un coup d’Etat semble‑t-il pour libérer immédiatement le nord et qui sont incapables de se mobiliser.

Nous avons averti que le pourrissement de la situation peut entraîner une guerre civile et nous ne sommes pas encore écoutés. Aujourd’hui, avec ce qui se passe à Gao, tous les signes le prouvent et il faut le craindre. Nous avons dit aux membres du gouvernement, à l’Assemblée nationale, que leur responsabilité sera pleine et entière si l’hésitation dans la décision d’intervenir au nord amène un jour une population noire majoritaire excédée à se révolter, car ce sera une affaire de Noirs et de Blancs et on ne le leur pardonnera pas.

Les islamistes et le MNLA se sont affrontés à Gao. Il faut s’en réjouir. Cependant il est important de rester prudents, car la raison de leur opposition ne nous concerne pas. Je rappelle à chacun que nous n’avons invité aucun d’eux à venir et qu’ils sont tous indésirables et doivent être combattus. Les pratiques d’Ançardine à Tombouctou sont inqualifiables: effacement de tous les symboles du Mali, refus de hisser le drapeau national, coups de fouets distribués à de vieilles personnes pour avoir fumé des cigarettes, mégots de cigarettes éteints dans la paume de la main des jeunes, mariages forcés pour organiser des viols, démolition des mausolées après leur profanation. Ce matin, les tombes de Sidy Mahmoud (1546), Alpha Mogya (1593) et Sidy Elmoctar  ont été rasées.

Camarades, nous avons fait des assemblées générales, des meetings des marches. Nous sommes restés disciplinés et respectueux des règles de l’Etat. Nous n’avons pas été entendus. Nous avons été ignorés, tandis que nos populations et nos parents continuent de souffrir et d’être humiliés. Personne ne vient à leur secours. Où est l’armée malienne? Où est le gouvernement du Mali? Devons-nous encore croiser les bras? Non et mille fois non.

Sur la sécurité alimentaire des populations, nous avons attiré l’attention du gouvernement sur les risques que l’aide ne bénéficie pas aux populations nécessiteuses. Les vivres transportés bénéficient plus aux acteurs, c’est‑à‑dire les commerçants, les transporteurs, les convoyeurs et les occupants qu’à ceux auxquels ils sont destinés. Les populations du nord du Mali préfèrent leur liberté au kilo de riz distribué par famille. Elles demandent de les libérer pour leur rendre leur dignité, afin qu’elles vivent du fruit de leur labeur au lieu d’être des assistées. A ce titre, il est utile de citer Ahmed Sékou Touré: «nous préférons la liberté dans la pauvreté à l’opulence dans l’esclavage».

Camarades, l’heure est à la décision. Occupons l’espace public, à l’instar des Egyptiens, jusqu’à la mobilisation des troupes pour aller libérer le nord, à partir de mercredi. Ou alors, ensemble, oublions l’Etat malien et allons nous sacrifier avec nos parents et devant nos colonnes ceux d’entre-nous qui peuvent prendre les armes. Camarade, agissons, notre Etat nous a oubliés. Plus d’hésitation pour le sacrifice au profit de nos parents et de notre terroir!.

 

 

22 Septembre