Laurent Fabius à Cuba: une visite historique et économique

Il s’agit d’une visite express, puisque Laurent Fabius repartira le soir même, mais c’est une visite historique. La première d’un ministre français depuis celle de Claude Cheysson, en août 1983. Depuis, plus de 30 ans se sont écoulés et les relations entre ces deux pays se sont nettement détériorées. En cause, notamment : la question des droits de l’homme. L’arrivée de Laurent Fabius à La Havane se veut un signe fort. Pour le Quai d’Orsay, même si cette visite est très courte, elle est surtout très importante et doit marquer le passage à la vitesse supérieure dans la nouvelle politique latino-américaine de Paris.

La France souhaite pouvoir s’appuyer sur un pays considéré comme influent dans la région et profiter de son ouverture économique. Laurent Fabius aura donc un entretien suivi d’un déjeuner avec son homologue cubain Bruno Rodriguez Parrilla. Le ministre français des Affaires étrangères et du Développement international rencontrera également des membres de la société civile cubaine et la communauté française de La Havane.

212 millions d’euros d’excédents en faveur de la France en 2013

Et si, d’un côté, cette visite se veut politique, il y a également un volet économique. Des chefs d’entreprises accompagneront Laurent Fabius. Le but, augmenter les échanges entre ces deux pays. Les échanges commerciaux entre les deux pays ont généré 212 millions d’euros d’excédents pour la France en 2013. Paris souhaite passer à la vitesse supérieure. Et la « réactualisation » du modèle économique cubain, entreprise en 2008, doit permettre à terme l’implantation d’entreprises françaises sur le sol cubain. La récente loi sur les investissements étrangers adoptée par La Havane devrait, entre autres, accélérer les échanges entre Paris et La Havane.
Paris souhaite profiter de la nouvelle législation sur les investissements étrangers pour y accroitre sa présence. Cette législation doit permettre aux entreprises étrangères de bénéficier d’une fiscalité avantageuse. Jusqu’à présent, elles étaient taxées à hauteur de 30 %, mais ce taux devrait être réduit à 8 % pour les nouveaux investisseurs, et à 15 % pour les autres. Cette législation est, aux yeux de la diplomatie française, un signe d’ouverture de l’économie cubaine.

Les autorités locales se refusent cependant à utiliser le terme d’« ouverture ». Elles préfèrent dire qu’elles sont en train de « réactualiser » le modèle économique de l’île. Une urgence pour La Havane dont l’économie ne parvient toujours pas à décoller malgré les réformes adoptées ces dernières années.