L’Association des Maliens d’Ottawa-Gatineau optimiste qu’un vent de changement s’amène

Depuis plusieurs mois, le Mali fait face à une contestation politique majeure qui réclame la démission du président Ibrahim Boubacar Keïta.

 

Au Mali, mercredi, les rues de la capitale Bamako ont été prises d’assaut par la population après que son président, Ibrahim Boubacar Keïta, ait annoncé sa démission dans la nuit de mardi à mercredi. La diaspora malienne d’Ottawa et de Gatineau est optimiste qu’un vent de changement s’amène et surveille de près l’évolution de la situation.

Le président ayant démissionné, et le Parlement maintenant dissous, les militaires ont pris le pouvoir au Mali. Ils promettent une élection dans un délai raisonnable afin de rétablir la stabilité politique de ce pays d’Afrique.

Les Maliens reprochaient au président Keïta ses échecs dans la lutte contre l’insécurité et la corruption. Des milliers d’entre eux sont descendus dans les rues dans l’espoir d’être entendus.

Le président de l’Association des Maliens de la capitale nationale d’Ottawa-Gatineau, Kolado Sidibé, estime que les événements reflètent la volonté du peuple. Je pense qu’avec ce qui est arrivé, c’est l’occasion pour tous les Maliens de se rassembler, et de se mettre ensemble et de décider l’avenir, de tracer une nouvelle histoire du pays et je pense que c’est ça qui va se passer, dit-il.

Kolado Sidibé croit que le Mali a tiré des leçons du précédent coup d’État de 2012.

On a juste besoin de se mettre ensemble et de tracer une nouvelle orientation pour construire le pays

Kolado Sidibé, président de l’Association des Maliens de la capitale nationale d’Ottawa-Gatineau

Selon lui, le peuple malien aurait la volonté de faire bouger les choses. Dans ce cas précis, nous avons une volonté du peuple, c’est tout le peuple qui s’est levé, et tout le peuple est d’accord.

Il estime d’ailleurs que le pays a tiré des leçons du précédent coup d’État de 2012 et que l’aide de la communauté internationale est nécessaire pour s’assurer d’une transition permanente. La solution, elle est malienne, et il faut juste qu’on nous accompagne dans ce processus de reconstruction qui va être difficile, lance M. Sidibé.

Même s’ils sont maintenant au Canada, des membres de la diaspora malienne de la région subissent des impacts psychologiques de la situation sans précédent qui se déroule dans leur pays natal, admet Kolado Sidibé.

Étant malien de la diaspora, on traverse une vie de stress en suivant ce qui se passe dans notre pays et c’est quelque chose que nous déplorons dans la mesure où on voit comment le pays est géré ici, et que nous n’arrivons pas à trouver cette même façon de gouvernance dans notre pays d’origine, explique-t-il.

Un grand défi attend les Maliens

Le professeur de sciences politiques à l’Université d’Ottawa, Cédric Jourde, estime qu’un grand défi attend les Maliens au cours des prochains mois.

Si on fait des élections, par exemple, dans un an ou dans quelques mois […] si c’est la même classe politique qui va de nouveau concourir dans les élections, bien on se retrouve plus ou moins avec les mêmes hommes et quelques femmes. Donc, le système en soi risque de ne pas véritablement changer, a-t-il expliqué en entrevue à l’émission Sur le vif mercredi.

Selon lui, la démission du président n’est pas la solution à tous les problèmes de ce pays d’Afrique. [Il y a] un problème de gouvernance, de structure, de système politique qu’il va falloir changer. Je ne suis pas convaincu que la seule organisation d’élection dans quelques mois puisse vraiment changer la donne.

Des soldats célèbrent à Bamako après l’arrestation du président Ibrahim Boubacar Keïta et de son premier ministre Boubou Cissé.

Photo : afp via getty images / MALIK KONATE

Le professeur se dit pessimiste que ce coup d’État mènera véritablement à l’aboutissement d’un processus de démocratisation qui était déjà en marche avant celui de 2012.

Le Mali était, du moins au niveau formel, disons en voie de démocratisation, mais il l’était déjà aussi avant le coup d’État en 2012. Il est difficile de savoir si on s’en va davantage vers une démocratie ou pas, souligne M. Jourde.

Pour l’instant, le professeur mentionne tout de même un coup d’État qui semble être réussi, en prenant exemple sur d’autres pays africains, comme le Soudan et l’Algérie. La rue dans la capitale demandait des changements importants et certains groupes demandaient la démission du président qui avait été réélu en 2018, et a priori, ce serait peut-être à partir de cette prémisse qu’une partie des militaires a décidé de tenter ce coup d’État.

Avec les informations de Christian Milette