Ladji Bourama Air Force One revient d’une saisie aux Etats-Unis mais des zones d’ombre persistent

avion ibk

Mais où se trouvait l’avion payé par le Président IBK qui a voyagé en jet privé pendant près d’un mois ? En entretien technique ! Disait-on du côté de Koulouba. Mais curieusement, les mêmes interlocuteurs divergeaient sur le lieu où se trouvait ledit avion. Si certains parlaient des de la Suisse sans donner d’autres précisions, d’autres nous parlaient de  Genève . Mais où se trouve donc la vérité?

Depuis la disparition subite de l’avion, nous étions en train d’investiguer afin d’éclairer la lanterne de nos lecteurs. Nous avons pisté cet avion car dans l’aviation civile rien ne se perd, tout étant traçable. Et l’avion au sujet duquel nous avons enquêté est bien le Boeing 737-700 construit sous le numéro 30328, avec comme n° de ligne : 377, numéro de test registration N1787B. Il a effectué son premier vol le 7 septembre 1999. Il est donc âgé d’environ 14 ans et 9 mois. Après de multiples tours de passe-passe, il se trouve actuellement immatriculé sous le numéro P4-PRM au nom d’une société dénommée Jet Magic et qui se trouve basée à Malte. Des informations qui correspondent bien aux caractéristiques de l’avion payé par IBK avec l’argent des Maliens.


L’avion d’IBK était bien immobilisé à l’aéroport de Charleston

Justement, dans le cadre de la traçabilité, cet avion a été vu le 21 juillet dernier à Charleston, une ville de Caroline du sud aux Etats-Unis. Il y serait arrivé suite à une saisie depuis Genève où il était arrivé venant d’Accra (Ghana). Il a été vu à Charleston exactement le 21 juillet 2014 à 10h 23. Plus précisément à 06 h 23 mn heure locale.

Etonnant pour un Boeing parti en entretien à Genève  comme on le laissait entendre dans l’entourage d’IBK. Parce que le constructeur américain – Boeing- exige certes un plan d’entretien technique pour les avions sortis de ses usines, mais cela se fait dans des ateliers spécialisés et aucun d’eux ne se trouve à Charleston où l’avion a été immobilisé.

Il nous revient que l’avion était frappé d’une mesure de saisie par le fisc américain. Non pas parce que le Mali a des problèmes avec les Américains, mais une de nos sources nous apprend que c’est la société en charge de la gestion de l’avion présidentiel –JetMagic -basée à Sliema dans l’île de Malte- , qui aurait peut-être des comptes à régler avec les autorités américaines. Il convient de préciser que Jet Magic est source de questionnements et tout le monde cherche à y voir plus clair.  Pour la bonne et simple raison que c’était une compagnie aérienne irlandaise créée en 2003. Elle n’a fonctionné que pendant un an avant de disparaître.

Jet Magic exploitait une petite flotte composée de trois avions de fabrication brésilienne : deux Embraer 145 et 1 Embraer 135. Sa clientèle-cible était les voyageurs d’affaires. Elle assurait au départ la liaison Belfast, Edimbourg et London City et a dû recourir à la location d’avions pour satisfaire sa clientèle. Parce que l’Embraer 135 n’était pas encore certifié pour les opérations de l’aéroport de London City.

Se développant très rapidement, Jet Magic a cherché à étendre ses activités vers d’autres pays européens, notamment en exploitant ce qu’on appelle en termes touristiques « la ligne du soleil » par des offres incluant les destinations suivantes : Alicante, Nice, Barcelone, Milan et Rome. Des lignes qui seront par la suite exploitées par AerLingus, lorsque JetMagic a fait faillite, après seulement un an d’exploitation.

Jet Magic, une société fantôme

En effet, JetMagic a subitement cessé de fonctionner le 28 janvier 2004 après la saisie d’un de ses avions par Aer Rianta pour défaut de paiement des droits d’atterrissage. Et subitement, revoilà la compagnie Jet Magic qui jaillit des ténèbres. Cette fois-ci basée à Malte. C’est cette société nébuleuse  qui gère le Boeing censé appartenir au Mali. Il faudra d’ailleurs que les autorités maliennes prouvent que cet avion appartient réellement au Mali, puisqu’il a été immatriculé sur l’île d’Aruba dans les Petites Antilles  néerlandaises, il fait partie du Royaume des Pays-Bas . Bizarre !

Et surtout, que personne n’essaye de s’informer sur cette compagnie, Jet Magic, parce qu’elle refuse de communiquer sur son site web, sous le prétexte qu’elle transporte des chefs d’Etat et de hautes personnalités. Comme toute indication sur son existence, les informations du site web se résument à cette phrase.

Comment un Etat sérieux peut-il traiter avec une compagnie pareille ? IBK doit des explications aux Maliens et surtout, il faut que les papiers de l’avion soient brandis devant tout le monde afin de convaincre que cet avion a été bel et bien acheté et demeure une propriété du Mali. De sérieux doutes persistent car aucune raison ne pourrait justifier qu’un avion appartenant au Mali soit immatriculé dans un endroit qui rappelle les hauts faits de la mafia. En plus, elle est immatriculée par une société censée renaître de ses cendres, après une faillite causée par des dettes et des fraudes fiscales.

L’ombre de Tomi Michel

De toute façon, JetMagic rappelle une autre société du nom d’Afriq-jet et appartenant à l’ami d’IBK, le « parrain des parrains » de la mafia corse. Il s’agit de Michel Tomi. Nous en saurons davantage dans les jours à venir.

Des informations laissent aussi apparaître que le Boeing 737-700 censé appartenir au Mali  est suivi de très près depuis quelques années par les services américains de sécurité, suite à de multiples transactions aussi douteuses les unes que les autres.

C’est le cas de la société créée et enregistrée en Inde, Akira Investments, qui se serait occupé de la vente de l’avion. Akira Investments est aussi implantée à Monaco où son adresse coïncide avec le domaine que possède dans cette localité le propriétaire de cet avion, le richissime Reg Grundy. Justement, cet avion a été déclaré comme vendu par le même Reg à la société Akira investments depuis maintenant neuf bonnes années. Ce qui a expliqué le premier changement d’immatriculation avant qu’une troisième immatriculation bizarre n’intervienne, sous le numéro P4-PRM.

Il a été démontré les accointances existant entre Reg Grundy et Akira investments. En effet, depuis plusieurs années, les enquêteurs sont sur la piste de cette société indienne qui fait régulièrement un don de 200 000 dollars américains à la Fondation pour l’Entreprise en Australie. Une structure jugée très proche du Parti libéral australien dont Reg Grundy est un des grands défenseurs.

On ne peut s’empêcher, dès lors, de penser que de fausses opérations de vente de l’avion ont toujours été montées pour échapper au fisc parce la même société Akira Investments s’est distinguée dans ce genre d’opérations, notamment avec le cas de la prétendue vente du célèbre yacht « Boadicea ». En effet, en 2008, Akira investissements a déclaré être le propriétaire du super yacht « Boadicea », qui a été par la suite largement signalé  comme appartenant à Grundy, avant d’être vendu en 2009, pour prendre le nom  combien évocateur de « Reborn » (Renaissance). Un chapitre entier des mémoires de Grundy, sorti en 2010, a été d’ailleurs consacré à ce yacht «Boadicea». Le Mali doit-il traiter avec ce cercle dont les pratiques sont aux antipodes de la clarté !

De toute façon, cet avion payé par IBK est immatriculé sous le numéro P4-PRM. Une immatriculation non appropriée pour un avion de commandement du Mali. Donc pas conforme pour un avion censé appartenir à notre pays. Les avions enregistrés sur place au Mali doivent toujours porter l’indication internationale TZ qui accompagne un chiffre. De même, le code IATA attribué au Mali est 73W. Il n’y a pas un secteur aussi bien réglementé que celui de l’aéronautique internationale. Ce qui permet toujours la traçabilité d’un avion.

Une autre source nous indique que c’est plutôt NetJets International, la société américaine qui a vendu l’appareil, le 30 juin 200 à Akira Investments Pvt Ltd qui aurait des problèmes avec le fisc de l’Etat de Caroline du Sud. En effet cette dernière est bel et bien basée dans une  petite localité nommée Okatie, en Caroline du Sud. En tout état de cause, ça sent la magouille a mille lieues. On soupçonne Red Grundy de l’avoir créée  pour les besoin de la cause.

Un avion objet de transactions douteuses

En réalité, le Boeing payé par IBK est enregistré à Aruba, une île des Caraïbes dans les Petites Antilles. Elle est située au large des côtes du Venezuela. Une île faisant partie du Royaume des Pays-Bas. Selon les dispositions légales en vigueur dans cette localité,  ni IBK ni le gouvernement du Mali ne peuvent immatriculer un avion sur cette île. Il faut être ressortissant du Commonwealth ou créer une société (même off-shore) sur cette île, pour pouvoir y faire enregistrer un avion. On voit mal le Mali créer une société off-shore à Aruba pour mériter d’y immatriculer son avion. Soyons sérieux !

L’immatriculation P4-PRM ne peut donc avoir lieu que sous le couvert de la société Jet Magic chargée de la gestion de cet appareil. Cette société, rappelons-le, est basée à Malte. Comment a-t-elle pu enregistrer un avion à Aruba. Mystère et boule de gomme ! Mais c’est encore une zone d’ombre qui entoure l’acquisition de cet avion Ladji Bourama Air Force One. Ce qui pose d’ailleurs le problème de l’appartenance réelle de l’avion à la République du Mali. Ce n’est pas sans rappeler les fanfaronnades de Moussa Mara devant les députés, lorsqu’il osait affirmait, péremptoire, que l’avion laissé par ATT n’appartient pas au Mali. Le ridicule ne tue point dans ce pays.

Il nous revient de source résidant sur place aux Etats-Unis d’Amérique, que cet avion, source de contentieux, était pisté par les limiers américains. Il a fait l’objet de transactions aussi douteuses les unes que les autres ces dernières années. Ce que confirment des informations tirées de différentes sources de traçabilité des avions.

En effet, censé être vendu par le propriétaire australien à une société indienne depuis 2002, cet avion a été vu l’année dernière avec le même propriétaire, portant les initiales RJ. R pour  le propriétaire, Reg Grundig, et J Joy pour son épouse. Une photo de l’avion a été prise l’année dernière avec ces initiales. Bizarre non ! (voir photo ).

En effet, la traçabilité de l’immatriculation donne : du 19/12/2000 au 26/11/2001 sous le n° N128QS au nom d’une compagnie dénommée American Jet Executive. Du 26/11/2001 au 01/05/2014 sous le numéro N164RJ au nom toujours de cette société américaine. Malgré toutes ces transactions déclarées, l’avion est resté toujours la propriété de Reg Grundy qui l’a utilisé l’année dernière pendant une période électorale en Australie

L’immatriculation P4-PRM n’est intervenue qu’à partir du 01/05/2014 au nom de Jet Magic. Il n’est nullement question d’une immatriculation malienne. Il est clair que des problèmes entourent cet avion.

C’est dire qu’un Etat comme le Mali ne devrait pas se laisser entrainer dans pareils circuits maffieux et en plus acheter un avion qui pose autant de troubles. Voilà autant de zones d’ombre qui viennent assombrir davantage l’environnement de l’achat de ce Boeing 737-700, donnant largement raison au Fmi et à la Banque mondiale. Lesquels ne sont pas les moins renseignés du monde pour qu’on leur présente des torchons à la place des serviettes, dans un baroud d’honneur pour tenter de donner un brin de bien-fondé ou de transparence à l’opération d’achat de ce Boeing 737-700.

IBK très embarrassé par cette histoire d’avion

Une délégation d’une équipe restreinte a même été dépêchée aux Etats-Unis d’Amérique pour tenter d’intercéder auprès des autorités américaines pour débloquer la situation du Boeing Ladji Air Force One qui était immobilisé à l’aéroport de Charleston, en Caroline du Sud aux Etats-Unis d’Amérique.

Pendant tout le temps que l’on mentait au peule en lui disant que l’avion était en maintenance, le Boeing était bien en place en Caroline du Sud. C’était pour gagner du temps et s’activer comme de beaux diables pour récupérer Ladji Air Force One. Ce qui fut fait non sans saigner davantage le Trésor public qui s’est délesté de plus d’un milliard de nos francs. Un milliard qui vient s’ajouter aux 20 milliards déjà déclarés payés et jusqu’à présent contestés. A vrai dire, cette histoire d’avion commence à coûter trop cher au contribuable malien qui ne sait même plus à qui se fier dans l’entourage du Président IBK, tellement il a été distillé des contrevérités au sujet de cet aéronef.

Selon toujours nos sources, IBK serait très embarrassé par cette histoire d’achat d’avion devenue finalement pour lui un véritable casse-tête chinois. Une affaire dans laquelle il a été embarqué par certains de ses proches et pour laquelle il serait aussi très remonté contre son ami, Tomi Michel. Quant à ce ministre très proche de lui et qu’on dit avoir empoché des milliards dans la transaction, il se cherche craignant d’être rattrapé par sa boulimie.

Il y a de quoi être embarrassé par cette affaire. Surtout au moment où des sources proches du président de la République confient que cet avion aurait coûté au plus huit milliards FCFA. D’autres parlent même de 6 milliards FCFA. Mais qu’a-t-on fait de la différence par rapport au prix déclaré (20 milliards FCFA) ? Elle aurait servi à régler autre chose. : payer des rétro-commissions comme l’a reconnu Moussa Mara devant les députés lors de sa déclaration de politique générale

Il nous revient que ceux qui se sont occupé de l’achat de l’avion ont même retourné une partie de l’argent et ont dit à IBK qu’ils ont fait une bonne affaire  parce qu’ils ont pu avoir un  hélicoptère en sus. Hélico dont a parlé ‘Le Sphinx »  dans ses précédentes parutions et qui se trouve actuellement à Saly Portudal près de Mbour, sur la petite côte du Sénégal.. La livraison a tardé parce que le scandale que causera l’arrivée de cet hélicoptère, ne pourra jamais s’ajouter au tollé suscité par l’achat de Ladji Bourama Air Force One, sans conséquence fâcheuse pour le régime.

Voilà autant de raisons qui fondent la réaction des partenaires techniques et financiers pour exiger des explications en ce qui concerne cette rocambolesque histoire de l’avion d’IBK et aussi concernant le marché par entente directe de plus de 70 milliards FCFA donné sur un plateau d’or à Sidi Mohamed Kagnassi. Ils n’ont pas tort car le Mali ne peut prétendre à une aide budgétaire et en même temps se permettre de telles dépenses somptueuses et inutiles, voire aberrantes .Aberrantes quand on sait que l’armée malienne n’a pas un seul hélicoptère.

A.D.
journallesphynxmali.com 2014-08-10 21:57:03