L’ADEMA CONTINUE DE SE VIDER

Après les départs de Iba N’diaye, de Ag Oumarou et de Mamadou Satigui Diakité, c’est au tour du secrétaire politique de la jeunesse Adema de claquer la porte pour l’URD
La Ruche se vide de ses ouvriers, serait-on tenté d’affirmer. Après le départ du président par intérim du Comité Exécutif M. Ibrahima N’Diaye dit Iba à l’URD, d’Oumarou Ag Ibrahim Haidara au RPM, le fameux président de la Commission des bons offices qui choisit à la surprise générale le jeune candidat Dramane Dembélé au détriment des vieux barons du parti, qui lui vaut certainement aujourd’hui la présidence de l’Autorité de protection des données à caractère personnel et de Mamadou Satigui Diakité qui claqua la porte de l’Adema à Yanfolila pour le RPM afin d’occuper la présidence du Haut Conseil des Collectivités, c’est au tour du bouillant secrétaire politique du Bureau National de la Jeunesse ADEMA, M. Youssouf Sissoko, de jeter l’éponge pour le parti de la poignée de mains, l’URD. Est-il parti pour y rejoindre Iba N’diaye qu’on dit être son mentor ? Celui sur lequel le président de l’Adema, Tiémoko Sangaré fondait de réels espoirs pour redonner l’initiative à la jeunesse Adema, après sa brillante élection au 3ème secrétariat général du bureau exécutif national de la jeunesse URD à la faveur de son 2ème congrès ordinaire tenu le 27 mars dernier, a accepté de répondre à nos questions.
InfoSept: M. Sissoko bonjour. Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Youssouf Sissoko : Je me nomme Youssouf Sissoko, né à logo Kérouané dans le cercle de Kayes. J’ai fait mes études primaires à l’école fondamentale de Sogoniko et obtenu mon baccalauréat au lycée Cheick Anta Diop en série Langue et Littérature terminale avant d’entrer à la FLASH. Après la licence, j’ai fait le concours d’entrée à l’Ecole normale Supérieure où j’ai obtenu ma maîtrise en lettres. Sur le plan politique, je fus secrétaire général de la sous section ADEMA de Magnambougou, secrétaire au développement de la section VI du district de Bamako et secrétaire général Adjoint du Bureau National de la jeunesse ADEMA sous la présidence de Fakoroba Coulibaly et réélu en 2010 au BNJ comme secrétaire politique jusqu’à ma démission ce 24 Mars 2016.
InfoSept : M. Sissoko, après tant d’années passées à l’ADEMA ? Quelles peuvent être les raisons de votre départ de ce parti ?
Youssouf Sissoko : Comme vous le savez, on dit qu’une séparation même souhaitée laisse toujours des souvenirs inoubliables. Je reconnais que c’est à l’ADEMA que j’ai fait mes premiers pas en politique et que ce parti m’a tout donné, mais à un moment donné de la vie il faut savoir choisir, surtout que la direction prise par ce parti ne correspond plus à mon idéal de combat et à ma conviction politique. J’ai décidé alors de quitter l’ADEMA parce que ce parti, de mon point de vue, à renoncer à conquérir et à exercer le pouvoir. Cela se voit dans ses prises de position et ses orientations politiques. Je pars parce que pour moi, la place de l’ADEMA est plus dans l’Opposition. Les élections de 2013 qui ont vu l’éclatante victoire du candidat Ibrahim Boubacar Keita ont été aussi un désaveu cinglant vis-à-vis des partis politiques du FDR en général et de ceux qui ont soutenu ATT en particulier. L’ADEMA-PASJ a payé un prix fort après le coup d’Etat du 22 mars 2012 et le jugement de l’opinion nationale a été on ne peut plus clair : « C’est l’ADEMA qui a mis le pays à genoux, c’est l’ADEMA qui a détruit l’école et l’armée malienne » pouvait-on entendre. Au lieu de tirer les leçons de ce passé et de faire son auto critique, certains ont brandi l’International socialiste pour se rapprocher d’IBK et de son pouvoir. Aujourd’hui comme sous ATT, l’ADEMA continue de suivre sans condition et avec humiliation un régime à la gestion duquel il n’est ni associé encore moins consulter sur les grandes questions de la nation. Certains caciques du RPM notamment certains députés qualifient même l’ADEMA d’opposition latérale. Et le hic dans tout cela est qu’on n’a jamais consulté le CE pour la composition du gouvernement. Les ministres qui répondent du parti n’ont été pris que sur la base de leurs affinités personnelles avec le cercle restreint du pouvoir. Et demain le bilan sera celui de l’ADEMA. Comme avec ATT, le parti va encore prendre un coup sérieux, le discréditant totalement. Pour ne pas être comptable de ce second bilan qui est mi mandat catastrophique, j’ai décidé de rendre le tablier à temps.
InfoSept: Pourquoi le choix de l’URD et non le RPM ?
Youssouf Sissoko : je n’ai pas quitté l’ADEMA-PASJ par calculs politiques ni pour des strapontins, aussi n’ai-je pas atterri au RPM. Mon choix de l’URD s’explique par la vision de ce parti, son projet de société et la qualité de ses hommes et de ses femmes qui l’animent. En 2013, le candidat Soumaila Cissé avait le meilleur programme, mais malheureusement les considérations partisanes, l’influence de la junte militaire et celle des autorités religieuses avaient pris le dessus sur la raison. La crise du Mali est plus liée à un problème de développement qu’à toute autre chose qui pourrait pousser certaines communautés à s’affranchir de la tutelle de l’Etat central. Pour une sortie de crise, il m’a semblé que seule l’Opposition proposait une alternative crédible à la gouvernance actuelle.
InfoSept : Par devoir de vérité envers nos lecteurs, nous devons leur dire que vous êtes l’analyste politique de la Rédaction et animateur de la Rubrique « Actualités politiques du Mali ». Pouvez-vous rassurer nos lecteurs que vos analyses resteront objectives comme elles l’ont toujours été ?
Youssouf Sissoko : Bien sur que oui. J’ai toujours écrit pas en tant que militant, mais en tant qu’analyste de la situation politique. Je partage entièrement la ligne éditoriale tracée par la Rédaction qui fait d’InfoSept un journal citoyen, qui n’est ni affilié au pouvoir, ni à l’Opposition. Mais toujours à côté du Peuple et de la bienpensance. Nos lecteurs doivent se rassurer que mes analyses porteront au tant sur l’Opposition que sur la majorité en fonction du bien ou du mal que fera l’une ou l’autre et que l’actualité nous commandera de commenter. L’autre assurance est que notre Rédaction est une mosaïque de journalistes où tous les courants de pensées politiques se retrouvent
InfoSept : Quel est votre mot de la fin ?
Youssouf Sissoko : je ne voudrais pas insulter l’avenir et remercie toutes celles et tous ceux qui m’ont accompagné durant ces longues années de combat politique à l’ADEMA. Ils sont au sein du Bureau National de la jeunesse ADEMA, mais aussi surtout au sein du Comité Exécutif. Je ne saurais terminer sans lancer un vibrant appel à la jeunesse malienne pour qu’elle prenne en main son destin en refusant de céder à la fatalité. Oui, nous pouvons changer le Mali par un vote citoyen, conscient et engagé. Pour cela les élections de 2018 doivent être celles de la Jeunesse et elle devra savoir faire un choix judicieux pour l’honneur et le bonheur des maliens.
Propos recueillis par Dieudonné Tembely
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