La mise en garde de Poutine à Biden contre l’installation de bases militaires US en Asie centrale

Alors que les États-Unis préparaient leur retrait d’Afghanistan, Vladimir Poutine a indiqué à Joe Biden, lors du sommet bilatéral du 16 juin 2021 à Genève, que la Russie était « résolument opposée » à l’installation de bases militaires américaines dans les pays d’Asie centrale voisins, a révélé le chef de la diplomatie russe.

Dès le mois de juin, le Président russe a mis en garde son homologue américain contre les tentatives de créer des bases militaires dans les pays d’Asie centrale dans le contexte des développements en Afghanistan, a déclaré Sergueï Lavrov à la chaîne de télévision Rossiya 24.

« Le Président [russe, ndlr] l’a annoncé à Joe Biden en juin, lors de leur rencontre à Genève, parce que le sujet avait fait surface et qu’il était possible de prévoir ce qui allait se passer.

Poutine a déclaré à Biden: +Nous sommes résolument opposés à vos tentatives – dont nous avons entendu parler – de vous arranger avec les pays d’Asie centrale pour déployer sur leur territoire des infrastructures militaires en vue de porter si nécessaire des frappes dites au-delà de l’horizon contre l’Afghanistan+ », a indiqué Sergueï Lavrov.

Il a fait remarquer que les États-Unis avaient fait de telles propositions non seulement aux voisins de l’Afghanistan, mais également à d’autres pays.

« De telles propositions ont été adressées aux Pakistanais, qui ont refusé. L’Ouzbékistan a publiquement déclaré que sa Constitution ne prévoyait pas d’activité de déploiement de bases militaires sur son territoire, les Kirghizes ont eux aussi annoncé par la voix de leur Président qu’ils n’en voulaient pas », a rappelé le ministre russe.

Le jour même du sommet, le journal russe Kommersant a indiqué que Vladimir Poutine avait proposé à Joe Biden une éventuelle coordination des actions des deux pays sur l’axe afghan avec la possibilité pour les Américains d’avoir recours aux bases militaires russes au Tadjikistan et au Kirghizstan.

Toujours selon le média, il aurait pu être question d’un échange d’informations, y compris obtenues à l’aide de drones présents dans les deux bases russes.

« Si les Américains ne voulaient que suivre la situation en Afghanistan, ils auraient accepté cette offre généreuse. Mais ils n’ont pas donné pour le moment de réponse claire et nette, ce qui fait penser qu’ils pourraient avoir d’autres objectifs », avait constaté une source de Kommersant.

Le Kremlin a déclaré deux jours après le sommet qu’il ne pouvait « ni confirmer, ni infirmer » l’information. Toutefois, son porte-parole, Dmitri Peskov, a soutenu que les Présidents russe et américain avaient évoqué lors de leur sommet la situation en Afghanistan dans le contexte du retrait du contingent américain et de l’instabilité croissante dans le pays.

Retrait US d’Ouzbékistan et du Tadjikistan
Les autorités russes avaient pour leur part averti dès la mi-mai les pays de la région que les États-Unis ne s’intéressaient pas vraiment à la situation en Afghanistan, mais cherchaient plutôt à faire de l’Asie centrale une tête de pont pour la dissuasion de la Russie, de la Chine et de l’Iran.

Les projets américains de bases militaires au Tadjikistan et en Ouzbékistan avaient été révélés par le Wall Street Journal le même mois.

Les responsables militaires américains recherchent des options pour baser des effectifs et du matériel en Asie centrale et au Moyen-Orient après le retrait des troupes d’Afghanistan, affirmait le média.

Dans cette optique, c’est l’Ouzbékistan et le Tadjikistan, deux pays bordant l’Afghanistan et permettant un accès rapide à celui-ci, qui étaient de loin préférables à tous les autres.

Les États-Unis avaient disposé de deux bases militaires en Asie centrale, en Ouzbékistan et au Kirghizstan, qui ont servi à lancer des opérations en Afghanistan.

Ils ont dû quitter l’Ouzbékistan en 2005 après que le pays leur a retiré le droit d’utiliser sa base aérienne.

Dix ans plus tard, c’est le Kirghizstan qui a rompu un accord bilatéral, déclarant « indésirables » les soldats américains dans le pays.

Youlia Zvantsova

Source: Sputnik France