La chrétienne soudanaise accusée d’apostasie accueillie en Italie

Et après plus d’un mois passé réfugiée avec sa famille à l’ambassade des Etats-Unis à Khartoum, elle a posé le pied sur le sol italien, ce jeudi 24 juillet.

L’avion s’est posé sur le tarmac de l’aéroport militaire de Roma-Ciampino, en Italie, peu après 9h30 ce jeudi, mettant fin à une longue angoisse pour Meriam Yahia Ibrahim Ishag. Cette Soudanaise peut désormais savourer avec sa famille sa liberté retrouvée après plusieurs mois d’inquiétude. L’accueil par le Premier ministre italien Matteo Renzi a été chaleureux.

La jeune femme a été, ces derniers mois, au centre d’un feuilleton judiciaire mêlant querelles familiales, religion et diplomatie internationale. En effet, Meriam Yahia Ibrahim Ishag avait été condamnée à mort par pendaison pour apostasie au Soudan. Née d’un père musulman – qui l’a abandonnée à l’âge de cinq ans – et d’une mère chrétienne, Meriam Ishag s’était convertie au catholicisme juste avant d’épouser son mari chrétien fin 2011.

C’est en vertu d’une loi islamique qui interdit les conversions et après une plainte déposée par de soi-disant membres de sa famille qu’elle avait été condamnée à la peine capitale ainsi qu’à 100 coups de fouet pour adultère, la justice ne reconnaissant pas son mariage. Le verdict avait créé l’émotion autour de la planète. Émotion d’autant plus forte que, douze jours plus tard, elle avait accouché d’une petite fille dans la prison pour femme d’Omdurman. Une pétition en ligne réclamant sa libération avait rassemblé environ un million de signatures.

Arrêtée une nouvelle fois à l’aéroport

Au terme du tollé médiatique, la cour d’appel de Khartoum l’avait finalement jugée non coupable et l’avait libérée. Une libération qui n’a pas pour autant été synonyme de liberté pour la jeune femme et sa famille puisque le lendemain de sa sortie de prison, elle était de nouveau arrêtée à l’aéroport. « Alors que Meriam et son mari espéraient quitter le Soudan, ils ont été arrêtés par des membres des forces de sécurité nationale dans l’aéroport », expliquaient alors ses avocats, ajoutant que la famille n’avait pas été autorisée à voyager.

Elle avait finalement été une nouvelle fois remise en liberté deux jours plus tard sous le contrôle d’un garant après une inculpation pour « usage de faux », Khartoum l’accusant d’avoir présenté un document étranger pour quitter le pays, ce qui est considéré comme « illégal ».

Depuis, Meriam Yahia Ibrahim Ishag, son mari et ses deux enfants étaient donc réfugiés à l’ambassade américaine de Khartoum, où ils attendaient de pouvoir quitter le pays. C’est désormais chose faite avec cette première étape en Italie, avant peut-être les Etats-Unis dont M. Ishag a la nationalité.

RFI