Journée de l’industrialisation de l’Afrique Les industriels maliens attendent une reforme audacieuse

Le Mali, à l’instar des autres de pays de l’Afrique, a célébré du 19 au 20 novembre 2016 au parc des expositions, la journée de l’industrialisation de l’Afrique. L’événement était organisé par l’Organisation Patronale des industriels (OPI) en collaboration avec le ministère du développement industriel. C’était sous le parrainage du Président de la République, représenté par le Premier ministre Modibo Keita.
Plusieurs unités industrielles ont pris part à cette journée dont l’objectif recherché est d’inciter les pays africains à s’engager dans le processus industriel et à susciter une prise de conscience au niveau national et international en faveur du développement industriel de l’Afrique. Après avoir souhaité la bienvenue aux participants, le maire de la commune V, Boubacar Bah a remercié les organisateurs pour la tenue de cette journée dans sa commune. Il a déclaré que c’est une initiative salutaire. Il a attiré l’attention des autorités sur la nécessité d’industrialiser le secteur de l’orpaillage au Mali. Aux dires du maire, plus de 300.000 jeunes évoluent dans ce secteur informel. Par ailleurs, il a apprécié le livre blanc de l’Organisation Patronale des Industrielles. A l’en croire, ce document va permettre au Mali de sortir dans l’amateurisme industrielle. Avant d’ajouter que l’industrie est un secteur très jeune qui souffre de nombreux obstacles et qui a besoin d’être soutenu. Le Président de l’organisation Patronale des Industriels (OPI), Cyril Achcar a expliqué que le livre blanc de l’industrie est un recueil synthétique de la situation industriel du pays. Selon lui, le livre blanc de l’industrie c’est 24 mesures de relance nourries par les difficultés rencontrées à l’occasion de 40 ans de pratique de la transformation industrielle d’investisseurs nationaux et internationaux regroupés au sein de l’OPI depuis le 7 juillet 1975. Il dira que ces 24 mesures sont une réponse intuitive aux maux de l’industrie à savoir : la mauvaise application des textes communautaires et nationaux, la banalisation de l’industrie dans le fonctionnement quotidien de l’administration, le déficit de la culture industriel, le manque d’audace dans les réformes antérieures, ainsi que l’arbitrage budgétaire défavorable à l’Industrie 0,03% quand l’Agriculture est à 15%. A en croire le président de l’OPI, les objectifs visés par le livre blanc sous 3 ans est un PIB de la manufacture à 11% minimum, la création de 200.000 emplois durables, l’équilibre de la balance commerciale, l’augmentation de la croissance au dessus de 7% pour stopper la pauvreté, le doublement du nombre d’unités industriels, l’arrêt des exonérations de produits finis industriels importés concurrençant la production nationale, l’encadrement de la commande publique vers les productions nationales compétitives et la mis en œuvre des clauses de sauvegarde de l’UEMOA et de la CEDEAO. Il indiquera que les entreprises industrielles attendent les premières reformes audacieuses du quinquennat. « On ne peut pas prétendre à l’émergence sur la base de l’agriculture simplement ou des services du commerce uniquement. Pour que le décollage économique du pays puisse se réaliser, certaines réformes industrielles doivent se faire : En premier lieu, il faut inciter les opérateurs économiques à investir dans l’industrie, il faut créer les conditions incitatives de rentrer dans ce secteur. Il faut rétablir sa rentabilité par rapport au commerce ou à l’immobilier », a-t-il précisé. Pour lui, une TVA à 5% pour le « made in Mali » sera le signal le plus fort de cette nouvelle politique audacieuse qui réformera le Mali consommateur de biens importés en un pays puissant orienté vers ses propres productions. L’importation de biens manufacturés étrangers c’est la création d’emplois chez nos voisins or nous devons penser à notre développement d’abord. Notre slogan n’est il pas le Mali d’abord ? Nous souhaiterions qu’il devienne “ l’Industrie d’abord“… Deuxièmement, il faudra appliquer courageusement les clauses de sauvegarde des accords de libre échange UEMOA et CEDEAO pour permettre pendant une période de protéger le secteur industriel national ». Parlant de l’industrialisation, le ministre du développement industriel, Mohamed Aly Ag Ibrahim dira que la création récente d’un département exclusivement dédié au développement industrielle est une haute illustration éloquente de l’engagement des plus hautes autorités pour ce secteur. Pour le ministre, au de-là de la symbolique cette journée internationale d’industrialisation de l’Afrique, le Mali voudrait en faire un moment solennel d’écoute de ses industriels. Plus loin, il a fait savoir qu’il n’est pas possible et qu’il ne sera jamais possible de développement durable sans l’industrialisation. Enfin, dans son intervention, le Premier ministre Modibo Keita a souligné que l’industrialisation du Mali est très important pour le gouvernement et que c’est pour cette raison que des reformes ont été faites.
Ousmane Baba Dramé