JOURNEE DE L’INDUSTRIALISATION DE L’AFRIQUE Les défis et les perspectives au coeur de l’événement

Le Mali, à l’instar des autres pays d’Afrique, a célébré, hier au Parc des expositions, la Journée de l’industrialisation de l’Afrique, proclamée le 20 novembre 1989 par la 44èmeSession de l’Assemblée Générale des Nations Unies. La cérémonie de lancement des activités était présidée par le Premier ministre, Soumeylou Boubeye Maïga.

La Journée de l’industrialisation de l’Afrique organisé chaque année par notre pays est placée cette année sous le thème national : « Made in Mali ». Elle a pour objectif d’intégrer la problématique du développement industriel dans les priorités des politiques et stratégies nationales de développement socio-économique des pays africains.
En plus d’inciter les pays africains à s’engager davantage dans le processus de développement industriel ; de susciter une prise de conscience au niveau mondial, nécessaire à la mobilisation de l’appui international en faveur du développement industriel de l’Afrique ; d’amener la communauté internationale à œuvrer résolument en faveur de l’industrialisation de l’Afrique. Pour joindre l’utile à l’agréable, le ministère de l’industrie et des Investissement en collaboration avec l’organisation patronale des industriels (OPI) organise un salon de l’industrie du 29 novembre au 2 décembre 2018. Ce salon regroupe des centaines d’exposants industriels au Parc des expositions, sur la route de l’Aéroport.
Le ministre de l’industrie et des Investissement, Moulaye Ahamed Haïdara, a saisi l’occasion pour faire le point de la situation actuelle de l’industrialisation dans notre pays. Selon lui le secteur industriel reste caractérisé par sa faible densité. « Le recensement industriel réalisé en 2015 dénombre 829 entreprises industrielles dont 765 en activité. 52,69% de ces entreprises sont installées dans le district de Bamako ». S’agissant de l’employabilités des entreprises industrielles, l’on a déchiffré plus de 30 438 personnes, en 2015, contre 13 127 personnes en 2002, soit une évolution de près du tiers, a informé le ministre Haïdara. Et d’ajouter que la contribution du secteur secondaire à la croissance du PIB, selon les statistiques fournies par l’instar, est passée de 0,4 % en 2013 à 1,2 % en 2017.
Selon le chef du département en charge des industries, en dépit de la volonté politique de l’État et des réformes engagées par les gouvernements successifs pour soutenir le développement industriel, force est de constater que le secteur industriel demeure handicapé depuis plusieurs décennies par des difficultés. Il s’agit entre autres de l’insuffisance d’infrastructures de base, le coût élevé des facteurs de production dont l’énergie, la faible articulation entre l’industrie, la recherche et les autres secteurs de l’économie sans oublier l’inadéquation entre la formation et l’emploi et les difficultés d’accès au financement. Pour faire face à ces insuffisances, il a dit compter sur la célébration de cette Journée pour instaurer un dialogue productif entre l’administration, les industriels, la société civile, les Partenaires Techniques et Financiers en vue de procéder à un diagnostic approfondi sur le secteur, d’analyser les enjeux et les défis du développement industriel du continent en général et du Mali en particulier, afin d’opérer les ajustements nécessaires. « Pour accélérer le développement économique du pays et contribuer efficacement à la réduction de la pauvreté, nous devons relever le défi de l’industrialisation pour tirer le meilleur profit de la transformation de nos matières premières notamment agricoles, sur place, mais aussi pour retenir et offrir des opportunités à la population majoritairement jeune, dont une partie est victime du drame de l’immigration clandestine et périt chaque jour dans les eaux de la Méditerranée », a déclaré le ministre Haïdara.
Le président de l’OPI, Cyril Achcar, a profité de cette tribune pour faire le point de traitement du livre blanc de l’industrie, lequel a été adopté par le gouvernement en 2014, un recueil de la situation industrielle de notre pays. Aujourd’hui, selon Achcar, les industries au Mali génère 5,9% du PIB contre 11% pour la moyenne de l’Uémoa, 15% pour le Sénégal, 19% pour la Côte d’Ivoire voire 24% pour le Maroc. Il a également évoqué la mise en œuvre timide des politiques industrielles. S’agissant des acquis, on peut noter l’adoption du décret portant sur les mesures d’orientation de la commande publiques vers les PMI et la production nationales de l’ordre de 700 milliards de F CFA, la création de l’observatoire nationales de l’industrie, la déduction de la TAF sur les investissements productifs, la mise prochaine de la TVA industrielle ainsi que la création dun comité Douane-CNPM, etc. Malgré ses avancées, le président de lOPI a exhorté le gouvernement à accélérer les reformes pour permettre au secteur de l’industrie de jouer pleinement son rôle de moteur de la croissance pour l’atteinte des objectifs dun PIB de la manufacture de 11% moyenne de la Cédéao et 20% pour passer de pays en voie de développement à pays développé. Pour ce faire, il a sollicité de l’amélioration de la fourniture électrique, la mise en œuvre dun fonds souverain d’investissement industriel, etc.
La cérémonie a pris fin par la coupure du ruban symbolique du salon de l’industrie « Made in Mali « , qui regroupe des centaines d’industriels maliens. Pour le chef du gouvernement, cette journée contribue à favoriser la compétitivité régionale des industriels maliens. Au mois de décembre, il a informé de la tenue des concertations pour examiner l’ensemble des reformes pour soutenir le secteur industriel qui regorge d’énormes potentialités.
Ousmane Daou