Istanbul se prépare pour une nouvelle ronde de pourparlers russo-ukrainiens

Une nouvelle ronde de pourparlers visant à mettre fin au conflit qui dévaste l’Ukraine depuis plus d’un mois devrait se mettre en branle mardi à Istanbul, en Turquie. Il s’agira d’une première rencontre en personne entre les négociateurs des deux pays depuis deux semaines.

L’avion transportant la délégation russe a d’ailleurs atterri lundi soir à Istanbul, a rapporté l’agence de presse turque DHA.

Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba, a déclaré qu’un cessez-le-feu était le maximum que son pays pouvait espérer des pourparlers.

« Nous n’échangeons ni personnes, ni terres, ni souveraineté. »

— Une citation de  Dmytro Kouleba, ministre ukrainien des Affaires étrangères

Moscou ne demanderait plus que l’Ukraine soit dénazifiée et serait prêt à laisser Kiev rejoindre l’Union européenne si elle restait militairement non alignée, selon quatre personnes proches des négociateurs citées par le Financial Times.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a tempéré les attentes à l’égard de ces négociations en matinée, en rappelant qu’elles avaient donné peu de résultats jusqu’ici.

Pour l’instant, nous ne pouvons pas constater de progrès ni d’avancées significatives quelconques, a-t-il commenté, en précisant qu’il n’y avait pas d’avancées non plus dans l’organisation d’une éventuelle rencontre entre les présidents russe et ukrainien, Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky.

Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a d’ailleurs estimé qu’une rencontre entre les deux hommes serait pour l’heure contre-productive.

Il l’a subordonnée à l’adoption des exigences de Moscou dans les négociations : protection des populations du Donbass, démilitarisation et dénazification de l’Ukraine.

Un des points importants des négociations porte sur les garanties de sécurité et la neutralité, le statut dénucléarisé de notre État, a pour sa part déclaré dimanche le président Zelensky à des médias russes.

Ce point est étudié en profondeur, mais il nécessitera un référendum et des garanties de sécurité, a-t-il prévenu, accusant le président russe Vladimir Poutine et son entourage de faire traîner les choses.

Une séance de négociations avait déjà eu lieu le 10 mars à Antalya, en Turquie, entre des ministres des Affaires étrangères, mais n’avait débouché sur aucune avancée concrète.

Depuis lors, les discussions, jugées difficiles par les deux camps, se sont poursuivies par visioconférence.

Un oligarque russe et des négociateurs ukrainiens empoisonnés?

Un responsable américain cité par Reuters a démenti les informations selon lesquelles l’oligarque russe Roman Abramovitch et deux négociateurs ukrainiens avaient souffert de symptômes compatibles avec un empoisonnement, comme l’a annoncé en matinée le Wall Street Journal.

Selon le quotidien américain, qui cite des personnes au courant de cette situation, le milliardaire propriétaire du club de soccer anglais Chelsea et les négociateurs ukrainiens, dont le député Roustem Oumerov, ont développé des symptômes après une réunion à Kiev en mars.

Les trois hommes auraient souffert de rougeurs et d’irritations aux yeux ainsi que de problèmes de peau au visage et aux mains.

D’après le responsable américain consulté par Reuters, les informations dont disposent les services de renseignement donnent plutôt à penser que les maux dont ils ont souffert sont en fait dus à des facteurs liés à leur environnement et pas à un empoisonnement.

Roustem Oumerov, député tatar de Crimée, a également invité à se méfier des informations non vérifiées, tandis que le négociateur ukrainien Mikhaïlo Podolyak, conseiller du président Zelensky, a jugé que beaucoup de spéculations et diverses théories complotistes circulent.

Le journal confirme en tout cas que l’oligarque russe, considéré comme proche de Vladimir Poutine et déjà visé par des sanctions de l’Union européenne et du Royaume-Uni dans la foulée de l’invasion russe de l’Ukraine, a commencé à faire la navette entre Moscou et l’Ukraine dans le cadre d’une médiation pour mettre fin au conflit.

Le président ukrainien Zelensky avait également confirmé dimanche que plusieurs hommes d’affaires russes, dont M. Abramovitch, avaient proposé leur aide à l’Ukraine.

Le Wall Street Journal avait révélé dès la semaine dernière que le président ukrainien avait demandé à son homologue américain Joe Biden de ne pas sanctionner Roman Abramovitch, arguant qu’il pourrait jouer un rôle dans les négociations de paix entre l’Ukraine et la Russie.

Et de fait, le milliardaire ne figure pas à ce stade sur la liste des oligarques sanctionnés par Washington, pourtant rallongée à plusieurs reprises et encore jeudi dernier.

L’ONU veut un cessez-le-feu humanitaire

L’ONU va pour sa part chercher à mettre en place un cessez-le-feu humanitaire entre la Russie et l’Ukraine et compte dépêcher à Moscou et à Kiev son secrétaire général adjoint chargé de l’humanitaire, a annoncé lundi le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres.

Lors d’une déclaration à la presse au siège de l’ONU à New York, M. Guterres a déclaré avoir demandé à Martin Griffiths [secrétaire général adjoint pour les Affaires humanitaires, NDLR] d’étudier immédiatement avec les parties impliquées la possibilité d’accords et d’arrangements pour un cessez-le-feu humanitaire en Ukraine.

Interrogé par des journalistes sur les modalités pratiques de la tâche confiée à M. Griffiths, M. Guterres a précisé que son adjoint allait revenir de Kaboul où il se trouve présentement et a dit espérer qu’il puisse se rendre à la fois à Moscou et à Kiev aussi vite que possible.

« Depuis le début de l’invasion russe, il y a un mois, la guerre a conduit à la perte insensée de milliers de vies, au déplacement de 10 millions de personnes, des femmes et des enfants pour l’essentiel, et à la destruction systématique d’infrastructures essentielles. […] Cela doit cesser.  »

— Une citation de  Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU

Jeudi dernier, l’Assemblée générale de l’ONU avait adopté à une écrasante majorité de 140 voix une nouvelle résolution historique, mais non contraignante, qui exige de la Russie l’arrêt immédiat de son agression contre l’Ukraine.

Avec les informations de Agence France-Presse, Reuters et Financial Times

Radio-Canada

13 h 17 | Mis à jour à 16 h 56