Israël dit étendre ses opérations à Gaza, Ban Ki-moon attendu dans la région

Sur le terrain, au moins 20 Palestiniens ont péri samedi à Gaza, portant à 316 morts le nombre de morts depuis le début des bombardements le 8 juillet, une opération doublée d’un opération terrestre de l’armée israélienne depuis jeudi. Selon le Centre palestinien pour les droits de l’Homme, basé à Gaza, les civils représentent plus de 80% des victimes de l’offensive israélienne censée faire cesser les tirs de roquettes du Hamas, qui contrôle l’enclave.
Aux premières heures de la journée, une frappe a notamment tué sept personnes, dont une femme, à la sortie d’une mosquée de Khan Younès, dans le sud du territoire, selon les secours. Côté israélien, un civil et un soldat ont été tués depuis le 8 juillet. L’armée a reconnu que le soldat tué pendant les premières heures de l’assaut terrestre avait été victime d’un « tir ami ». Ni Israël, ni le mouvement islamiste Hamas et ses alliés n’ont donné de précisions sur l’étendue de leurs affrontements ni sur les opérations en cours.
Les tunnels pris pour cibles
Mais Israël a annoncé étendre ses opérations militaires dans l’enclave, qui ont pour priorité de détruire les réseaux de tunnels du Hamas et sa capacité de frapper Israël avec des roquettes. Les souterrains sont particulièrement ciblés car les frappes aériennes ne peuvent les atteindre et qu’ils peuvent servir à s’infiltrer en Israël pour commettre des attentats, à déplacer des armes et à assembler des roquettes en toute sécurité.
« Nous sommes dans une phase d’extension de la phase terrestre de l’opération », a indiqué dans la nuit le chef-d’état major, Benny Ganz, évoquant « d’importants succès », selon un communiqué de l’armée. Visitant ses hommes à Gaza, il a estimé que ses troupes allaient encore au devant de combats, « qu’il y aura des moments difficiles » mais que « le Hamas et d’autres organisations terroristes ont été frappés fort, douloureusement et largement ».
Selon un porte-parole de l’armée, sur le plan opérationnel, les forces israéliennes, avec l’infanterie et les chars, restaient encore dans « les périphéries » des centres urbains, près des frontières avec Israël. « Cela nous donne l’avantage de pouvoir nous occuper des tunnels tout en limitant les points de frictions sur le terrain », a expliqué Peter Lerner, lors d’une conférence téléphonique. Il a évoqué « des dizaines » de galeries souterraines.
Aucune avancée dans les pourparlers
Il a cependant souligné que l’armée prenait position autour de zones urbaines et que des ordres d’évacuation avait été donnés aux civils à El-Bourej et El-Maghazi au centre de cette bande de terre de 362 km2 où s’entassent dans la misère 1,8 million d’âmes soumises à un blocus israélien depuis des années. Les troupes sont aussi déployées à Beit Lahia, dans le nord de Gaza. L’ONU a pour sa part indiqué avoir pris en charge plus de 40 000 déplacés.
Sur le plan diplomatique, aucune avancée réelle pour aboutir à un cessez-le-feu n’a été constaté malgré des pourparlers sous l’égide de l’Egypte et après l’échec cette semaine d’une initiative de trêve rejetée par le Hamas. Néanmoins, les diplomates s’activaient encore, le secrétaire général de l’ONU prévoyant notamment un déplacement dans la région à compter de samedi pour « montrer sa solidarité avec les Israéliens et les Palestiniens et les aider, en coordination avec les acteurs régionaux et internationaux, à mettre fin à la violence et à trouver une solution ».
Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, était lui attendu samedi en Jordanie, puis en Israël dans la foulée de pourparlers au Caire où il a rencontré notamment le président palestinien Mahmoud Abbas. Le président américain Barack Obama s’est lui inquiété vendredi, dans une conversation avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, des « risques d’une escalade (des violences) et de la perte de davantage de vies innocentes ».
« Quatre étages de civils »
Les Gazaouis continuaient eux de crier leur désespoir, leur peur et leur colère contre Israël, accusé d’avoir réduit en poussière des centaines de maisons et d’immeubles. « Quoi qu’il fasse, quoi qu’il bombarde ça ne change rien ! C’est un acte criminel ! Ce sont des civils ici, ils n’ont pas bombardé de militaires mais quatre étages de civils. C’est le terrorisme d’Etat israélien », s’emporte Adnan Hachem, devant les décombres de son immeuble.
Malgré les destructions, M. Netanyahu a souligné ne pas pouvoir garantir le succès de l’opération militaire, la quatrième depuis qu’Israël s’est retiré unilatéralement de Gaza en 2005. La nouvelle spirale de violences a été déclenchée après le rapt et le meurtre de trois étudiants israéliens en juin, attribués par Israël au Hamas, suivis de l’assassinat d’un jeune Palestinien brûlé vif à Jérusalem, pour lequel trois juifs ont été inculpés.

Jeuneafrique