IBK va-t-il dissoudre l’Assemblée Nationale ? Après la dissolution de la Cour Constitutionnelle suite aux démissions successives de ses membres, le président IBK doit à présent contraindre le président de l’Assemblée Nationale, Moussa Timbiné et les autres députés mal élus à jeter l’éponge pour l’organisation de nouvelles législatives ou dissoudre carrément l’Hémicycle pour aller vers de nouvelles élections législatives.

IBK va-t-il user des pouvoirs exceptionnels pour le conforter dans la prise des décisions devant aider à sortir le pays de la crise ? Rien ne permet de l’affirmer. Le chef de l’Etat doit au moins s’inspirer des propositions de la délégation de la CEDEAO pour asseoir un dialogue politique de sortie de la crise politique actuelle. Il doit, dans ce cas, dissoudre l’Assemblée Nationale en vue de conduire le peuple vers la tenue de nouvelles élections législatives plus transparentes et crédibles.

Cela devra passer par la formation d’un « gouvernement consensuel d’union nationale », comme recommandé par la délégation de la CEDEAO.

Mais, il semble que les caisses de l’Etat sont en difficulté, pour supporter l’organisation de nouvelles élections législatives dans un pays en proie à des tensions de trésorerie. Surtout que le chef de l’Etat vient de décréter l’application, immédiate, intégrale et complète de l’article 39 du statut des enseignants.

Des sources crédibles mettent l’accent sur la disponibilité des partenaires techniques et financiers du pays à appuyer de façon substantielle les dépenses électorales.

Par ailleurs, pour désamorcer la contestation croissante qui risque de précipiter le pays dans l’abîme, IBK doit à nouveau prendre la parole pour annoncer des concessions politiques de taille….Ce qui aura le mérite de ne pas laisser la possibilité au mouvement contestataire du M5-RFP d’aller vers une troisième démonstration de force, qui risque fragiliser davantage le pouvoir ou de faire basculer le pays dans le chaos.

Gouvernance calamiteuse marqué de nombreux scandales, pilotage à vue du pays en crise sécuritaire aggravée, crise post-électorale ayant suscité des mécontentements multiples. Le régime IBK est aujourd’hui vomi par une écrasante majorité du peuple. IBK doit à nouveau s’adresser à son peuple.

Ce sera cette fois-ci l’occasion d’annoncer des décisions fortes comme la dissolution de l’Assemblée Nationale et celle de la Cour constitutionnelle. Boubou SIDIBE

 

ENCORE LA CEDEAO

 

La Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est de retour au Mali pour agir comme médiateur entre un autre régime et son peuple. La dernière intervention non attentionnée de la CEDEAO au Mali a constitué une ligne de fracture dans la société malienne. L’organisation sous régionale a en effet pris des décisions non seulement contraires aux prescriptions de la constitution malienne ; mais aussi, elle n’a jamais réellement consulté les représentants de la population malienne avant la prise de ces mêmes décisions. La CEDEAO doit reconnaitre sa maladresse d’avoir imposé au peuple malien des règles et conditions sans son aval ou même une concertation au préalable. Il serait souhaitable que la CEDEAO commence à consulter les maliens avant de prendre des décisions qui affectent leur vie quotidienne et leur sécurité, et pouvant avoir des répercussions négatives.

 

L’organisation doit comprendre que le Mali a besoin d’un gouvernement qui a la confiance du peuple. Un gouvernement qui est le seul maître d’œuvre, guidé par les seuls intérêts du Mali, et assurant la cohérence des politiques. Aussi, souverain, le Mali doit faire ses propres choix et devenir le gestionnaire unique de son destin. Comme nous l’avons toujours souligné, l’avenir du Mali ne passera certainement pas par les remèdes des institutions internationales. Il ne passera sans doute non plus par la copie de modèles de politiques de gouvernance non adaptées. L’avenir du Mali ne passera surement que par les braves et honnêtes Maliennes et Maliens.

 

Nous sommes convaincus que les citoyens des pays membres de la CEDEAO veulent une organisation qui permet l’émergence d’un système économique et social au service des peuples de la communauté. Le destin du Mali se jouera dans une CEDEAO plus rassemblée. Les maliens veulent une CEDEAO qui change, dans un monde nouveau, une CEDEAO qui œuvre pour des changements politiques et sécuritaires, économiques et sociaux qui répondent aux attentes des peuples de la Communauté. Une CEDEAO qui gagne en efficacité. Enfin, une CEDEAO qui défende de bonnes politiques de gouvernance et non une démocratie de façade.

Loin de permettre une sortie de crise en 2012, les actions de la CEDEAO ont permis une soumission aggravée et forcée du Mali aux logiques des dirigeants de l’organisation qui ont nui au bien-être de la société malienne. A cet effet, il est important de rappeler que c’est aux Maliens de travailler avec les officiels de la CEDEAO pour redéfinir le cadre de l’intervention de l’organisation sous régionale et éviter les erreurs du passé.

Cheick Boucadry Traore