Le tatouage est un dessin décoratif ou symbolique habituellement réalisé en insérant de l’encre dans la peau. La technique consiste à introduire l’encre dans la peau à l’aide d’un objet pointu comme l’aiguille. Mais ici au Mali cette pratique prend une toute autre tournure. Les femmes utilisent plutôt de la teinture noire pour cheveux et l’appliquent avec de la plastique. C’est du faux tatouage comparé à celui fait à l’encre.
Le tatouage est pratiqué depuis des milliers d’années dans de nombreuses régions de monde. Au Mali, il est devenu un phénomène de mode. Il démode le « henné » traditionnel africain que les Maliennes appliquaient lors des cérémonies de mariage et de baptême appelé « farafing diaby » par opposition au tatouage appelé « indou diaby ».
C’est bien connu, à Bamako, ce ne sont pas les événements qui manquent. Et les femmes à chaque occasion se bousculent chez les tatoueuses. Nous avons rencontré cette jeune tatoueuse surnommée Batoma. Elle a à peine 18 ans et passe son DEF cette année. Pourtant, elle est déjà une professionnelle dans l’art de décorer les mains et les pieds de ses clientes.
Elle affirme : « Aujourd’hui, les femmes préfèrent le tatouage au henné traditionnel, parce qu’il est plus pratique, plus rapide et moins cher. Je pratique ce métier depuis 5 ans. Au début je le faisais pour mon simple plaisir de dessiner mais par finir tout en m’améliorant j’en ai fait un métier. Je vis avec ma mère qui me blâmait pour que j’arrête de faire ces dessins, mais de nos jours elle voit que je gagne ma vie en le pratiquant et je subviens à quelques dépenses dans la famille. Les types de motifs varient selon le choix de mes clientes. Pour cela, j’ai un album photo. Ce sont les fleurs qui dominent. Ces motifs décoratifs sont généralement appliqués sur les mains et les pieds pour les grandes occasions ou pour le simple plaisir. Certaines jeunes filles aiment qu’on leur applique sur le bas du dos, sur les seins, etc. avec le nom de leur copain, fiancé ou mari pour un langage de séduction ».
Pour notre artiste, la durée du tatouage dépend de la nature de la peau de la cliente. Elle varie entre 8 et 15 jours tout au plus. Le coût ? : « Le prix du tatouage dépend de la taille et de la complexité du modèle. Ce travail est rentable dans la mesure où je gagne ma vie en le pratiquant. Pendant les périodes favorables au mariage tel que le mois d’avant le ramadan, je peux tatouer plus d’une vingtaine de personnes mais le seul problème, c’est que la majorité d’entre eux sont des connaissances donc je le fais gratis. Sinon Dieu merci ça va ».
Phénomène de mode ou tendance actuelle, le tatouage est devenu le nouvel accessoire glamour des femmes. Et la mode… n’a pas fini de faire ses victimes.
Kadidiatou Djiré
L’Indicateur Du Renouveau 30/05/2012
