Hassan NACIRI, Ambassadeur du Maroc au Mali « Le Maroc, en dépit des crises et des incertitudes que le Mali a connues, a toujours cru en ce pays »

La coopération économique bilatérale entre le Maroc et le Mali se porte bien et a de beaux jours devant elle : un cadre juridique incitatif, l’encouragement et la protection réciproque des investissements, la non double imposition et la lutte contre l’évasion fiscale. La signature de 17 accords et conventions concernant plusieurs aspects de coopération sectorielle lors des deux Visites de Sa Majesté le Roi Mohammed VI au Mali en 2013 et 2014, a donné un sang neuf à cette coopération dont les résultats sont palpables. C’est une coopération diversifiée embrassant plusieurs secteurs : banque, télécoms, assurances, BTP, Formation, santé. En plus de la présence des groupes bancaires marocains, impactant positivement le financement de l’économie malienne, la contribution marocaine se traduit en terme de grands projets physiques comme la Clinique Périnatale et le Centre de formation professionnelle, avec comme maitre d’ouvrage, la Fondation Mohammed VI pour le Développement Durable. Aussi, la cimenterie de Duo a été réalisée par un opérateur privé marocain avec une capacité de production qui couvre une grande partie de la demande intérieure. A trois semaines du Forum International Invest in Mali, qui se tient à Bamako, les 7 et 8 décembre prochains, l’Ambassadeur de Sa Majesté le Roi Mohammed VI au Mali, Hassan NACIRI évoque avec l’hebdomadaire Les Secrets Bancaires, l’excellence de la Coopération économique maroco-malienne, qui remonte pour l’essentiel à la fin des années 90. De ce forum, « les attentes du Maroc sont celles du Mali afin de rendre ce pays plus attrayant pour les opérateurs économiques et améliorer de plus en plus le climat des affaires au Mali », soutient Son Excellence Monsieur l’Ambassadeur.

Les Secrets Bancaires : Monsieur l’Ambassadeur du Maroc au Mali, pouvez-vous nous parler brièvement de la Coopération économique entre le Royaume chérifien et le Mali?

Hassan NACIRI : La coopération économique maroco-malienne remonte pour l’essentiel à la fin des années 90 lorsque les autorités maliennes ont fait appel à l’expérience marocaine en matière de gestion du système bancaire. La réussite de cette expérience d’acquisition assimilée à une opération de « sauvetage » de la Banque pour le Développement du Mali (BDM) a ouvert le bal pour d’autres partenariats dans un certain nombre de secteurs dont les télécoms, assurances, BTP, Formation, santé etc…
Répondant à la volonté politique du Maroc d’insuffler une dynamique nouvelle à ses relations avec le Mali, quelques « champions nationaux » dans les banques, les télécoms, les assurances, la cimenterie se sont implantés dans ce pays et ont pu développer différentes formes de partenariats (prise de participation, création de filiale, apport d’expertise, représentation etc…)

Aujourd’hui, pouvez-vous dire comment se porte ce « vieux » partenariat ?

Basée sur le principe de l’avantage comparatif et le partenariat gagnant-gagnant, la coopération économique bilatérale entre le Maroc et le Mali se porte bien et a de beaux jours devant elle surtout si les PME-PMI des deux pays saisissent les avantages du cadre juridique incitatif existant entre les deux pays notamment à travers l’encouragement et la protection réciproque des investissements ainsi que la non double imposition et la lutte contre l’évasion fiscale.

A titre de rappel, les deux Visites de Sa Majesté le Roi Mohammed VI au Mali en 2013 et 2014 ont permis de refonder ces relations à la faveur de la signature de 17 accords et conventions concernant plusieurs aspects de coopération sectorielle notamment le renforcement des capacités et le partenariat conformément aux attentes réciproques.

Quelle est la part du Maroc dans l’investissement au Mali et quels sont les secteurs qui reçoivent ces financements ?
Comme je le disais ci-dessus, notre coopération est diversifiée et ses résultats sont palpables. Prenons l’exemple des groupes bancaires marocains qui sont présents au Mali, leurs activités impactent positivement le financement de l’économie malienne (accès au crédit, augmentation du taux de bancarisation, facilitation des flux de capitaux).

Ainsi, ces banques se positionnent au Mali comme des leviers incontournables du développement socio-économique. En plus du rôle qu’ils jouent en faveur du secteur privé malien, tous ces établissements et autres sont associés, au jour le jour, à la politique gouvernementale en amont et en aval.

En plus des investissements marocains dans la sphère financière malienne, la contribution marocaine, c’est aussi de grands projets physiques comme la Clinique Périnatale et le Centre de formation professionnelle dont le maitre d’ouvrage n’est autre que la Fondation Mohammed VI pour le Développement Durable. Aussi, Il y a lieu de citer la cimenterie de Duo réalisée par un opérateur privé marocain avec une capacité de production qui couvre une grande partie de la demande intérieure.

Quel sera l’intérêt économique de l’avènement du Maroc à la CEDEAO ?
Personnellement, je perçois l’adhésion du Maroc comme faisant partie d’un processus d’intégration et de complémentarité régionale sur la voie de la concrétisation du rêve des pères fondateurs de l’unité africaine. Il serait réducteur d’appréhender cette adhésion uniquement sous le prisme des avantages économiques qui, du reste, sont légitimes.

Je dois préciser aussi que cette approche du Maroc qui se veut globale ne relève pas, loin de là, de la démagogie. Le Maroc a démontré par une pratique régulière et visible sur le terrain que son crédo de partenariat s’appuie plus sur la logique d’investissement que de commerce des marchandises. C’est pourquoi 6% seulement des exportations marocaines sont destinées aux 15 pays membres de la région. En revanche, 65% des investissements extérieurs du Maroc sont dirigés vers ces mêmes pays, ce qui en fait le premier investisseur africain dans la région.

De surcroit, il ne faut pas perdre de vue que l’offre à l’export du Maroc n’est pas illimitée, elle est déjà absorbée par la forte demande intérieure et la demande émanant des marchés avec lesquels notre pays est lié par des accords du libre échange.
En revanche, en termes de perspectives pour les pays de la CEDEAO, l’adhésion du Maroc donnera aux opérateurs de la sous-région un accès privilégié aux pays du nord. Les pays de la CEDEAO bénéficieront de plusieurs accords de libre échange liant le Maroc à 54 pays, soit un marché de près d’un milliard de consommateurs.

Quelles sont vos attentes du Forum International « Invest in Mali » ?

Avant de parler des attentes, j’aimerai rappeler que le Maroc, en dépit des crises et des incertitudes que le Mali a connues de par le passé, a toujours cru en ce pays.

Je rappelle aussi que des opérateurs économiques marocaines ont subi des pertes sèches au nord du Mali lors de la crise de 2012 mais se sont attachés à y rester et contribuer par la suite à la phase de normalisation de la vie nationale au Mali. Preuve de plus, la présence des opérateurs économiques marocains ne répond point à une logique mercantile mais à une stratégie de solidarité et de communion. Cette stratégie ne peut qu’être payante pour les deux pays à long terme.

Les attentes du Maroc sont celles du Mali afin de rendre ce pays plus attrayant pour les opérateurs économiques et améliorer de plus en plus le climat des affaires au Mali. Nous souhaitons plein succès à cette manifestation et nous apprécions les efforts des organisateurs pour sa promotion.

A partir de notre statut de « pionnier » en matière d’investissement au Mali, nous ne pouvons qu’encourager les autres à venir. Il y a de la place pour tout le monde ! Ce pays mérite bien le soutien et l’accompagnement de tous.

Les Secrets Bancaires