Haïti dénonce « l’attitude partisane et nuisible » d’une mission de l’ONU

Le président haïtien Michel Martelly.

Le président haïtien Jovenel Moise (d) fait une déclaration lors d’une conférence de presse à la fermeture du sommet de la communauté de la Caraïbe (Caricom), le 28 février 2018 à Port-au-Prince / © AFP / HECTOR RETAMAL

Les autorités haïtiennes ont rappelé mardi leur ambassadeur auprès de l’ONU pour des consultations, après la publication d’un communiqué de la Mission des Nations unies pour l’appui à la justice (Minujusth) qu’elles ont considéré « partisan » et « nuisible ».

« Je ferai tout ce qui est possible pour que l’image d’Haïti soit respectée à l’étranger » a déclaré le président haïtien Jovenel Moïse tôt mercredi matin, à la fermeture du sommet de la communauté de la Caraïbe (Caricom), organisé lundi et mardi à Port-au-Prince.

« Il faut que les gens parlent en bien du pays: quand vous regardez un verre d’eau, il ne faut pas le voir à moitié vide, mais à moitié plein C’est de cette Haïti que l’on rêve et c’est pour ça que l’on travaille » a répondu aux journalistes le chef d’Etat, sans jamais citer les noms de la mission onusienne et de celle qui la dirige.

La Minujusth a mécontenté les autorités en saluant dimanche la nomination de juges chargés d’instruire des plaintes déposées depuis le début de l’année dans le cadre du dossier Petrocaribe.

Haïti bénéficie depuis douze ans du programme Petrocaribe, initié par l’ancien président vénézuélien Hugo Chavez, qui permet à plusieurs pays d’Amérique latine et des Caraïbes d’acquérir des produits pétroliers à un coût avantageux et de payer leurs factures sur 25 ans à un taux d’intérêt de 1%.

Depuis que le pays a intégré ce programme, cette source conséquente de devises a suscité des doutes sur son bon usage car, contrairement aux autres aides financières internationales, ces fonds sont dépensés à la discrétion des gouvernements sans devoir rendre de comptes au bailleur vénézuélien.

« Je salue l’initiative et le rôle actif des citoyens haïtiens et de la société civile engagés dans la lutte contre la corruption et l’impunité », a relevé Susan Page, cheffe de la Minujusth, qui est déployée depuis octobre 2017.

Par ailleurs, Mme Page a regretté qu’aucun juge n’ait encore été nommé pour « examiner les allégations de violations des droits humains commises par des unités de la police nationale haïtienne ».

Elle a notamment évoqué le cas de huit civils tués en novembre dans le quartier défavorisé de Martissant, lors d’une opération de police.

Cette déclaration de la Minujusth « outrepasse le cadre de son mandat (…) et traduit une attitude partisane nuisible à la stabilité politique et institutionnelle, si chèrement acquise au cours de ces dernières années », a estimé le ministère haïtien des Affaires étrangères, via un communiqué publié mardi après-midi.

En plein sommet de la Caricom, le gouvernement a jugé que « cette déclaration vient polluer une atmosphère sereine, indispensable à l’investissement et au développement économique et social, conditions essentielles à la stabilité et la paix », selon le ministère des Affaires étrangères.

(©AFP / 28 février 2018 09h22)