Guinée équatoriale : une terre d’accueil pour les expulsés des États-Unis ?

Alors que la Guinée équatoriale est régulièrement critiquée pour ses propres expulsions de migrants en situation irrégulière, l’annonce d’un possible accord avec les États-Unis pour accueillir certains migrants africains expulsés suscite la controverse.

Le vice-président équato-guinéen, Teodoro Nguema Obiang Mangue, a confirmé le 7 mai sur le réseau social X qu’un échange avait bien eu lieu avec Washington, qui a exprimé le souhait de transférer des migrants vers la Guinée équatoriale. « Une discussion a eu lieu, mais aucun accord n’a été conclu pour l’instant », a-t-il précisé.

Cette perspective a provoqué des réactions mitigées dans le pays, où certains craignent l’arrivée de personnes au passé judiciaire trouble. « Un accord reste possible, mais nous voulons choisir les profils des personnes que nous accepterons. Nous n’accueillerons pas de criminels », a affirmé le vice-président, également chargé de la Défense et de la Sécurité. Il a ajouté que la Guinée équatoriale exige des États-Unis la prise en charge des frais d’hébergement et d’intégration des migrants, ainsi que des investissements dans des projets locaux pour favoriser leur réinsertion.

Cependant, cette annonce intervient dans un contexte tendu. Fin avril, les autorités américaines ont déclaré rechercher activement des pays tiers susceptibles de recevoir des migrants dans le cadre d’une politique de renvois massifs voulue par Donald Trump.

Mais sur le terrain, la situation en Guinée équatoriale semble en contradiction avec cette volonté d’accueil. Selon le média Radio Macuto, proche de l’opposition et basé en Espagne, les autorités ont récemment intensifié les arrestations et expulsions de migrants subsahariens, parfois installés de longue date à Malabo, Bata et dans d’autres villes. Des ressortissants nigérians, camerounais et tchadiens auraient été interpellés sans mandat, puis expulsés brutalement.

Cette contradiction soulève des questions. « Comment un gouvernement qui expulse sans ménagement des migrants déjà intégrés peut-il prétendre en accueillir d’autres venant des États-Unis ? », s’interroge Radio Macuto.

En avril dernier, plus de 200 Camerounais ont été expulsés de Guinée équatoriale, provoquant une crise diplomatique avec Yaoundé. Le Cameroun a convoqué l’ambassadeur équato-guinéen pour exprimer son mécontentement, tandis que Malabo a justifié son action par la présence de migrants « en situation irrégulière ».

rédaction

diasporaction.fr