Guillaume NGEFA, Directeur de la division des droits de l’homme de la Minusma

« Le respect des droits de l’homme n’est pas un obstacle dans la lutte contre le terrorisme »
Depuis lundi 6 février 2017, l’Ecole de Maintien de la Paix Alioune Blondin Bèye (EMP) de Bamako abrite la 4ème session annuelle de formation en droit international pénal et droit international des droits de l’homme placée sous le thème : « Les défis rencontrés par la Cour Pénale Internationale (CPI) ». Cette session de formation est organisée conjointement par la Fondation René Cassin, Institut International des Droits de l’Homme (IIDH), la Fondation Friedrich Naumann pour la Liberté (FNF), et la Division des Droits de l’Homme de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali (MINUSMA), avec le soutien de l’Observatoire international de la démocratie et de la gestion des crises et conflits (OIDEC) et du Service de Coopération et d’Action Culturelle (SCAC) de l’ambassade de France au Mali.

Bien avant la conférence inaugurale, le Directeur de la division des droits de l’homme de la Minusma, Guillaume NGefa a fait savoir que le respect des droits de l’homme n’est pas un obstacle dans la lutte contre le terrorisme. La cérémonie d’ouverture de cette session de formation était présidée par le vice-président de l’Assemblée nationale du Mali, l’honorable Moussa Timbiné en présence du ministre de la justice, des droits de l’homme, garde des sceaux, Mamadou Ismaël Konaté, de la directrice régionale Afrique de l’ouest, Fondation Friedrich Naumann pour la Liberté (FNF), Inge Herbert et de nombreuses autres personnalités. Le conflit au Mali est doublé d’une crise alimentaire et nutritionnelle qui affecte toute la région du Sahel.

Il s’agit là d’un immense défi pour les acteurs humanitaires qui doivent apporter une assistance adaptée aux populations affectées par le conflit. La situation politique, sécuritaire et humanitaire s’est détériorée à partir de mai 2014 suite aux incidents survenus à Kidal. Des centaines de milliers de personnes, parmi lesquelles des retournés et des rapatriés ainsi que des déplacées internes et des réfugiés maliens ont toujours besoin de protection.

Parmi ces populations, les femmes et les enfants constituent la majorité. La destruction, dans certains cercles, voire l’effritement dans d’autres, du tissu social causé par le conflit, a exacerbé les tensions inter et intra-communautaires déjà existantes, impactant par là-même le tissu économique. Cette situation a été aggravée par la prolifération des armes ainsi que l’insuffisance de l’accès aux services sociaux de base dans les régions du nord. Des violations et abus des droits de l’homme, aggravés par les difficultés d’accès à la justice, continuent d’être enregistrés dans tout le pays et particulièrement au nord.

L’accord de paix, signé en juin 2015 n’a malheureusement pas encore permis de stabiliser la situation, les violences se multipliant dans le nord du pays. Les attaques et affrontements violents continuent d’avoir des conséquences humanitaires graves, particulièrement pour les civils. Profondément attachés aux principes et valeurs qui régissent la société internationale, les défenseurs de droit ont donc initié ce projet de formation, afin d’offrir aux différents acteurs et militants des droits de l’homme la possibilité de mieux se familiariser avec les instruments internationaux de protection et de promotion des droits de l’homme et du droit international pénal.
Il s’agit, à travers l’organisation de cette session de formation, d’outiller les acteurs du domaine pour un bon management de la période post-conflictuelle avec une meilleure prise en charge des libertés et des droits fondamentaux des citoyens ainsi que pour le renforcement de l’Etat de droit et de la culture démocratique au Mali.
L’objectif de la session de Bamako est d’offrir à un public francophone, originaire de la zone sahélo-saharienne et issu de la famille judiciaire, des organisations de droits de l’homme et des forces de l’ordre ainsi qu’aux officiels gouvernementaux, un accès à un enseignement d’excellence dans le domaine du droit international des droits de l’Homme et du droit international pénal et de contribuer à la promotion de ces derniers dans le cadre des institutions nationales des Etats et de leurs juridictions.

La session est animée par des universitaires et des praticiens venant d’Europe et d’Afrique. Le programme propose des cours magistraux, le traitement de questions d’actualité, des séminaires spécialisés portant sur des thématiques comme la procédure devant la Cour pénale internationale (CPI), l’Afrique et la Justice Pénale Internationale, la Justice Transitionnelle, la lutte contre le terrorisme, le droit des refugiés, le droit des personnes vulnérables telles que l’enfant et la femme, etc.

‘’ Pas de paix, ni de réconciliation sans justice’’ Au cours de la cérémonie d’ouverture de cette session de formation, Mme Mbaranga Gasarabwe, de la Minusma, Mme Inge Herbert de la FNF et Mme Elsa Zimmer de la Fondation René Cassin ont tous souligné l’impérieuse nécessité de la lutte contre l’impunité à tous les niveaux. Quant au représentant Afrique de l’ouest de l’OIDEC, Youssouf Cissé, bien que la Cour pénale internationale fait actuellement face à des défis, son rôle, dit-il demeure indéniable. Après avoir évoqué les dangers du terrorisme sur l’humanité, Mme Françoise Gianviti de l’Ambassade de France au Mali a fait savoir qu’il n’y aura pas de paix, ni de réconciliation sans justice. Selon Alexander Plappert de l’Ambassade d’Allemagne au Mali, cette session de formation permettra d’inculquer aux participants, les notions de bonne gouvernance. Le ministre de la justice, Mamadou Ismaël Konaté a indiqué qu’aucun défenseur des droits de l’homme ne doit être inquiété car il protège les faibles que sont les femmes et les enfants. Avant de signaler que l’initiative de poursuivre le crime incombe à tout le monde. Il désapprouve l’intention de retrait de certains pays de la CPI.

Actualité oblige, le ministre a invité les magistrats grévistes à reprendre leurs places dans les tribunaux. Enfin, il a déploré l’absence de Malien dans le corps professoral qui dispense les cours de cette session de formation. Enfin, le vice-président de l’Assemblée nationale du Mali, l’honorable Moussa Timbiné a remercié les initiateurs de cette session de formation regroupant près de 130 participants. Bien avant la conférence inaugurale, le Directeur de la division des droits de l’homme de la Minusma, Guillaume NGefa a fait savoir que cette session de formation a un intérêt particulier pour le Mali d’autant plus que le pays est confronté par une crise depuis 2012. Pour preuve, dit-il, il y a une rencontre ce lundi 6 février 2017 des chefs d’Etats du G5 Sahel sur la situation sécuritaire au Mali. « Le respect des droits de l’homme n’est pas un obstacle dans la lutte contre le terrorisme », a-t-il conclu.
Aguibou Sogodogo