Gouvernement de transition et CEDEAO : Pourquoi il urge d’éviter le divorce à tout prix

La tension entre le Mali et les dirigeants de la CEDEAO est la suite logique de la crise diplomatique entre Bamako et Paris. Ce qui ne doit pas pousser les autorités maliennes à franchir le rubicond en retirant le Mali de la CEDEAO.

Avec le désaccord qui semble perdurer entre les dirigeants de la CEDEAO et les autorités de la Transition maliennes, des voix s’élèvent pour plaider, non sans de sérieuses appréhensions, en faveur du retrait du Mali de l’organisation ouest-africaine. 

La CEDEAO est une organisation d’intégration économique composée de 15 pays d’Afrique occidentale, dont le géant nigérian, la Côte d’Ivoire et le Sénégal. Et le Mali en est l’un des membres fondateurs, qui fait aujourd’hui l’objet de sanctions « injustes » prises par les dirigeants de cette organisation contre lui. A cela s’ajoute le fait que l’UEMOA, une organisation sœur presqu’en allié, a,  elle aussi, pris des sanctions dont le sursis à exécution ordonnée récemment par sa Cour de justice n’est pas encore respectée.

Du coup, le Mali se retrouve comme au « banc des accusés » de ces organisations de l’Afrique de l’Ouest, alors que le peuple malien, soutenant majoritairement ses dirigeants, ne cesse de protester contre  ces embargos. Ce qui pousse les autorités à « réfléchir »aux possibilités d’un retrait de ces entités d’intégration.

Or, il est de notoriété que la dynamique globale du monde d’aujourd’hui est la mise en place des ensembles régionaux et continentaux pour mutualiser les forces et les énergies. C’est dans ce sens que des organisations continentales comme l’Union Africaine, l’Union Européenne et d’autres ont vu le jour et se renforcent tant bien que mal. Sans oublier que des entités économiques de taille plus modeste comme la CEN-SAD, l’OMVS, la SADEC etc tentent de se dynamiser au niveau du continent africain. Et, le moins qu’on puisse dire est qu’aucun pays pris isolément ne peut efficacement faire face aux problèmes socio-économiques existentiels. Ce qui fait que certains Etats, qui n’étaient pas membres d’organisations partenaires, finissent pas envisager leurs adhésions pures et simples, en tant que membres à part entière ou membres observateurs. C’est le cas du Maroc et de la Mauritanie par rapport à la CEDEAO.

Dans ce contexte, le Mali devrait-il envisager un retrait de la CEDEAO, dont il ne cracherait pas sur les apports en termes d’intégration et de gestion commune des ressources ? Que dire du projet d’intégration dans le domaine énergétique entre le Mali et la CEDEAO ? Quid des efforts d’harmonisation des arsenaux juridiques communautaires au niveau de la CEDEAO et de l’UEMOA. Comment le Mali pourra-t-il pallier aux contraintes d’enclavement s’il se retire du marché commun communautaire ? Quid des mécanismes de coopération technique et d’appuis institutionnels de la CEDEAO en matière de gouvernance ? Le Mali peut-il compter sur un repli identitaire avec la Guinée, le Burkina Faso et la Mauritanie pour claquer la porte de l’organisation ouest-africaine ? Rien ne garantit le succès d’une telle aventure, surtout que ces pays tiennent à préserver leur position de membre pour l’un et de candidats à l’adhésion pour les autres. 

Tous ces éléments incitent les dirigeants à tempérer les ardeurs de certains acteurs de la société civile nationale et même de pays voisins demandant le retrait de l’organisation ouest-africaine. C’est dans ce sens que certains observateurs avertis conseillent la pédale douce au duo Assimi Goïta-Choguel Maïga à mettre tout en œuvre pour accorder les violons avec Abuja.

Aux dernières nouvelles, des sources crédibles tablent sur un terrain d’entente cette semaine entre les autorités maliennes et les dirigeants de la CEDEAO sur le chronogramme de rallonge de la transition. Ce qui permettra de sauver les meubles et d’éviter le clash définitif entre Abuja et Bamako. Une paix des braves en vue de la levée au moins progressive des sanctions, qui n’ont fait que trop de tort au brave peuple du Maliba.

Baba Djilla SOW