Gestion de la période transitoire au Mali Blocage entre la junte et la CEDEAO Le pire est à venir


Après l’échec des négociations entamées à Bamako sous l’égide des émissaires de Blaise Compaoré et de Alassane Ouattara, et qui constituent l’emphase des discussions entamées à Ouagadougou, Abidjan, et Dakar, il a fallu l’intervention de Cheik Modibo Diarra pour faire revenir les émissaires sur leurs décisions de regagner leur pays respectif. La décision du Premier ministre Diarra était d’autant plus courageuse et salutaire que lesdits émissaires ne travaillent pas pour eux, mais pour le Mali. « Attendez- moi, j’arrive » aurait-il dit aux émissaires presque en route pour l’aéroport. Dans un baroud d’honneur, il parvient à convaincre les deux hommes de revenir sur leur décision de regagner leur pays. Le samedi 12 mai, nouveau blocage.

Le point d’achoppement

Selon des sources proches des négociations, la CEDEAO estime que l’ancien président de l’Assemblée nationale Dioncounda Traoré doit continuer la Transition après la période intérimaire de 40 jours prévue par la Constitution malienne. Mais pour la junte, cette décision unilatérale prise lors du sommet extraordinaire d’Abidjan enfreint à la Déclaration de Ouagadougou qui prévoyait le choix d’un autre homme après l’expiration du délai constitutionnel sus mentionné.

Concernant Dioncounda lui-même, ce dernier se dit prêt à faire ses valises si c’est lui qui constitue le blocage. Pour la CEDEAO, il est inutile de choisir un autre homme après la période intérimaire estimant que la période transitoire doit être dirigée par Dioncounda Traoré qui est déjà au fait des affaires. Mais pour la junte, il faut une convention pour choisir un homme consensuel. Et c’est l’identité de cet homme qui tarde à se faire savoir.

Selon des indiscrétions, c’est Amadou Haya Sanogo lui-même qui convoiterait ce poste. « Faux », déclare l’intéressé. Si tel est le cas (que Sanogo revienne), c’est un nouveau coup d’Etat, avertit la CEDEAO. Et de plus en plus, l’envoi d’une force des casques bleus au Mali tient route. Or, Sanogo a mis en garde qu’aucun soldat de la CEDEAO ne mettrait pied au Mali sans l’aval des autorités maliennes autrement dit de la junte. Vers un nouveau bras de fer entre la junte et la CEDEAO ?

Pour la CEDEAO, Sanogo a créé une sorte de bicéphalisme au sommet de l’Etat : il fait arrêter les personnalités sans mandat, sans informer le Premier ministre encore moins le président. Pis, c’est lui qui rejette les accords d’Abidjan…

Selon le capitaine, ces accords se sont déroulés en son absence et sans un représentant de la junte. L’organisation sous régionale a tout simplement estimé que c’était Dioncounda le président, et à ce titre, la junte n’était pas l’interlocuteur attitré ou valable.

Aujourd’hui, chacun reste campé sur sa position et c’est le statu quo ante qui prévaut. Le Capitaine estime qu’il n’aura pas fait lui son coup d’Etat pour rien. C’est cette situation, selon son entourage qui réveille son courroux. Et pour la CEDEAO, il est dans l’illégalité. Pauvre Mali ! Affaire à suivre.

Issiaka Sidibé

Le Matinal 15/05/2012