Financements publics / Les partenaires exigent le départ définitif de l’ex-junte dans les casernes

Selon des sources proches des partenaires comme l’Union Européenne, les Etats-Unis, pour ne citer que ceux-là, ces partenaires incontournables du Mali exigent le départ définitif de l’ex-junte dans les casernes et la recomposition du gouvernement,  lequel devra prendre en compte les partis politiques et les forces vives de la nation. Contrairement au gouvernement actuel qui n’est ni consensuel ni d’union national.

L’heure est toujours grave au Mali. Après la tempête sur Bamako, l’on est loin de voir au bout du tunnel, le beau temps. Les commerces sont au point mort, les services d’Etat asphyxiés faute de financement. Surtout,  les services qui alimentent principalement le trésor (douanes, impôts) sont en baisse de recettes, des ONG  sont arrêtées faute de financement, des entreprises privées  en chômage technique.

Bien qu’une accalmie apparente semble s’installer, les partenaires au développement rechignent à mettre la main à la poche. Selon certaines sources proches des partenaires, les causes de cette abstention des amis du Mali à financer, sont liées à la gestion de la transition. Selon ces sources, les partenaires l’accord-cadre qui a permis la mise en place du président de la transition, devrait consacrer ipso facto le retour définitif de l’ex-junte dans les casernes.

Yayi Boni, président en exercice de l’union Africaine lors de sa visite en France a été on ne peut plus clair. L’ex-junte doit retourner définitivement dans les casernes après la nomination du président de la transition. Mais force est de constater  dans la réalité que le capitaine même s’il fait semblant de s’effacer, reste encore avec ses hommes dans son QG à Kati. Les médias d’Etat comme l’ORTM, aussi bien que l’aéroport reste occuper par les militaires. Cette situation ne rassure point les partenaires au développement qui estiment que le capitaine tire encore les ficèles du pouvoir. Le blocage de l’avion du président Dioncounda Traoré à l’aéroport de Bamako, alors qu’il partait en Europe  pour des soins de santé le weekend dernier en dit long. Bloqué par les services de sécurité, d’aucuns ont vu la main du capitaine Sanogo. Ceci explique-t-il le refus des partenaires à ouvrir les vannes ? Nous pensons qu’assurément oui.

D’autres considérations non moins importantes expliqueraient le refus des partenaires à accompagner le Mali pendant ces moments difficiles. Il s’agit de la composition du gouvernement Cheick Modibo Diarra. Ce gouvernement dans l’esprit de certains partenaires devrait comporter des représentants des partis politiques et les forces vives de la nation tel qu’il était convenu dans l’accord cadre qui parle de gouvernement d’union nationale. Le gouvernement de Cheick Modibo Diarra ne semble pas inspirer une grande légitimité aux yeux des partenaires pour engager de véritables accords de partenariat. En tout cas dans la pratique, le ministre des affaires étrangères depuis son arrivée n’a pas encore signé une convention digne de ce nom qui puisse montrer que les relations entre le Mali et ses partenaires ont retrouvé leur cour normal. Aussi, le Premier ministre Cheik Modibo Diarra pourra-t-il convaincre les partenaires pour une reprise totale des affaires et des activités ?

En tout cas dans une déclaration, suite à l’agression du président Dioncounda Traoré, les Etats-Unis ont invité le capitaine Sanogo et le Comité national de Redressement de la démocratie et de la Restauration de l’Etat (CNRDRE) « à se tenir à l’écart immédiatement et de permettre la restauration d’un régime civil. Le moment est arrivé pour les soldats de retourner dans leurs rôles en tant que défenseurs de la Constitution du Mali » La déclaration a précisé que « les Etats-Unis resteront attentifs aux efforts de toute partie – civil ou militaire – de priver les citoyens du Mali d’un retour rapide à un gouvernement stable et démocratique qui travaille pour leur bénéfice ». Nous allons continuer à poursuivre des sanctions aux membres de la CNRDRE et d’autres, militaires et civils, qui cherchent à miner ce processus, a indiqué la déclaration.

Fakara Fainké

Le Républicain Mali 01/06/2012