Elevage domestique en milieu urbain Le coût de l’aliment bétail, un obstacle au développement de la production

A Bamako la capitale, l’élevage domestique est pratiqué abondamment, comme activité principale pour les uns, mais aussi pour le prestige ou par amour des animaux domestiques, pour les autres. Contrairement à la brousse, l’élevage dans la capitale s’avère difficile à cause de l’alimentation des bétails. Ainsi, pour alimenter les bovins, les caprin ou les ovins, les propriétaires s’approvisionnent en aliments bétails fabriqués dans des unités industrielles. Mais des aliments bétails naturels (foins, herbe et les feuilles vertes) sont également disponibles dans des espaces de vente à travers la ville.

 

L’alimentation occupe une place importante dans la production des bétails. De nos jours posséder quelques têtes d’animaux dans sa famille ou dans un enclos est comme une deuxième famille à nourrir, à cause du coût de l’aliment bétail.

 

Aly BAGAYOGO, est vendeur d’herbes destinées à la consommation des bétails. Son point de vente est un espace situé en commune VI de Bamako, Magnambougou wèrèda. C’est sur ce lieu qu’il fait  son commerce en compagnie de nombreux de ses jeunes venus d’ailleurs pour vivre dans la capitale. « Nous allons à Dougourakoro, derrière Missabougou [environ 15 km du centre ville] pour couper les herbes à l’aide de faucille. Le transport se fait par moto tricycle et aussi par moto à deux roues », raconte-t-il.

 

Disposant d’une très grande quantité d’herbe exposé à même le sol, sous un soleil clément, le jeune Aly ne se réjouit pas de sa vente en ces moments, comme le prouvent ces mots : « le prix de la vente commence à 100F. Maintenant nous vendons peu à cause de la pauvreté. Le montant de la recette journalière varie, ce n’est pas stable, ça tourne autour de 2 500 FCFA », a-t-il-dit.

 

Comme le dit l’adage, il n’y a pas de sot métier, Aly BAGAYOGO ne dira pas le contraire, car ce travail nourrit son homme. « Dieu merci je vis de ce travail depuis 7 ans, avant moi mon père le faisait et mon grand frère aussi », indique-t-il.

 

Evoluant également dans le commerce de l’aliment bétail, Moussa SANGARE, diplômé d’une école professionnelle, s’est trouvé une place  devant la maison d’arrêt de BOLE aux abords de la route de Ségou. En ce moment l’accès y est difficile à cause des travaux routiers de cette voie très fréquentée. Malgré cet état de fait qui impacte négativement sur son commerce, Moussa SANGARE avoue y trouver son compte en attendant la fin des travaux. « Les différentes qualités d’aliments bétails que nous vendons sont l’aliment tous ruminants à 6000 FCFA le sac de 50Kg, le détail à 200F par kilo, l’aliment embouche intensive à 9 500 FCFA le sac de 50Kg, l’aliment bétail fabriqué à Ségou à 8000FCFA, l’aliment son de blé à 6 000F le sac de 50Kg et l’aliment Bou nafama dont le sac coûte 5 000FCFA »  a-t-il-précisé.

 

Selon Moussa SANGARE, la vente d’aliment bétail industriel pendant l’hivernage se fait au compte goutte (contrairement à la saison sèche), à cause de l’abondance de l’herbe, que la plupart des éleveurs achètent. « Nous traversons une période difficile, souvent nous pouvons faire une journée sans vendre, mais pendant la période hors hivernage, on peut vendre souvent 100 000F par jour. Ce travail me permet de vivre et d’employer des gens».

Cependant, ces aliment-bétails n’ont pas le même apport en éléments nutritifs chez l’animal, d’où la différence des prix, et le choix selon le portefeuille du propriétaire. Les éleveurs de prestige utilisent beaucoup plus de moyens pour nourrir leurs animaux, à la différence des éleveurs moins nantis. Ainsi, selon un vétérinaire rencontré par Les Secrets Bancaires, « l’alimentation des différentes espèces de bétail (ovins, bovins, caprins) se fait en fonction des moyens. Il y a différents types d’aliments, Bounafama, le son de blé, le son de maïs, le tourto », explique Adjigi SACKO, vétérinaire spécialiste en production viande, travaillant situé à Banankabougou non loin de la Tour de l’Afrique.  Selon lui, les éleveurs de prestige alimentent leurs bétails avec les fourrages de niébé et d’arachide, contrairement aux éleveurs moins nantis dont les animaux vont en pâturage, ou se nourrissent, en divagation sur les tas d’ordures.

 

Dans ses explications, le vétérinaire Adjigi SACKO conseille l’aliment bétail industriel aux éleveurs : « c’est l’aliment bétail qui est bon car contenant tous les éléments nutritifs, à savoir les vitamines, les calciums, les lipides, les protéines etc. Le bétail nourrit avec l’aliment bétail est plus productif que le bétail nourri à l’herbe » a-t-il-conseillé.

Dans la capitale, il est très difficile pour la quasi-totalité des éleveurs d’alimenter correctement leurs espèces avec l’aliment bétail. C’est pourquoi il n’est pas étonnant de constater avec regret la divagation des animaux sur nos trottoirs à la recherche de reste d’aliments sur les tas d’ordures. Cependant, peu de gens dans la ville arrive a bien entretenir leurs animaux. Abdoulaye GUINDO en est un, il dispose de quatre têtes d’ovins fermés dans un enclos et jamais lâchés en divagation. « J’achète quotidiennement de l’herbe pour 750 FCFA et 3 kg d’aliments bétails mélangés soit une dépense de 1 500F par jour. Avec la saison des pluies, c’est facile de les nourrir. L’alimentation de ces quatre têtes me vaut l’équivalent des condiments pour une deuxième famille à nourrir. », commente-t-il.

 

Sidiki DEMBELE