ELECTIONS AU MALI Des doutes sur la sincérité de Tiébilé Dramé


Parce qu’il faut le dire, contrairement aux autres partis politiques qui étaient sur la brèche depuis la pré-campagne, le Parena et son candidat ont été totalement absents. Ils étaient tellement absents que certains de leurs militants, et même l’opinion nationale en général, se posaient la question si le bélier en chef allait se présenter à cette présidentielle.

Certes, son directeur de campagne, Djiguiba Kéita alias PPR expliquait cette absence par le fait que pendant que les autres se battaient pour eux, Tiébilé était en train de se battre pour le Mali en tant que négociateur du gouvernement malien avec les groupes armés du Nord à Ouagadougou. Soit ! Mais là c’était la personne de Tiébilé qui était absente.

Le parti était bel et bien présent, mais continuait à dormir sur ses lauriers comme si de rien n’était. La meilleure manière de convaincre les Maliens qu’on était réellement dans le coup de cette consultation électorale était pour le parti d’être sur le même diapason que les autres prétendants depuis la pré-campagne. Mais rien de cela.

Ça c’est la forme, maintenant revenons au contenu. Parmi les raisons avancées par M. Dramé sur RFI pour motiver le retrait de sa candidature, il y a le fait qu’il n’est pas convaincu que les réfugiés puissent être dans les conditions de voter.

Voilà une raison qui est moins pertinente par le fait que, comme l’a dit récemment le ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de l’Aménagement du territoire, le colonel Moussa Sinko Coulibaly, il faut se soucier plus de la souffrance de ces réfugiés que de leur droit de vote.

Certes, c’est leur droit de participer au choix du futur président de la République, mais doit-on reporter les élections pour reporter encore la fin de leur souffrance de réfugiés ? Parce que pour que leur souffrance prenne fin, pour qu’ils retrouvent leurs localités, il faudrait cette stabilité qui viendra sûrement avec un pouvoir légitime qui ne peut être en place qu’à travers des élections.

Entre une journée d’indignité (parce qu’on n’a pas pu voter) et une éternité de souffrance, le choix est vite fait. Les réfugiés et les autres Maliens sont pressés qu’on en finisse avec cette transition pour que le pays retrouve les rails. Or, reporter ces élections revient à rallonger encore la souffrance des Maliens.

Quand Tiébilé énumère tous ces Maliens qui seront privés du droit de vote, l’ambassadeur des Etats-Unis au Mali, Marie Beth Léonard, a déjà donné cette réponse : les Etats-Unis ont connu pire que le Mali mais cela n’a pas empêché les élections de se tenir dans ce pays de vieille démocratie. C’est d’ailleurs pour cette raison que les USA nous demandaient d’aller aux élections même au plus fort de l’occupation afin de se faire un régime légitime.

Et quand Tiébilé parle de Kidal, mais combien d’électeurs existe dans cette région par rapport au reste du Mali ? En somme les arguments de Tiébilé ne pèsent pas face aux défis de l’urgence pour le Mali de sortir de la crise.

Abdoulaye Diakité

L’indicateur Renouveau 2013-07-19 08:13:17