Elan de patriotisme au Mali

Mohamed Amara, sociologue malien, enseignant-chercheur à l'Université de Bamako

Après l’attaque du camp militaire de Mondoro, les réactions au Mali étaient quasi-unanimes pour la condamner et apporter leur soutien aux soldats des FAMA.

Cet élan de patriotisme qui transperce dans les écrits publiés en ligne et dans la presse est-il bien réel ? Est-t-il peut-être même renforcé depuis les deux putschs de 2020 et 2021 au Mali ?

La réponse ci-dessous de Mohamed Amara, sociologue malien, enseignant-chercheur à l’Université de Bamako et auteur de : « Marchands d’angoisse – Le Mali tel qu’il est, tel qu’il pourrait être », publié en 2019 aux Editions Grandvaux.

Mohamed Amara : Il y a un vrai sentiment qui est un sentiment de soutien mais aussi de patriotisme vis-à-vis de l’armée malienne, ce qu’on peut appeler les FAMA. Et ce soutien là est né tout simplement du fait que les Maliens, aujourd’hui, espèrent, ont envie que leur territoire, que leur pays, que leur nation soit défendue par leurs propres enfants, c’est à dire, les forces armées. Que ce soient les Maliens de l’intérieur comme les Maliens de l’extérieur. Donc, il faudra aussi penser à recruter davantage, à mettre les militaires dans les meilleures conditions – conditions de vie et conditions de travail – pour que ce sentiment là se traduise par une réelle capacité de l’armée malienne à sécuriser et à défendre l’ensemble du territoire malien.

DW : Et est ce que vous pensez que les sanctions ont été prises le 9 janvier ont déjà des répercussions sur le quotidien de la population dans l’ensemble du pays ?

Mohamed Amara : D’un point de vue sociologique, je dirais que les sanctions ont créé autour des Maliens une sorte de sentiment d’adhésion au pouvoir de transition parce que les Maliens ont eu le sentiment d’être injustement sanctionnés. Il y a aussi, l’autre question importante, c’est que, du jour au lendemain, sur certains marchés, le prix des denrées alimentaires augmente. Il faut trouver des solutions aux aspirations sociales pour éviter le fait que la jeunesse malienne quitte le Mali pour un eldorado qui n’existe pas.

Sandrine Blanchard
Source: DW.com