Edito : Violations de la Charia

Le Mali est une République laïque, dans laquelle tous les habitants pratiquent librement leur religion. Certains n’en ont d’ailleurs aucune. Ils ne sont inquiétés par personne. La tolérance religieuse est de rigueur. Les musulmans, majoritaires, côtoient sans anicroches les autres confessions religieuses. Ils travaillent, fêtent, célèbrent les mariages et baptêmes ensemble, dans une harmonie parfaite.

Mais, depuis que des islamistes d’Ansar dine et du MUJAO ont mis pied, en mars dernier, dans la partie septentrionale de notre pays, les choses se sont gâtées: les mausolées des grands saints ont été dévastés dans la ville sainte de Tombouctou, et un couple non marié a reçu 100 coups de fouets dans la même ville, sur la place publique de Sankoré.

A Gao, un jeune a reçu le même nombre de coups de fouets pour avoir bu de l’alcool. Des jeunes ont été interdits de fumer, de jouer au football, de regarder la télévision ou d’écouter la radio. Le Rubicon a été franchi avec la lapidation à mort d’un couple, non marié, les parents de deux enfants, le 29 juillet à Aguel hoc, cercle de Tessalit, région de Kidal. Comme si cela ne suffisait pas, le mercredi 8 août dernier, des islamistes ont coupé la main d’un présumé voleur de moto dans le cercle d’Ansongo, situé au sud de la ville de Gao.

Voici des islamistes qui connaissent très mal la Charia et qui en font une application anormale et sélective. Sommes-nous dans une République islamique, pour prétendre appliquer la Charia? Que non! Leur première mission, après l’occupation de ces régions, aurait du être de tout faire pour mettre en place l’organisation sociale et politique d’une République islamique. Eux qui ne connaissent même pas bien le Coran, qui ne savent même pas bien faire leurs ablutions, sont-ils bien placés pour nous parler de la Charia? Que non encore. De quelle Charia, parlent-ils? Pas de celle d’Allah, celui que nous autres musulmans nous adorons.

Pour l’application de la Charia, il faut obligatoirement des préalables. Mais, comme nous sommes en face d’individus ignobles, qui ne veulent rien comprendre, si ce n’est la logique de leur folie meurtrière, rien ne nous étonnera plus.

Aussi longtemps que les politiciens de Bamako vont continuer à se battre pour des strapontins, cette situation demeurera, sinon même s’aggravera. Il urge, aujourd’hui plus qu’hier, que le pouvoir central, notamment le Président intérimaire, se hâte pour remettre de l’ordre dans la capitale, afin de préparer l’armée nationale, qui sera sans nul doute appuyée par des forces étrangères sur requête du Mali, incessamment attendue par l’ONU, pour bouter les islamistes de notre territoire.

Ce qui se passe au Nord du Mali est tout sauf l’application de la Charia. Ce sont, en fait, des violations de la Charia. Et, au nom de la Charia, les responsables eux-mêmes devraient être lapidés à mort. Mais, comme nous sommes dans un pays laïc, notre souhait est de les voir arrêtés, jugés et punis conformément à la législation malienne.

Chahana Takiou

22 Septembre 2012

(13 Août 2012)