Edito : Le Mali, pays des crises et des scandales 

Crise politique, crise sécuritaire, crise énergétique, crise économique et financière, crise de confiance, crise de gouvernance, la liste est loin d’être exhaustive. A ces crises gravissimes se sont ajoutés des scandales tant dans le recrutement à la police nationale que dans l’attribution des logements sociaux. Le Mali Koura annoncé Urbi et Orbi n’est-il pas en passe de devenir une grosse illusion tant les attentes ont été déçues et le grand espoir d’un Mali vertueux à vau-l’eau. Les autorités sont-elles conscientes du risque d’implosion si rien n’est fait dans un bref délai pour soulager la souffrance de la population, qui commence déjà à crier son ras le bol ? Du 9 janvier 2022, date du sommet extraordinaire des chefs d’Etats de la CEDEAO, au cours duquel le Mali a été lourdement sanctionné, jusqu’à nos jours les lignes n’ont pas bougé. Chaque partie reste campée sur sa position exacerbant la crise. Pour rappel la pomme de discorde entre le gouvernement malien et l’organisation sous régionale est le délai de la transition. Si pour la CEDEAO après les 18 mois consommés sans grandes réformes politiques ni institutionnelles, encore moins constitutionnelle, alors il ne serait pas opportun de prolonger encore longtemps et que pour les réformes annoncées 12 à 16 mois suffisent pour les réaliser et organiser des élections transparentes démocratiques et inclusives. Cette proposition de la CEDEAO n’a pas eu un écho favorable du côté de l’Etat malien qui a à son tour fait une contreproposition allant jusqu’à 5 ans pour, dit-il, parachever les gigantesques chantiers ouverts ou qui sont sur le point de l’être. Le Gouvernement malien défend mordicus ce délai qui ne pourrait être réduit que d’un an seulement, parce qu’il serait  la proposition voir l’une des recommandations phares des Assises Nationales de la Refondation, ANR, souverainement organisées par le peuple. Face à ces deux positions irréconciliables, à quel camp pourrait-on attribuer le blocage pour un compromis au grand bonheur du peuple malien ?  

La réponse est sans nul doute les autorités maliennes, qui non seulement ont été mal inspirées, mais aussi et surtout n’ont pas tenu compte des souffrances du peuple qui subit les affres des sanctions.  Mais face à la grogne sociale, aux différents scandales à répétition tout semble indiqué que le réveil sera brutal pour nos autorités si elles continuent à jouer la politique de l’autruche. Elles ont l’obligation de trouver dans un bref délai une issue favorable avec la CEDEAO afin que les sanctions soient progressivement levées. Car, il faut le reconnaitre, ces sanctions ont des lourdes répercussions sur le quotidien des maliens qui dans leur écrasante majorité, broient aujourd’hui du noir. La situation devient intenable. En effet, excepté la montée en puissance de l’armée, les autres domaines de la vie du pays sont quasiment inertes. La question que l’on est en droit de se poser est celle de savoir comment nos autorités pourraient se plaire dans cette situation chaotique que vit le Mali au point de donner l’impression que tout va pour le mieux du monde ? Ainsi du délestage couplé à la canicule du mois d’avril et rendant la vie difficile aux citoyens ; en passant par le manque de ressources financières le verre est déjà à moitié plein. Que dire de la crise sociale qui touche pratiquement tous les ménages avec certaines denrées de première nécessité qui deviennent de l’or, car réservées aux privilégiés et aux plus fortunés. A cette crise sociale aigue se sont ajoutées la crise politique et celle de la gouvernance. Désormais la classe politique est  fracturée tout comme la société civile, rendant les réformes quasi impossible qui finiront par être renvoyées aux calendes grecques. La crise de gouvernance avec des scandales à répétitions, car après celui des logements sociaux, le recrutement des élèves sous-officiers au sein de la police a défrayé la chronique. Aujourd’hui le Mali Koura scandé à grands renforts médiatiques a cessé d’être une lueur d’espoir, pour devenir simplement un leurre et un slogan creux.

Youssouf Sissoko   

Source: L’Alternance