Droits de l’homme Les victimes de la crise malienne souffrent du manque d’accompagnement

L’hôtel Onomo de Bamako a abrité les 3 et 4 juin 2016, les travaux de l’atelier national d’échange entre la Coordination nationale des associations de victimes (CNAV) et la commission vérité, justice et réconciliation (Cvjr).
Cet atelier, organisé par ABA ROLI (Initiative état de droit de l’Association du Bareau Américain) en collaboration avec ses partenaires dont la division des droits de l’homme de la Minusma et la CVJR a pour objectif global d’échanger sur le rôle des victimes dans le processus de justice transitionnelle ainsi que sur le plan d’action de la CNAV en vue de sa participation effective au processus de réconciliation du Mali.
La cérémonie d’ouverture était présidée par le 2ème vice-président de la CVJR, El Hadji Sidi Konaké en présence du directeur pays d’ABA ROLI, Lury Nkouessom, du représentant du ministre de la justice et des droits de l’homme, Christian Idrissa Diassana et d’autres personnalités.
Le Mali a connu en 2012 la plus grave crise de son histoire postcoloniale.
En effet, après les massacres d’Aguelhoc, les prises et l’occupation des villes de Kidal, Gao et Tombouctou au Nord du pays, le coup d’état du Mars et le contre coup des 30 avril et 1er Mai 2012, les institutions ont été véritablement mises à mal. En 2013, la reconquête par l’opération Serval, les Forces Armées Maliennes et la MISMA a eu aussi son lot de victimes tant par la coalition pro-malienne que par les groupes armés en débandade.
En 2014, avec l’appui technique et financier de Freedom House et ABA-ROLI deux ONG américaines, certaines organisations de défense et de promotion des droits humains ont mis en place le Réseau des Défenseurs des Droits Humains(RDDH).
Le réseau ainsi mis en place a procédé au monitoring et à la documentation des cas de violation des droits humains dans les régions de Koulikoro, Ségou, Mopti, Tombouctou, Gao, Kidal et le District de Bamako.
Face aux difficultés qu’ont les victimes de la crise à se faire entendre dans le processus de réconciliation, le RDDH a initié un projet pour la mise en place d’une Coordination Nationale des Victimes et Associations de Victimes (CNAV) dans les régions précitées. Cette coordination a été portée sur les fond-baptismaux le 28 Janvier 2016 en présence de deux délégués de chaque région. Selon le directeur pays d’ABA ROLI, Lury Nkouessom dans son discours d’ouverture, l’objectif global de la rencontre est d’échanger sur le rôle des victimes dans le processus de justice transitionnelle ainsi que sur le plan d’action de la CNAV en vue de sa participation effective au processus de réconciliation du Mali déjà initié.
Avant de citer quelques objectifs spécifiques qui sont entre autres : l’identification les opportunités à saisir en vue de la prise en compte des préoccupations réelles des victimes notamment dans la recherche de la vérité et l’accès à la justice ; l’échange sur les perspectives de la CNAV ; l’amélioration de la structuration de la CNAV et les canaux de communication avec les coordinations régionales.
Et enfin, le renforcement les relations institutionnelles et structurelles entre la CNAV et la CVJR.
Par ailleurs, Lury Nkouessom a souhaité la réalisation de la paix au Mali. Pour sa part, la présidente de la CNAV, Mme Haïdara Amina Maïga a souhaité l’aide en direction des victimes et l’assistance juridique.
« Les gens meurent par manque d’accompagnement. Les victimes sont dans l’urgence car le besoin humanitaire est immense », a-t-elle dit.
En outre, elle a invité la CVJR à impliquer les victimes dans toutes ses activités. Quant à Me Seydou Doumbia du Réseau des Défenseurs des Droits Humains (RDDH), il n’y aura pas de paix sans la conjugaison des efforts.
Le représentant du ministre de la justice, Christian Idrissa Diassana, a déploré le fait que les droits de l’homme sont bafoués partout au Mali.
Le vice-président de la CVJR, El Hadji Sidi Konaké a informé les 40 participants qu’une sous commission de soutien aux victimes est désormais en marche au sein de la CVJR.
Pendant les deux jours, les participants ont développé les questions relatives au rôle de victimes dans le processus de réconciliation ainsi que celle des réparations et la relation entre la CVJR et les Associations de Victimes.
A la clôture, l’une des recommandations faites par les participants est l’établissement d’un cadre de partenariat entre la CVJR et CNAV.
Aguibou Sogodogo
Source :Le Republicain.06/06/2016.