Dioncounda à Niamey / Le président malien sur son pied de guerre

Programme maintenu malgré l’attentat contre Gamou

L’agresseur de peau noire a stoppé sa moto devant la maison du colonel et a ouvert le feu à la vue de celui-ci, criant Allah Akbar et tirant deux balles qui rateront leur cible, avant d’être maîtrisé par deux aides de Gamou. L’un d’eux blessé se soigne à l’hôpital. L’assaillant, lui est aux mains des autorités nigériennes. Sa pièce d’identité a été établie à Banibangou à la frontière Mali-Niger et pourrait bien être un faux, préviennent les hommes de Gamou pour lesquels le commanditaire de l’attentat pourrait bien être au Nord. Mnla, Aqmi, Mujao ? Tout est possible. Mais les regards convergent surtout vers Ansardine que dirige le redoutable Iyad Ag Ali qui ferait bien, semble t-il, la peau à l’Imrad qu’il connut sur les fronts de la légion Kadhafiste dans les années 1980 et qui fut son ami inséparable et plus tard son ennemi irréductible. Toute la matinée du dimanche, il s’était agi de savoir si Dioncounda Traoré devait maintenir sa visite des troupes du Colonel Gamou sur la route de Saye en raison de l’attentat. A 14h, à la table où il déjeunait avec le président du Niger, le président Traoré appelle Gamou et lui dit : « je vais aller saluer tes troupes ».

Entretiens avec les autorités nigériennes

Premier acte de la visite de Dioncounda Traoré : un tête à tête avec son hôte. Et si rien n’a filtré de cet entretien, il est aisé d’imaginer, au lendemain du rapport glaçant de Ban-Ki Moon, que les échanges ont porté sur la crise malienne. C’est ce que laisse deviner le communiqué final de la séance de travail qui a réuni, dimanche matin, les délégations nigérienne et malienne constatant l’identité de vue entre les deux pays et soulignant l’urgence d’une action radicale pour rétablir l’intégrité territoriale du Mali et enrayer la menace terroriste dans le Sahel. Ensuite, second tête à tête entre les présidents Issoufou et Traoré dans la mi-journée du même dimanche. Il aura duré trente minutes avant d’être élargi aux délégations. Le communiqué conjoint au sommet sanctionnant cette séance est bien la première que le Mali cosigne avec un autre pays depuis le 22 mars 2012.

La carotte mais plus sûrement le bâton

On y redit que le dialogue est une option mais que la guerre ne saurait être exclue. Une position réaffirmée dans la conférence de presse des deux Chefs de l’Etat. Avant dernier point avant le diner offert dimanche soir à la délégation malienne, le président Traoré a rencontré la communauté malienne. S’il répète son offre de dialogue et sa préférence pour un règlement pacifique de la crise, Dioncounda Traoré  n’a pas mâché ses mots. Si la guerre est la seule issue, il la fera, rappelant cette constante de ses adresses successives. Un président sur le pied de guerre ?  Nul doute. D’ailleurs, il a été précédé à Niamey où par une délégation d’officiers supérieurs auprès des forces maliennes dans la capitale nigérienne.

 

Et comme lors de sa visite au Qatar, Dioncounda Traoré a fait ce déplacement le ministre de la Défense,  le Général Yamoussa Camara. Egalement de la mission, le ministre des Affaires Etrangères, Tieman Coulibaly. Celui reprend ce lundi le chemin de Ouaga à la tête d’une mission de  prise de contact avec les mouvements rebelles du Nord Mali, Mnla et Ansardine. Tiebilé Dramé, ancien ministre de la transition qui fut impliqué dans les négociations de 1992 pour le Pacte National fait partie de ce voyage burkinabé qui intervient après une sortie dépitée du Fdr, le front anti-putsch contre le rapport de Ban-Ki Moon au Conseil de Sécurité. Un rapport que le Fdr -dont sont membres les partis de Tiebilé Dramé et de Tiéman Coulibaly- juge déséquilibré et mal informé et que les Présidents malien et nigérien ont fustigé  dans leur communiqué conjoint.

Adam Thiam, à Niamey

Le Républicain Mali 03/12/2012