La guerre hybride est une stratégie combinant des opérations militaires
conventionnelles, des cyberattaques, la désinformation, des pressions
économiques et des ingérences politiques. Elle vise à affaiblir un État en
exploitant ses vulnérabilités.
Face à cette menace, il est crucial que les Forces armées maliennes (FAMa)
et les forces vives conjointes de la Confédération de l’Alliance des États du
Sahel (AES) adoptent une approche multidimensionnelle. Ce qui doit se
traduire par le renforcement des capacités de défense et de résilience
nationale, et la sécurisation des infrastructures stratégiques.
En effet, les infrastructures critiques (réseaux électriques, télécommunications,
approvisionnement en eau et en nourriture…) sont des cibles privilégiées des
guerres hybrides. Leur sécurisation passe par la diversification des sources
d’approvisionnement afin d’éviter la dépendance énergétique ou
technologique ; le renforcement des systèmes de cybersécurité pour éviter les
cyberattaques destructrices ; et des exercices réguliers de simulation de crise
pour tester la résilience du pays.
La modernisation des forces de défense est aussi une stratégie pour faire face
à une guerre hybride. A ce titre, les armées doivent adapter leur doctrine en
intégrant une meilleure coordination entre les forces armées, les services de
renseignement et la police ; utiliser de nouvelles technologies (drones,
renseignement par intelligence artificielle) et des unités spécialisées en
cyberdéfense et en guerre informationnelle…
La lutte contre la désinformation et la résilience cognitive sont aussi
essentielles pour gagner cette guerre. Mais, cela nécessite d’investir dans
l’éducation aux médias pour favoriser l’émergence d’un esprit critique. Et cela
est d’autant plus essentiel que la manipulation de l’information est une arme
redoutable dans les guerres hybrides. Il est donc essentiel de renforcer
l’éducation aux médias dès l’école pour apprendre à identifier les fake news
(fausses nouvelles) et la propagande ; former les journalistes et les citoyens à
la vérification des sources ; encourager la transparence des plateformes
numériques pour limiter la diffusion de fausses informations.
Pour les besoins de la cause, il faut également une communication
gouvernementale proactive. Les États doivent être capables de réagir
rapidement aux campagnes de désinformation en développant des cellules de
communication stratégiques capables de diffuser des informations vérifiées en
temps réel ; en utilisant les réseaux sociaux et les médias classiques pour
lutter contre la propagande étrangère.
Face aux menaces sécuritaires hybrides, il est aussi important de protéger le
tissu économique et de sécuriser des intérêts nationaux. Une indépendance
économique relative étant nécessaire pour éviter les pressions extérieures,
des mécanismes de contrôle sur les investissements étrangers dans les
infrastructures sensibles doivent être mis en place. Tout comme le soutien aux
industries stratégiques (semi-conducteurs, défense, énergie…) peut limiter la
dépendance des puissances étrangères.
Protéger les entreprises contre l’espionnage industriel et les cyberattaques via
des partenariats public-privé est aussi un aspect non négligeable dans ce
combat. Il est donc essentiel de développer une culture de cybersécurité dans
les entreprises avec des formations et des audits réguliers. Tout comme il est
indispensable de consolider la coopération internationale et de nouer des
alliances stratégiques. Notre pays doit par exemple renforcer les alliances
militaires et économiques avec la Russie, la Chine, la Corée du Sud, la
Turquie, le Japon, l’Iran… D’autres alliances sont essentielles pour contrer les
menaces hybrides, notamment celles qui favorisent les échanges
d’informations et de renseignements pour identifier les menaces et anticiper
les attaques.
Nous devons aussi aider les partenaires à renforcer leur résilience pour éviter
qu’ils ne deviennent des maillons faibles exploités par des adversaires. Et,
enfin, se préparer contre la guerre hybride nécessite une approche globale
intégrant la défense militaire, la cybersécurité, la lutte contre la désinformation,
la protection de l’économie et la coopération internationale. La clé réside dans
la résilience et un État capable d’absorber les chocs et de réagir rapidement
sera moins vulnérable aux stratégies hybrides de ses adversaires !
Macky Cissé
Consultant politique indépendant et expert en géopolitique
diasporaction.fr