Declaration de politique génerale du premier ministre Abdoulaye Idrissa Maïga : Quelles retombées pour IBK en 2018 ?

Avec un gigantesque plan de développement validé jeudi 15 juin 2017 par la majorité écrasante des députés, Abdoulaye Idrissa Maïga ambitionne de relever la cote de popularité du président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, avant les élections de 2018. Le Premier ministre parviendra-t-il à faire en treize mois ce que ses prédécesseurs n’ont pas pu réaliser en quatre ans ? Décryptage d’une DPG aux allures de plan de sauvetage d’un mandat!

Trois mois après sa nomination à la Primature, le Premier ministre Abdoulaye Idrissa Maïga a enfin dévoilé le lundi 12 juin 2017 sa Déclaration de politique générale (DPG) devant l’Assemblée nationale conformément à la tradition constitutionnelle. Le document de 45 pages s’articule autour de quatre axes majeurs à savoir : le parachèvement de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, l’apaisement du climat social, la mise en œuvre du Programme présidentiel d’urgences sociales, et l’adaptation de la diplomatie malienne aux exigences de la place du Mali et de son rôle dans les questions sous régionales, régionales et internationales.

Les dotations budgétaires mobilisables au titre de cette déclaration de politique générale sont estimées à 2 201,164 milliards de F CFA contre 1 682,829 milliards de F CFA en 2017. Elles couvriront l’ensemble des cinq secteurs intervenant sur les quatre axes prioritaires du gouvernement.

Sans doute au regard du texte qui fait la part belle à l’amélioration des conditions de vie des Maliens, une réalité saute des yeux : le gouvernement en place a entendu le cri de détresse des Maliens clairement exprimé ces derniers temps dans la rue et a la volonté d’apporter des solutions à hauteur de souhait. Pour preuve, dans sa déclaration de politique générale, le patron de la Cité administrative met les aspirations des Maliens au cœur de ses actions après avoir posé un diagnostic rigoureux.

En témoigne les premières lignes de cette politique largement consacrées à la recherche de l’apaisement du climat social marqué par des grèves à répétition. « Je puis vous donner l’assurance que la satisfaction des aspirations légitimes (du peuple malien) restera la boussole de mon équipe qui s’engage à accomplir la mission qui est la sienne avec comme fil conducteur le dialogue social », a déclaré d’emblée le Premier ministre.

Pour se donner les moyens de ses ambitions, le gouvernement conduit par Abdoulaye Idrissa Maïga prévoit d’entreprendre une série de conférences sociales. Ainsi, une table ronde sera organisée successivement sur la problématique salariale, sur l’éducation, sur la santé et sur l’enseignement supérieur.

Avec cette approche sélective, de prime abord favorable aux secteurs de hautes tensions sociales, le chef du gouvernement reste irréfutablement cohérent dans sa détermination à refroidir le front social. La création prochaine du Conseil national du dialogue prévue dans la DPG lui permettra de garder une oreille attentive sur les préoccupations des Maliens, leurs attentes. Histoire de ne plus laisser les crises sociales pourrir pour ensuite penser à y remédier.

Course contre la montre !

Outre le front social, le gouvernement d’Abdoulaye Idrissa Maïga est aussi très attendu sur la question cruciale de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale au Mali.

Plébiscité en 2013 pour résoudre efficacement la crise sécuritaire du nord, cette question demeure encore le talon d’Achille de la gouvernance d’IBK quatre ans après.

Sur ce terrain, le gouvernement d’Abdoulaye Idrissa Maïga veut réussir là où trois de ses prédécesseurs ont tristement échoué. Pour ce faire, il propose un plan marshal qui s’articulera autour de trois actions : Action Kidal, Action Delta du Niger et Action Boucle du Niger.

Pour ce travail d’Hercule, le Premier ministre jette son dévolu sur une mission de bons offices afin de rendre effective la présence de l’Etat à Kidal, la meilleure façon de stabiliser le centre du pays et surtout de consolider davantage le vivre ensemble.

Toutefois, on ignore presque tout des différents interlocuteurs de cette mission. En plus des ex-rebelles de Kidal, celle-ci négociera-t-elle avec les djihadistes maliens? Le document présenté par le Premier ministre manque cruellement de précision sur ce détail précieux pour les Maliens.

Cependant, pour la première fois, l’équipe gouvernementale actuelle évite de disperser les efforts en décidant d’attaquer le mal à la racine avec Kidal au centre de ses préoccupations. Il reste à savoir si elle peut compter sur la bonne foi des ex-rebelles de Kidal spécialisés dans la mesquinerie et la surenchère.

« Tout comme une maison, le développement de toute nation commence à la base », a-t-on coutume de dire. Visiblement forte de cette conviction, la déclaration de politique générale du Premier ministre Abdoulaye Idrissa Maïga s’attaque à réduire les inégalités entre les Maliens dans l’accès aux services sociaux de base pour la période 2017-2020 dans un vaste chantier dénommé « Programme présidentiel d’urgences sociales ».

Ce programme est essentiellement basé sur l’eau, la santé, l’énergie et les pistes rurales. En s’engageant dans cette logique qui, sans doute, mettra du temps avant d’impacter remarquablement sur le quotidien des Maliens, le gouvernement d’Abdoulaye Idrissa Maïga affiche véritablement sa volonté de faire profiter à tous les Maliens, où qu’ils soient, les retombées économiques du pays.

Ainsi en 2018, le gouvernement se propose de porter le taux d’accès à l’électricité en milieu urbain à 89% contre une réalisation de 80% en 2015 et de 31,23% contre 16,57% en milieu rural à la même année.

Le taux d’accès de la population à l’eau potable sera porté à 73% en milieu urbain et 65% en milieu rural.

Douze centres de santé communautaire seront transformés en centres de santé de référence ainsi que la transformation de l’hôpital Gabriel Touré en hôpital d’accueil, de tri et de stabilisation. Il est aussi prévu la construction des centres d’hémodialyse des hôpitaux de Mopti et de Kayes.

Au-delà, la DPG du Premier ministre Abdoulaye Idrissa Maïga s’attaque à la concrétisation des promesses de campagne d’IBK.

Ainsi, concernant l’aménagement des terres, le reliquat de 41718 hectares sur les 100 000 hectares promis par le président IBK sera réalisé.

S’agissant de l’emploi et de la formation professionnelle, 8500 projets de jeunes seront aussi financés.

Pour tout dire, le programme gouvernemental n’oublie aucun vecteur socioprofessionnel pour assurer le mieux-vivre des Maliens. Toutes choses qui font de cette déclaration de politique générale du PM, un programme gouvernemental gigantesque qui a le bénéfice de maintenir les Maliens dans la lumière de l’espérance au-delà du front social en ébullition à cause du mal-vivre et de la vie chère.

Reste cependant à savoir si l’équipe de 35 membres dirigée par le Premier ministre Abdoulaye Idrissa Maïga parviendra à relever le défi avant l’élection présidentielle de 2018. Car, c’est en cela que les Maliens la jugeront. Le compte à rebours a déjà commencé.

YZK