De Yamoussokoro à Ouaga : la Cedeao revisite la crise malienne

Sur la crise institutionnelle

Mais le président ivoirien rappellera qu’aux crises malienne et bissau guinéenne, la Cedeao a consacré pas moins de cinq sommets extraordinaires et une multitude de réunions ministérielles et techniques. En certains de ses points, le communiqué final du sommet ne laisse aucun doute sur l’agacement des présidents de la sous-région vis-à-vis de la situation au Mali où il a condamné des « forces sociopolitiques marginales visant à entraver le bon déroulement de la transition ».

Sachant que le diable y reconnaîtra les siens, les chefs d’Etat demandent que l’enquête sur l’agression contre Dioncounda aboutisse dans les plus brefs délais et que les résultats leur soient transmis. Ils insistent sur le retour rapide du président de la transition à ses fonctions et instruisent à la Commission de la Cedeao de pourvoir à sa sécurité. Ils fustigent également « la campagne visant à freiner le déploiement des troupes de la Cedeao et à imposer des leaders, ainsi que l’incitation à la désobéissance et à la violence par certaines factions de l’armée, de la classe politique et des médias partisans ». Le sommet déclare qu’il ne reconnaît ni le Cnrdre, ni le statut d’ancien chef d’Etat accordé au Capitaine Sanogo. Il reprend à son compte les injonctions onusienne et américaine exigeant « le retour des Militaires dans les casernes pour se consacrer à leur mission régalienne de défense de l’intégrité territoriale du pays ».

Sur le Nord-Mali

En son point 21, comme pour dire qu’ils ne blaguent plus, les présidents ont décidé de déclencher automatiquement l’imposition de « sanctions ciblées et générales déjà définies » contre toute personne contrevenant  à ses décisions. Ecoutant Cheikh Modibo Diarra sur son bilan, le sommet n’a pas pris de gants. Il demande au Premier ministre malien d’élargir son gouvernement à d’autres parties prenantes, – sans aucun doute, la classe politique- pour être plus inclusif.

Le 41è sommet rappelle également que la transition est partie pour durer seulement douze mois et revient sur la nécessité d’avoir une feuille de route précise pour la tenue d’élections acceptables. S’agissant du Nord, la Cedeao est, on ne peut plus, claire. Elle condamne « la terreur et l’insécurité aigue dans lesquelles sont maintenues les populations caractérisées par des exécutions sommaires, une répression violente des manifestations, des vols à mains armées, des viols, la profanation de lieux saints et de sites culturels ».  Le communiqué final cite explicitement Aqmi, Mujao, Boko Haram et Al Shabab et les accuse de vouloir créer au Nord-Mali un sanctuaire du terrorisme international.

Nouveau rendez-vous à Ouaga

Enfin, le sommet souhaite la mise en œuvre diligente de   la Micema (Mission Cedeao  pour le Mali) et à  cette fin, il a décidé  « de l’envoi immédiat d’une mission technique d’évaluation au Mali à l’effet de préparer le terrain » pour l’arrivée de cette  mission. « Afin de faciliter la mise en œuvre de ces objectifs, la Conférence mandate le Médiateur, avec le soutien du Groupe de Contact, à mettre urgemment en place un cadre de consultation avec la participation de toutes les parties prenantes notamment les forces vives et la société civile ».

Compaoré a décidé d’aller vite qui convoque ce 7 juillet à Ouaga une consultation sur la crise malienne.   Avec pour points saillants : la crise institutionnelle, la participation de la classe politique malienne à la transition, la question du Nord Mali.  Déjà les acteurs politiques et des leaders de la société civile se préparent à ce round décisif. Sur le Nord, ce lundi, il a été signalé la présence à Kidal du ministre burkinabé en charge de la médiation malienne,  Djibril Bassolé accompagné du député Algabass Ag Intalla du mouvement islamiste Ansardine  qui exécute, en ce moment, son plan de destruction des lieux de culte à Tombouctou. Et ce dans la foulée de son clash avec le Mnla à Gao qui a fait près de quarante morts le mercredi dernier.

Adam Thiam

Le Republicain