Crise du nord : ce que Bouteflika et IBK se sont dit à Alger

La visite effectuée à Alger par le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), les 18 et 19 janvier, a été éclipsée par deux événements médiatiques : l’annonce de la candidature de l’ancien Premier ministre, Ali Benflis, pour la présidentielle du 17 avril 2014, et le déroulement de la Coupe d’Afrique des nations de  handball (masculine et féminine).

IBK a beau être le premier chef d’État à fouler le sol algérien depuis l’accident vasculaire cérébral (AVC) d’Abdelaziz Bouteflika, le 27 avril 2013, son séjour algérois n’a pas passionné les médias locaux ni emballé le protocole d’État. Un vrai service minimum. Qu’on en juge. Arrivé en fin d’après-midi à l’aéroport Houari Boumédiène, IBK est accueilli par Abdelkader Bensalah, président du Conseil de la nation (sénat) qui  installe l’auguste invité dans une résidence d’État à Zéralda, puis le convie à un banquet. Le mot est sans doute fort. Une cinquantaine de convives, pas l’ombre d’un ambassadeur occidental, arabe ou africain. Le lendemain, une cérémonie de recueillement au Sanctuaire du Martyr avec dépôt de gerbe de fleur sur fond de requiem militaire, est suivie d’une séance de travail avec le Premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal, élargie aux membres des deux délégations.

Des trois ministres qui ont accompagné IBK à Alger, – Zahabi Ould Sidi Mohamed, ministre des Affaires étrangères, le général Sada Samake, ministre de la Sécurité, et Omar Diarra, ministre de la Réconciliation nationale – les deux premiers ont eu des pourparlers directs avec leur homologue algérien.

« Arrangements de sécurité commune »

Le 19 janvier, en début de soirée, toute la délégation malienne est reçue à Sidi Fredj dans le pavillon qu’occupe Abdelaziz Bouteflika, pour une audience qui durera moins d’une heure. Juste assez pour la publication d’un communiqué commun sanctionnant la « visite de deux jours du président Keïta à Alger », pendant laquelle, avec son homologue algérien, il a été décidé de « créer de nouveaux mécanismes permettant de renforcer la coopération bilatérale. « Un comité algéro-malien a été ainsi institué devant tenir mensuellement une évaluation de la mise en œuvre des décisions en vue du règlement pacifique du Nord malien. Des « arrangements de sécurité commune », un programme spécial de développement des zones frontalières des deux pays et un appui humanitaire au profit des populations affectées par la crise malienne dans les deux pays ont été initiés par les deux présidents.

Quant à la médiation algérienne entre les différents mouvements rebelles du Nord et le gouvernement de Bamako, les deux chefs de la diplomatie ont saisi l’opportunité pour faire quelques mises au point. Pour Zahabi, « il n’y a ni négociations secrètes ni agenda caché, la démarche (algérienne) vise à pacifier le Mali et parachever le processus de Ouagadougou. » Quant à Ramtane Lamara, il a réitéré que pour son pays, « l’avenir du Mali est dans son unité nationale, son intégrité territoriale, dans la réconciliation nationale et la démocratie. »

Pour le téléspectateur algérien, la visite d’IBK aura tout de même permis la diffusion des premières images de leur illustre convalescent après son retour, le 16 janvier, du Val de Grâce. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que la « nette amélioration » annoncée par le communiqué de la présidence ne saute pas aux yeux.

Source: Jeune Afrique  20/01/2014 à 18:44 Par Cherif Ouazani