Crise à Yélimané : La population accuse, les élus se défendent

A la veille des élections législatives, des membres de l’association Yélimané Dagakaané avaient demandé aux candidats si ces derniers allaient réduire la Taxe pour le développement local et régional (TDRL). Mais le député élu à Yélimané, Mamadou Awa Gassama, a déclaré samedi 14 mai à la presse que cela n’a pas été possible. Ce fut alors le divorce avec Dagakaané ; et les choses tendent à se politiser.

Mamadou Awa Gassama a accusé le ministre Abdramane Sylla de tirer les ficelles du mouvement de colère des populations de Yélimané et de sa diaspora. L’honorable Gassama a tenu ces propos en indiquant que la réduction de la TDRL est impossible au regard de la loi.
Pour Gassama, il n’y a aucun doute que Dr Abdramane Sylla, le ministre des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration africaine, est l’homme orchestre d’une tentative en cours pour que le cercle de Yélimané échappe à la coalition URD-ADEMA. Ces deux partis se partagent la majorité des conseillés communaux ; et les députés du cercles sont issus des rangs de cette alliance effectuée au moment des législatives dernières.

A en croire l’honorable Gassama, Dr Sylla (dont il a évoqué le nom trois fois) est un baron du Rassemblement pour le Mali (RPM) serait en manœuvre à travers Yélimané Dagakané. «Abdramane Sylla a dit que IBK a demandé de récupérer deux cercles. J’ai enregistré ce qu’il a dit », a déclaré le député élu à Yélimané pour qui Sadio Niakaté, l’un des hauts responsables de Dagakaané, est un membre du bureau local du RPM.

La position de Gassama peut paraitre paranoïaque, mais le député est joint dans sa critique par son colistier Amada Soukouna et l’honorable Dédéou Traoré qui est élu à Nianfunké. Plusieurs ministres seront ainsi interpellés à l’Assemblée nationale très bientôt dont les ministres des Finances, de l’Administration territoriale et des Maliens de l’Extérieur.

Amada Soukouna, l’autre élu de Yélimané, reconnait le droit de Dagakaané à l’existence mais il estime que les militants de l’association doivent abandonner l’idée de la réduction de la taxe en question. C’est le code général des impôts du Mali qui a fixé le montant de la DTRL pour chaque cercle en 1995. Ainsi, l’article 294 de cette loi fixe ladite taxe à 2 15 F pour le cercle de Bafoulabé, 1 700 F pour Diéma et 2 135F pour Yélimané.

Mais toutes les régions du Mali ne sont pas logées à la même enseigne en matière de fiscalité, selon l’honorable Dédéou Traoré. Quant à Yélimané, tous ont reconnu que les populations avaient souscrit au payement de 1000 F pour la construction d’un pied-à-terre pour le général Moussa Traoré qui avait demandé cette contribution lors d’un voyage dans les 80 où il avait dû être accueilli sous un hangar alors que des mosquées et buildings foisonnaient dans les villages.

Le problème est qu’après le départ de Moussa Traoré, le code général des impôts qui a été adopté pour fixer les montants de la TDRL fut un nouveau départ. Malheureusement, les populations ne savent pas que les montants ont été fixés en fonction du niveau économique de chaque région. C’est ainsi que dans la région de Tombouctou, Diré paye 875 F comme DTRL.

Mamadou Awa Gassama a toutefois demandé à Yélimané Dagakaané de se joindre aux élus locaux pour le développement de la zone. En attendant, les militants de l’association, les représentants de l’Etat et les élus locaux restent divisés.

Les populations estiment que dans d’autres localités du Mali les communes font plus d’investissements, tandis qu’à Yélimané c’est la diaspora qui se charge de tout. Les maires et les députés se défendent en disant que la taxe ne suffit pas, et que plusieurs communes accusent des retards de salaire.

Soumaila T. Diarra
Source: Le Républicain-Mali 16/05/2016