CORRUPTION ET LA DELINQUANCE FINANCIERE

Pourquoi ces fléaux ne reculent pas au sein de l'administration et de la
société maliennes ?

La lutte contre la corruption dans ce pays est comparable à une
comptine bien chantée, un slogan très diffus et une préoccupation ayant
une place centrale dans l'agenda de nos dirigeants et de certains
organismes de la société civile.

Alors que sa progression ne cesse s'affirmer au fil des ans, comme font foi les
différents rapports de vérifications du BVG (Bureau du Vérificateur général), et
malgré les procès retentissants devant les juridictions de la nation concernant
certaines affaires sulfureuses comme celle dite de l'avion présidentiel et des
équipements militaires, les mesures ne sont jamais dissuasives ! Mais
pourquoi la corruption et la délinquance financière ne reculent pas au sein de
l'administration et de la société maliennes ?
On parle souvent d'un mal profondément ancré dans la mentalité de l'homme
Malien, une habitude difficile à circonscrire à cause bien évidemment des
enjeux qui entourent la problématique, touchant presque toute la sphère de la
société. Il y a l'appât du gain et la possibilité de s'enrichir rapidement au
détriment de la vache à lait, c’est-à-dire l'État et son Trésor public qui
n'appartiennent à personne en particulier et se trouvent par la même occasion
à la disposition de tous.
C’est une situation qui nous interpelle tous sur le plan moral et religieux parce
que, au Mali, on est des croyants et chacun d'entre nous a reçu une éducation
familiale basée sur la probité et les autres valeurs humaines. Partant de ce
constat, il est indéniable que le durcissement et la diversification des
mécanismes de répression contre ce fléau deviennent une réalité afin d'aboutir
à une évolution pouvant réellement changer les choses. Nous vivons une
situation qui a toujours favorisé la division des Maliens sur bien des plans,
notamment l'écart de revenus entre les citoyens de ce pays.
En effet, le fossé continue de se creuser entre différentes couches de la
société et ces inégalités ne sont pas anodines. Elles sont le reflet d'une
mauvaise répartition des richesses nationales avec une accumulation
ostentatoire de biens privés aux origines souvent douteuses, au milieu d'un
océan de misère constituant ainsi aux yeux du commun des mortels des biens
mal acquis à profusion un peu partout. Et en face, nous avons une couche de
marginalisés qui continue de croître dans l'indifférence aux quatre coins du
pays.
Cette situation commence ​à effrit​er sérieusement la paix et la cohésion
nationale parce que, dans cette affaire, les laissés pour compte sont
fréquemment récupérés par les Groupes armés qui sévissent dans notre pays,
dans une logique de renforcement de leur capacité de nuisance. Quand nos
autorités évoquent une complicité dont jouissent les Groupes armés terroristes
(GAT) dans leurs desseins machiavéliques, c'est bien évidemment une réalité

qui se nourrit des tares, voire des excès de notre de système de gouvernance
qui, aux yeux de certains citoyens, est une foire d'injustice. Et cela tant les
sommes englouties à ce niveau sont jugées excessives, alors que les priorités
sociales ne connaissent pas d'améliorations satisfaisantes.
Les dérapages budgétaires des institutions de la République, dont beaucoup
sont inutiles, conjugués aux préjudices financiers découlant des
détournements du denier public donne le frisson à plus d'un, quand on sait
que cet argent pouvait être utile à la réalisation de nouvelles infrastructures
dont le pays a cruellement besoin pour son émergence économique. Cet
argument est le plus partagé parmi les partisans du soulèvement armé contre
l'autorité de l'État et même des plus pragmatiques des Maliens tapis dans
l'ombre. La survie et l'émergence du Mali Kura tant chantée nécessite
forcément une action vigoureuse des tenants du pouvoir actuels pour inverser
la tendance de l'enrichissement illicite, de la corruption et du vol de l'argent
public.
Il faut, en plus des sanctions judiciaires, amorcer celles pouvant conduire à la
radiation pure et simple des contrevenants de notre administration. Que
toute​ personne coupable d'un tel délit soit par exemple frappée d'une longue
peine d'inéligibilité qui peut mettre définitivement fin à sa carrière politique et
administrative. C’est ce qu’on constate en Europe occidentale, avec
notamment le cas de François Fillon en France. Candidat favori à la
présidentielle française de 2017, il a été condamné par la justice pour des
malversations financières ayant conduit à sa mise à l'écart du jeu politique
hexagonal.
Au Mali, c'est très courant de voir des élus purger leurs peines puis revenir
aux affaires. Cela est moralement inacceptable. Même la peine de mort pour
ceux qui touchent illégalement le denier public serait compréhensible, comme
en République populaire de Chine. Ces mesures, quoique douloureuses, sont
aussi des paravents contraignants pour préserver l'intégrité du bien public afin
d'assurer le vrai développement du pays. Après tout, il faut bien casser les
œufs pour faire une omelette non ? Et incontestablement, les droits de
l'Homme vont de pair avec les devoirs du citoyen. Le respect strict des deux
est donc primordial !
Thierno Barro
Communicateur à Missabougou

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