Convention nationale:L’initiative du capitaine Sanogo divise les Maliens

Face au blocage et en l’absence de solution de sortie de crise négociée avec la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), le capitaine Amadou Haya Sanogo a proposé l’organisation d’une convention avec les Forces vives de la nation pour choisir le président de transition, jusqu’à l’élection du prochain chef de l’Etat malien. Une proposition faite le lundi 14 mai lors d’un point de presse animé au Camp Soundiata de Kati, le QG de la junte depuis son putsch le 22 mars.

 

Et comme s’y attendaient de nombreux observateurs, cette proposition est rejetée par le front anti-putsch, notamment par les leaders du Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et de la République (FDR). « Le Front ne s’associera à aucune initiative tendant à valider ou à légitimer le coup d’Etat », prévient Tiébilé Dramé, membre du FDR (un front du refus créé au lendemain du putsch qui a renversé le président Amadou Toumani Touré) et président du Parti pour la renaissance nationale (Parena).

A l’image de M. Dramé, ils sont nombreux les leaders de la classe politique malienne qui ne veulent pas entendre parler de cette convention nationale. A leur avis, « la Constitution doit être respectée », c’est-à-dire que la mission du président de la République par intérim doit être prolongée jusqu’à l’élection du prochain président de la République du Mali.

« Ce n’est pas une convention, organisée à la va-vite, donc bâclée, qui peut permettre aux Forces vives de prendre des décisions importantes pour sortir le pays de l’impasse actuelle », défend un responsable de la jeunesse du FDR. « C’est la position contraire qui nous aurait surpris. Ce n’est pas la première fois que la junte propose une convention nationale. L’idée avait été brandie une première fois pour empêcher le retour à l’ordre constitutionnel », ajoute-t-il.
Mais, face au refus du FDR d’y participer, les putschistes avaient renoncé à cette initiative avant de se plier aux injonctions de la Cédéao et de la communauté internationale. Ces derniers jours, l’idée d’une convention nationale a refait surface avec les partis et associations qui forment l’aile politique de la junte au pouvoir depuis le 22 mars.

« La junte réunie au sein du CNRDRE veut aujourd’hui contourner la Cédéao, qui réclame sa dissolution et se maintenir au pouvoir pendant la transition. Mais, ce qu’elle ignore, c’est sa dissolution qui est réclamée par la communauté internationale. Cette junte avait brandi son coup d’Etat comme une solution malienne aux problèmes du pays. Celle-ci, malheureusement, a montré ses limites. Elle veut encore entraîner le pays dans une autre aventure sans issue. Parce qu’il ne faut pas se voiler la face, une convention nationale telle que proposée par le capitaine Sanogo ne s’organise pas en une semaine. Il faut une préparation méticuleuse pour que les travaux ne soient pas bâclés. Ce n’est donc pas du tout sérieux de faire une telle proposition à une semaine de la fin de l’intérim », ajoute-t-il.
Les Maliens sont de nouveau divisés.
B. D.

L’ Indicateur Du rneouveau 16/05/2012