CONSEQUENCES SOCIOECONOMIQUES DU CORONAVIRUS   Des personnes handicapées dans le désarroi total

La situation des personnes handicapées est passée du difficile à la survie en raison du Covid-19. Même si elles sont citées dans les mesures de protection comme le programme gouvernemental «un Malien, un masque», elles n’ont pas encore vu la couleur de cette aide. Pour le moment les masques sont livrés aux chefs de quartier et des organisations de personnes handicapées (OPH) qui essaient de trouver leur part. Sans compter les difficultés à exercer leurs activités pour ce qui avaient encore la chance de vivre de leurs propres moyens.

 

«A ce jour nous n’avons encore reçu aucun dispositif de protection comme les masques, gels, gants, savons pour les personnes handicapées». Le cri de détresse est de Mme Rokiatou Diakité, Secrétaire générale de la Fédération locale des Associations de personnes handicapées en Commune I (FELAPH-C1) et de l’Association des femmes handicapées entrepreneures (AFHE).

«Sans compter qu’une grande majorité des personnes handicapées physiques se trainent par terre pour se déplacer. Imaginez le risque de contamination avec les salives et les urines qu’ils ramassent», se préoccupe-t-elle.

L’impact négatif de la prévention et de la lutte contre le Covid-19 sur les personnes handicapées ne se limite pas au non accès aux mesures préventives. «Tout l’informel est bloqué alors que c’est le principal secteur d’activité des personnes handicapées», déplore celle qui est affectueusement surnommée Rose. «Personnellement je suis dans la même situation. Je n’ai mené aucune activité depuis le 10 mars 2020. Et ma situation n’est pas un cas isolé car elles sont nombreuses les personnes en situation d’handicap qui vivent le même drame», nous confie un interlocuteur.

Et d’ajouter, «nous avions espéré que le ramadan allait apporter un peu de bien être comme chaque année avec les donations des organisations humanitaires. Mais, hélas cette année, tout le monde est tourné vers COVID-19». Et pourtant, assure Rokiatou Diakité, «les donations du mois de ramadan représentaient les provisions de 3 mois pour les bénéficiaires. Les OPH recevaient des dons de l’Etat et des organisations humanitaires, notamment des denrées de première nécessité (lait, sucre, huile, riz, savon, boite de conserves, pate, datte, etc.) et des accessoires (fauteuil roulants, moto tricycles, béquilles, appareillage, etc.».

Ce qui fait que, regrette Rose très préoccupée, à ce jour «les personnes handicapées sont dans le désarroi total. Et cela d’autant plus que même ceux qui pratiquaient la mendicité de manière voilée ne peuvent plus se déplacer convenablement pour des raisons sanitaires». Et même s’il y a des programmes d’appui au secteur privé, «les personnes handicapées n’ont pas les moyens d’accéder à ceux-ci soit elles ne remplissent pas les conditions d’éligibilité, soit elles ne sont pas informées», déplore la Secrétaire générale de la Fédération locale des Associations de personnes handicapées en Commune I (FELAPH-C1) et de l’Association des femmes handicapées entrepreneures (AFHE).

Experte des questions «Genre, Handicap et Inclusion» Mme Rokiatou Diakité est rédactrice du Portail des Droits des Personnes Handicapées en Afrique de l’ouest (Portail/PROADIPH) ; présidente de l’Association pour le Renforcement des Capacités des Personnes Handicapées (ARCAPH) et de l’Association Malienne des Artisans en Situation de Handicap (AMASH). Membre de la Fédération malienne des associations de personnes handicapées (FEMAPH), Mme Rokiatou Diakité a dédié une grande partie de sa vie à la protection et à la promotion des personnes handicapées, surtout des femmes souffrant de différents handicaps.

Moussa Bolly

Le Matin