Classe politique : Les leaders religieux appellent à taire les divisions

À l’issue d’une rencontre chez le président du HCIM, les leaders religieux ont pris l’engagement de jouer toute leur partition pour la réussite de la Transition.

Ils ont rappelé à l’occasion nos valeurs culturelles et historiques de dialogue, de médiation et de résilience

Le 16 août dernier, des centaines de fidèles musulmans étaient rassemblés devant le camp I de la gendarmerie à Darsalam pour protester contre l’interpellation de deux imams par les forces de l’ordre à la suite d’une plainte déposée auprès du procureur de la République près le Tribunal de grande instance de la Commune IV du District de Bamako, Idrissa Hamidou Touré, régulièrement sollicité dans les affaires de dérives dans les réseaux sociaux. D’après nos informations, les plaignants sont membres de l’association Ançardine dirigée par le célèbre prêcheur Ousmane Chérif Madane Haïdara, président du Haut conseil islamiques du Mali (HCIM).

Tandis que les imams interpellés, Ibrahim Diaby et Mohamed Traoré, 3ème vice-président du HCIM, sont du courant sunnite ou wahhabite. D’après les explications du procureur, l’interpellation fait suite à une vidéo largement partagée sur les réseaux sociaux, dans laquelle les mis en cause auraient proféré des menaces de mort contre les plaignants dans un prêche. «C’est un faux problème», a estimé le procureur dans une interview accordée à un confrère.

N’eut été l’intervention de l’imam Mahmoud Dicko et d’autres leaders musulmans, le rassemblement spontané devant le camp I de la gendarmerie aurait pu dégénérer. L’ancien président du HCIM a appelé les uns et les autres au calme et surtout à ne pas tomber dans le «piège».
Les leaders religieux ont lancé un appel aux Maliens pour un sursaut national

Quelques heures plus tard, les membres de l’association Ançardine se sont réunis dans une mosquée dans le but de communiquer sur cette affaire impliquant certains de leurs proches. Au cours de la rencontre, le guide du mouvement Ançardine, Ousmane Chérif Madane Haïdara, a lui aussi appelé à l’apaisement. Souhaitant que cette affaire soit réglée entre musulmans, il a exprimé son désir de rencontrer l’imam Mahmoud Dicko.

La rencontre du 28 août dernier dans la résidence du guide de l’association Ançardine à Sébénicoro pourrait se situer dans ce cadre. Outre l’imam Mahmoud Dicko, il y avait également l’Archevêque métropolitain de Bamako, le Cardinal Jean Zerbo et le Délégué général de l’Association des groupements d’églises et missions protestantes évangéliques du Mali (Agempem), Révérend Nouh Ag Infa Yattara.

Dans un message rendu public ce lundi, ces leaders religieux ont lancé un appel aux Maliens pour un sursaut national, un changement de comportement et une mobilisation pour la paix et la stabilité. Ils ont rappelé que depuis 2012, notre pays traverse une crise multidimensionnelle de plus en plus complexe caractérisée par une dégradation de la situation sécuritaire. Cet état de fait a nécessité la solidarité de l’Afrique et de la communauté internationale qui sont au chevet de notre pays. Malgré tout, une crise sociopolitique a frappé notre pays en 2020 provoquant le départ du régime d’Ibrahim Boubacar Keïta en août de la même année.

Selon le communiqué, en cette période transitoire, les leaders religieux entendent jouer toute leur partition en rappelant nos valeurs culturelles et historiques de dialogue, de médiation et de résilience.
Pour ce faire, ils ont pris l’engagement de poursuivre leur mission spirituelle et patriotique, la main dans la main, pour la refondation de l’État et la réussite de la Transition. Ce, sans faire faillite à la prière pour la patrie.

Par ailleurs, les leaders religieux ont salué les efforts des autorités de la Transition. Ils ont exhorté le président de la Transition, le gouvernement, l’ensemble des institutions de la République, les organisations de la société civile, les partis politiques, les groupes signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation, les groupes armés en belligérance, chacun en ce qui le concerne, à prendre toutes les mesures en vue d’une transition apaisée, inclusive et consensuelle.

Oumar DIAKITÉ

Source: L’Essormali