Chronique du web : La transformation numérique de l’Enseignement supérieur en marche

Image illustrant le réseau internet.

Dans cette chronique, nous avons souvent ouvert la petite fenêtre d’opportunité pour appréhender, ne serait-ce que superficiellement, l’énorme potentialité de partenariat et d’interaction entre le binôme Enseignement – Transformation digitale. Depuis la nuit des temps, tous les Etats au monde ont compris que l’Enseignement – quels que soient les ordres – est un allié naturel de la science et de la technologie. Aujourd’hui, un boulevard naturel est créé entre ces deux entités dans toutes les Nations qui se respectent et veulent peser sur les affaires du monde. Y compris dans les pays émergents, les résultats de ce partenariat sont énormes et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils continueront de nous surprendre.

La chronique de ce jour m’a été inspirée par un rapport du CNNum (Conseil National du Numérique) de France rendu public ce mois même au titre fort évocateur : « Université numérique, du temps des explorateurs à celui de la transformation ». Ce rapport que je vous recommande vivement a été commandité en novembre 2015 par Thierry Mandon, Secrétaire d’Etat à l’enseignement supérieur et à la recherche (ESR), à l’effet d’identifier les axes de transformation numérique de l’Enseignement supérieur dans une “société apprenante”.

Ce rapport est une vraie mine d’or. Là-dedans, « le Conseil a identifié des thèmes récurrents qu’il a articulés en cinq polarités de transformation. Ces polarités constituent de grands répertoires d’actions sur lesquels chaque établissement peut prendre appui pour élaborer ou enrichir son propre scénario de transformation selon son contexte, sa stratégie, les attentes et la disponibilité des acteurs ». Ces cinq polarités portent sur :

– les lieux d’apprentissage ;

– les contenus pédagogiques et les données ;

– les recherches en éducation ;

– les services numériques ;

– les modèles économiques.

Le rapport du CNNum va jusqu’à proposer douze points clés « pour accélérer la transformation numérique des établissements d’enseignement supérieur et partager son sens avec tous les acteurs de l’Enseignement supérieur » :

1. Faciliter la mutation des lieux d’étude en lieux d’apprentissage coopératif pour des étudiants qui veulent travailler ensemble et partager leurs engagements. Avec les bibliothèques, sur les campus et en dehors, avec les collectivités et tous les espaces publics.

2. Accueillir les initiatives contributives des étudiants pour favoriser leurs apprentissages et développer découvertes et solidarités.

3. Ouvrir les accès à la littératie numérique et proposer des formations diverses, des sciences informatiques aux cultures numériques, aux humanités numériques et au “pouvoir d’agir”, pour tous les acteurs de l’Enseignement supérieur et de la recherche, étudiants, enseignants chercheurs, administratifs.

4. Affirmer le rôle de l’Université pour le développement et la protection des Communs des sciences et des savoirs.

5. Élaborer une politique de standards ouverts et évolutifs, normes et référentiels pour tous les documents utilisés et créés, condition de la valeur des plateformes documentaires et d’une politique des données.

6. Faire de la Formation Tout au Long de la Vie la clé de voûte de la pédagogie universitaire, englobant réellement la Formation Initiale.

7. Développer la recherche de l’Université sur elle-même, c’est-à-dire enrichir la stratégie prospective des universités et écoles par les recherches transdisciplinaires portant sur l’éducation et l’apprentissage.

8. Développer ces recherches-actions en partenariat avec la R&D des industries numériques, explorer les pédagogies numériques (jeu, réalité augmentée, sciences participatives), créer des incubateurs universitaires centrés sur l’éducation.

9. Créer une nouvelle fonction décisionnaire de “responsable de la transformation numérique”, pour une synergie entre l’enseignement et l’administration.

10. S’appuyer sur le design pour la conception de services numériques améliorant le bien-être et l’efficacité à l’université.

11. Affirmer la responsabilité de l’Enseignement supérieur et de la recherche au cœur d’une société qui évolue et crée de la valeur par le partage des savoirs de recherche

12. Développer une stratégie de recherche et de pédagogie sur les données qui se constituent dans les apprentissages, leur portée, leur potentiel, leur valeur.

Des rapports de ce calibre, il en existe des tonnes dans tous les domaines et sur tous les sujets…, mieux, en téléchargement libre. Tout le mal que l’on puisse souhaiter à nos autorités en charge de ces questions sensibles et fondamentales, c’est de se tenir informés régulièrement sur l’état de la littérature afin de ne pas ramer à contre-courant du progrès. En cela, j’ai une toute petite lueur d’espoir puisque je lis sur le compte twitter du Ministère de l’Enseignement Supérieur du Mali (‏@supenseignement) que @mandonthierry confirme sa participation à l’IDNEUF2 sur le financement du Numérique dans la Francophonie, avec CC @OIFfrancophonie @PresidenceMali

Serge de MERIDIO