Chronique du web : La passion d’une élection

Au fur et à mesure qu’approche la date fatidique du 29 juillet 2018, le volcan politique de
notre pays intensifie son éruption. Le magma qui était jusque-là visqueux entre en ébullition,
projette des matières dangereuses dans l’atmosphère et s’apprête à dévaler les pentes du
cône, brûlant tout sur son passage. Pourtant, notre pays est loin de la ceinture de feu du
Pacifique et, traditionnellement, nos mœurs politiques n’ont rien emprunté à la tectonique
des plaques. Qu’est-ce qui pourrait donc expliquer cette poussée de fièvre inquiétante qui,
malheureusement, donne l’impression que nous préférons focaliser notre énergie sur le
futile au lieu d’adresser l’utile.
Dans l’échelle de la comparaison, je ne trouve rien qui pourrait correctement appréhender,
mesurer, quantifier ou évaluer le match que s’apprêtent à jouer les maliens. Certes, c’est un
match crucial pour l’avenir de notre pays, mais son importance se mesure à l’aune de la
pollution morale, éthique et surtout audiovisuelle qu’il génère. Je constate, d’un point de
vue purement empirique – en l’absence de tout outil scientifique de mesure -, que la passion
des antagonismes voire des inimitiés prend le dessus sur la mobilisation saine qui sied à un
tel moment dans la vie d’une Nation. Il y a comme si certains acteurs ne se préoccuperaient
pas de l’état dans lequel les propos et surtout les actes qu’ils posent pourraient plonger le
pays avant, pendant et après le scrutin. Qu’il eut été plutôt sain de transformer cette
passion qui charrie toutes sortes de dangers en une formidable mobilisation dans les urnes
pour envoyer des signaux forts d’abord au peuple en proie à toutes sortes de doute, puis à
nos partenaires que nous pourrions désemparer par cette fièvre hémorragique à virus
« Mali » !
Dans ce jeu aux règles confuses, le rôle des Gourous, Guides et autres Prophètes
autoproclamés est trouble. Les vases des sphères de compétences respectives qui sont
certes juxtaposés sont devenus communicants. Ce qui fait que tout le monde se retrouve sur
tous les terrains, et tout le monde parle de tout sans en avoir l’expertise et sans mesurer les
conséquences de ses actes, de ses propos et de ses éventuelles consignes. En somme, un
capharnaüm dans lequel on s’engluerait à en perdre son âme. Cet alignement des planètes
qui ne devrait pas être sur la même orbite inquiète les citoyens sincères. Le cocktail
« Politiques-Religieux-Milieux d’affaires-Activistes-Mystiques » est si détonnant qu’il ne
permet pas de gérer les contentieux électoraux avec la sérénité requise.
Mais il se pourrait qu’on se fasse un sang d’encre pour « si peu » et que les appréhensions
qui nous préoccupent se dégonflent comme un ballon de baudruche.
Si j’étais doué de pouvoirs occultes à même d’influer sur le cours des évènements, j’irais
dans ce sens, par patriotisme et par amour pour notre vieux pays. Malgré les indices
concordants qui poussent à la confrontation, je suis convaincu que les Maliens qui ont un
sens élevé de leurs responsabilités devant l’histoire, ne franchiront pas le pas. Nous sommes
suffisamment intelligents pour ne pas embraser notre pays que nous-mêmes, nos enfants ou
nos petits-enfants sueraient sang et eau pour reconstruire. Le contraire serait une
malédiction dont on se priverait bien volontiers.
Serge de MERIDIO