Chronique du vendredi / Turbulences en phase-descente

Dans les deux cas épinglés, tant le Palu-TB que le Vih-Sida, les premiers responsables, en l’occurrence l’ancien ministre de tutelle Oumar Ibrahima Touré qui a démissionné depuis avant d’être inculpé quelques mois plus tard  et  le Secrétaire Exécutif du Hcnls, Malick Sène, jurent, la main su le cœur, qu’ils n’ont pas vu le rapport qui incrimine leur gestion. Pourtant dans cette affaire, notre pays aura été atteint dans son honneur. Le pire cadeau à un président sur le départ après tant de plaidoyer pour la vaccination, tant d’efforts contre le ver de guinée et tant d’infrastructures sanitaires. En somme, le rapport que nous évoquons souvent entre l’infrastructure physique et l’infrastructure immatérielle – les process, l’expertise et les valeurs- et qui nous a fait dire que la décennie Att aura moins de soucis avec son bilan physique que son bilan physique politique et moral.

Qui a besoin de victoires sur le dossier du Nord et  sur le front électoral. Concernant le Nord passé à la vitesse supérieure avec les rapts surréalistes de Hombori et Tombouctou, commençons par le cancer Aqmi, en termes d’image dégradante pour le pays, de  frictions avec nos partenaires et de manque à gagner pour une économie locale fortement dépendante d’un secteur touristique en chute libre. La «chimio » que se veut le Pspsdn  prévient sa métastase mais c’est dans la durée que le mal sera éradiqué. Puis il y a la parenthèse Mnla. Le ton monte avec les actes d’enlèvements d’engins pendant que les revendications indépendantistes du mouvement paraissent et agacent nos concitoyens. Elles n’avaient pas été absentes de l’argumentaire de la rébellion de 1990.

Mais contrairement à  1990, en 2011 la base sociale du mouvement est marginale. Sa justification politique est faible car si le Nord a besoin de bien plus et de bien mieux, personne ne peut reprocher à la 3è République l’indifférence qui a nourri les soulèvements passés. Plus grave, il manque encore le bémol que l’intelligentsia nomade avait su mettre à la posture sécessionniste des combattants de 1990. La situation est tangente, la turbulence sérieuse et le contexte des plus inflammables avec l’afflux inattendu de centaines de milliers de réfugiés revenus de Libye et dépassant la capacité de charge du Sahel.

Que la  communauté  internationale et la Libye doivent aider à gérer sa tragédie. En fait une crise silencieuse du droit international pour ceux de ces réfugiés naturalisés Libyens, employés en Libye et contraints de quitter leur patrie d’adoption. En tout cas, c’est plus Att le père du Pacte national qu’Att le commando que l’intérêt du pays réclame. La guerre étant une solution longue et ruineuse au regard des urgences signalées.

Autre front de turbulence en perspective, l’élection 2012. De Dioila, Att s’est voulu rassurant, qui a des oreilles partout et qui a dû entendre qu’il est l’ordonnateur du chaos au Nord simplement dans la seule logique de rester au pouvoir : « les élections se tiendront à la date constitutionnelle où le Mali aura un nouveau président ».  Or le défi n’est pas d’avoir un nouveau président mais un président bien élu à côté d’un référendum largement positif. Depuis sa marche d’hier, le front du non au référendum doit méditer sur sa capacité à mobiliser. Faire des élections propres partout  en particulier dans les trois régions Nord  -que vaudrait un président non élu par cette partie sensible de la nation ?- sera tâche bien plus ardue. Rien, il est vrai n’est au dessus d’une nation qui en veut. En tout cas, après dix ans dans un ciel serein et dégagé, voici que le vaisseau entre en turbulence à sa phase descente. Le changement d’équipage est annoncé. Mais il faut qu’utilisant tout son art et toute sa baraka, le commandant de bord réussisse un atterrissage en douceur.

Adam Thiam
Le Républicain 02/12/2011