Les autorités de transition au Mali ont abrogé, mercredi 30 avril, la charte des partis politiques. Une décision qui provoque stupeur et inquiétude chez les acteurs politiques, dans un contexte déjà tendu.
Le décret est tombé sans préavis : la charte des partis politiques, en vigueur depuis 2005, est désormais abrogée. Ce texte encadrait l’organisation, le fonctionnement et le financement des formations politiques au Mali. Si les autorités assurent que les partis ne sont pas dissous, la classe politique redoute un coup de frein brutal au pluralisme.
« C’est une manière déguisée de neutraliser la vie politique », accuse Boulan Baro, cadre du CNID Faso Yiriwa Ton. « On veut créer un vide juridique pour empêcher les partis d’exister concrètement. »
Vers une refonte totale du paysage politique ?
La décision intervient dans la foulée des Assises nationales de la refondation, qui avaient recommandé la dissolution pure et simple des partis. Une orientation clairement assumée par les militaires au pouvoir depuis le coup d’État d’août 2020.
Mercredi soir, le directeur général de l’administration territoriale, Abdoul Salam Diepkile, a tenté de calmer les esprits sur la télévision nationale :
« L’abrogation vise à anticiper sur les critiques concernant la prolifération des partis. Elle ne remet pas en cause leur existence actuelle. »
Mais dans les faits, les partis se retrouvent sans cadre juridique clair, à la merci d’une future loi qui pourrait redéfinir leur rôle — ou les écarter durablement du jeu politique.
Un pluralisme sous pression
Le pluralisme politique est pourtant garanti par la Constitution de 1992, toujours en vigueur. Pour les observateurs, cette abrogation relance le débat sur l’intention réelle des autorités de transition : refonder ou verrouiller le système ?
Selon une source judiciaire, la prochaine étape serait l’adoption d’un nouveau texte au Parlement de transition, avant une promulgation par le chef de l’État, le colonel Assimi Goïta.
En attendant, la méfiance grandit dans les états-majors. Et l’opinion s’interroge : le Mali s’éloigne-t-il, encore un peu plus, du retour à l’ordre constitutionnel ?
La rédaction
Diasporaction