Bras de fer entre les Transporteurs maliens et les autorités Sénégalaises Quand le ministre Sada S

Aussitôt les autres camions qui n’avaient pas quitté  encore le territoire le malien, ont annulé tout simplement leur voyage vers Dakar. Une façon de protester contre cette décision unilatérale des autorités sénégalaises vis à vis des transporteurs routiers maliens qui ne sont plus habiletés à faire le plein d’essence de leurs camions au Mali mais plutôt au Sénégal. Et pour avoir été solidaire avec  les transporteurs maliens en sa qualité du président du Conseil malien des transporteurs routiers(CMTR), Youssouf Traoré fut arrêté et violenté à son domicile à 21 heures comme un criminel de grand chemin et conduit à la BIJ avant d’être relâché après plusieurs heures d’interrogatoires musclés le 13 Février 2014. Une arrestation ordonnée par le ministre de la Sécurité, Sada Samaké alors que le transport routier ne relève pas de son département mais celui de l’équipement et des transports dirigé par Général Abdoulaye Koumaré. Pour en savoir plus nous avons rencontré le président du CMTR le 15 février dernier au siège de sa compagnie.

En effet le 9 Février 2014, 22 camions maliens furent bloqués et leurs chauffeurs arrêtés par les gendarmes de Kidira au motif qu’ils ont violé une décision de leurs autorités à savoir que les camions maliens ne doivent plus payer le gasoil carburant malien. Ce qui revient à dire qu’ils sont désormais obligés de payer le carburant sénégalais à défaut de voir leurs réservoirs vidés de tout  leur contenu sans oublier les contraventions liées à cette action.

 

Ce qui a été d’ailleurs fait où les réservoirs (principaux et  secours) de ces 22 camions ont été totalement vidés En plus de cette action sauvage, tous les documents des véhicules et les permis des chauffeurs ont été retirés de force par les gendarmes.  Informé de cette nouvelle, le président du  conseil malien des transporteurs routiers du Mali(CMTR), Youssouf Traoré informa à son tour son  ministre de tutelle, Général Abdoulaye Koumaré. Sans plus tarder une forte délégation composée du ministre et du président se rendit à Dakar pour rencontrer le ministre Sénégalais de la pêche et des infrastructures maritimes pour en savoir plus de cette décision injuste.

Pour protester contre cette décision jugée arbitraire et contraire aux normes établies par l’UEMOA, la CEDEAO et en attendant une solution à ce nouveau problème, les transporteurs routiers ont décidé de ne plus rendre au Sénégal. En retour les camions sénégalais ont été prié de rester chez eux jusqu’à l’abrogation de cette décision qui frappe uniquement les camions maliens. A noter que même si les camions sénégalais payaient le gasoil malien, ils ne sont pas inquiétés à plus forte raison voir les réservoirs de leurs camions vidés.  Aux dires des autorités sénégalaises,  les chauffeurs maliens utilisent les réservoirs pleins de gasoil pour dissimuler de la drogue pour aller vendre à Dakar. Comment peut-on dissimuler de la drogue dans des réservoirs pleins de gasoil ? Mais en réalité cette action contre les camions maliens ne sont que des représailles des autorités sénégalaises contre la saisine d’un camion sénégalais par les douaniers maliens dont les images ont été diffusées à la télévision nationale il y a de cela deux semaines.

D’ailleurs selon nos informations, l’ambassadeur sénégalais au Mali avait été convoqué pour constater que le camion provient bel et bien du Sénégal.  Soucieux de la défense des intérêts des transporteurs routiers du Mali, Youssouf Traoré en sa qualité de président du CMTR en compagnie de l’équipement et des transports, s’est déplacé à Dakar pour rencontrer le ministre sénégalais de la pêche et des infrastructures maritimes pour débattre de ce nouveau problème. Aux dires du président du CMTR, le ministre sénégalais a donné des assurances à la délégation malienne de mettre fin à cette mesure qu’il a qualifiée de brigandage et de vol de la part de ces gendarmes. Du coup la délégation malienne quitta Dakar et arriva à Bamako aux environs de 21 heures.  
Une arrestation rocambolesque et incompréhensible  
C’est en rentrant à son domicile que le président du CMTR, Youssouf Traoré a trouvé 5 policiers devant sa maison l’intimant de force à les suivre à la brigade d’investigations judiciaires. Totalement surpris et ne comprenant absolument rien de l’attitude violente des policiers en son égard, M. Traoré sera informé plus tard que l’ordre de l’interpeller émane du ministre de la sécurité, Général Sada Samaké au sujet de la soit disant grève des transporteurs maliens de l’axe Bamako-Dakar. Et pendant plusieurs heures, le président du CMTR fut soumis à un interrogatoire musclé avant d’être relâché la même nuit. Ce qui a provoqué la colère de tous les syndicats de transports routiers de Kayes en passant par Bamako jusqu’à Kidal. N’eut été l’intervention du président du CMTR qui a pu calmer leurs ardeurs,  tous les syndicats de transports du Mali  étaient prêts à partir en grève contre l’immixtion du ministre de la sécurité.

La question qui se pose pourquoi Sada Samaké, fut-il ministre a ainsi agit de la sorte ? Pourquoi a-t-il fait interpeller  le président des transporteurs routiers  sachant que cela ne relève de son département ? Pourquoi n’a t-il pas saisi pas son collègue chargé de l’équipement et des transports qui était au parfait de tous les contours de cette affaire ? A-t-il des comptes à régler contre le président Youssouf Traoré ? Voilà autant de questions et d’interrogations qui méritent réflexions et réponses. D’ailleurs lorsque le ministre de l’équipement et des transports a manifesté son étonnement et sa surprise que  le président du CMTR soit arrêté sur ordre de son collègue de la sécurité.                           
Le président IBK,  fortement interpellé !
Le seul tort pour le président du Conseil malien des transporteurs routiers, c’est de vouloir défendre  l’économie malienne et les intérêts des transporteurs maliens victimes de toutes sortes d’abus et de tracasseries de la part des autorités  agents sénégalais depuis 2008. Ce qui lui a valu d’être arrêté comme un vulgaire bandit ou un criminel notoire    En effet chaque camion malien verse 80.000 FCFA comme frais de pesage, 175.0000 FCFA comme frais d’escorte (alors que les camions ne sont jamais escortés), 8.000 FCFA comme taux  de surcharge. Ce qui est contraire aux normes établies par l’UEMOA et la CEDEAO. Ce qui ont poussé la Gambie et la Mauritanie de bouder le port sénégalais et depuis tous les camions sénégalais sont interdits dans ces deux pays. Aujourd’hui seul le Mali qui utilise le port sénégalais avec un trafic routier de 300 camions la moyenne. En 2013, deux millions de tonnes de marchandises ont été convoyées par les camions maliens sans oublier les taxes prélevées. Ce qui représente 22 % du PIB sénégalais aux dires même de leurs économistes. C’est pour cela que les autorités sénégalaises ont voulu imposer une nouvelle mesure en obligeant les camions maliens à payer leur gasoil en prétextant des faux arguments.  Or le litre du gasoil sénégalais coûte 800 FCFA contre 640 FCFA pour le gasoil malien. Au lieu de plaider la cause des transporteurs maliens contre cette mesure d’injustice, le ministre Sada Samaké se fait l’avocat-défenseur de l’économie sénégalaise en forçant les transporteurs maliens à aller à Dakar. Ce qui revient à dire qu’il pousse les camions maliens à payer le gasoil sénégalais au profit de celui du Mali.

Le comble c’est que la gestion du corridor ne relève pas du tout de son département mais celui de l’équipement et des transports dirigé par Général Abdoulaye Koumaré. « Au lieu de s’occuper du transport routier malien, le ministre Sada devrait plutôt faire face à la montée grandissante du banditisme urbain avec son lot de désolations et de morts et chercher à éradiquer l’insécurité ambiante sur les principales routes maliennes »confie un leader syndicaliste. En tout cas le président de la république doit  vraiment veiller à la discipline des ministres conformément aux missions assignés à leurs départements. Il est vraiment inadmissible que le ministre de la sécurité s’immisce dans les affaires du transport routier qui relèvent d’un autre département surtout il s’agit d’une guerre économique à l’heure de la mondialisation sans merci.

En attendant, c’est le choix, l’émoi voire la colère de tous les transporteurs maliens de voir  leur président jeter en pâture par la volonté de Sada Samaké fut-il ministre de la sécurité. « Tant que je resterai président de tous les transporteurs routiers du Mali, continuerai à défendre les intérêts en tout moment et en tout lieu. Nous pensons qu’en payant le gasoil malien, c’est  pour le bonheur de l’économie malienne. Je ne comprends pas pourquoi le ministre Sada Samaké veut nous forcer à aller au Sénégal dans de telle condition lamentable.  Tant que les transporteurs maliens sont injustement traités par les Sénégalais, je continuerai à les défendre au prix de ma liberté. C’est ça aussi le risque d’être président du CMTR » conclu le président du CMTR. Il n’est un secret pour personne que les transporteurs sénégalais sont très jaloux de leurs homologues maliens. La preuve les autorités sénégalaises sont maintes fois venues au Mali pour s’inspirer de l’exemple malien sur la relance de son parc automobile.
Sadou Bocoum

Source: La Mutation 2014-02-18