Ban Ki-moon accuse Bachar Al-Assad de « crimes contre l’humanité »

C’est la première fois qu’un haut responsable de l’Organisation des Nations unies porte publiquement des accusations aussi graves contre le chef de l’Etat syrien. De tels crimes sont passibles de la Cour pénale internationale (CPI), qui n’a jamais pu être saisie dans le dossier syrien en raison de l’opposition de la Russie, fidèle allié de Damas.

PRÉSENTATION AU CONSEIL DE SÉCURITÉ LUNDI

Le rapport des experts de l’ONU qui ont enquêté en Syrie sur les accusations de massacre à l’arme chimique le 21 août près de Damas est attendu lundi. Leur mandat ne prévoit pas qu’ils désignent les responsables de l’utilisation de ces armes. Ils doivent simplement déterminer si elles ont été utilisées et si oui dans quelles circonstances, à partir d’indices matériels (échantillons biologiques ou de sol, fragments de projectiles) et de témoignages de victimes ou de médecins.

M. Ban a prévu de présenter ce rapport, qu’il n’avait pas encore reçu, au Conseil de sécurité lundi en fin de matinée. Depuis le retour de Syrie des enquêteurs de l’ONU, à la fin d’août, M. Ban s’est entretenu avec leur chef, le Suédois Aake Sellström, et avec la haute commissaire de l’ONU pour le désarmement, Angela Kane, qui lui ont fait un premier compte rendu. Les échantillons recueillis par les enquêteurs ont été transmis pour analyse à quatre laboratoires, en Allemagne, en Suède, en Finlande et en Suisse.

Par ailleurs, les négociations américano-russes de Genève sur le démantèlement de l’arsenal chimique syrien en sont à un « point crucial » et se poursuivront samedi. Les deux délégations « s’approchent d’un accord » sur la taille de cet arsenal, a précisé un représentant des Etats-Unis sur place.

DES INDICES SUR LES AUTEURS DES ATTAQUES CHIMIQUES

Selon des diplomates à l’ONU, même si le rapport, très technique, ne désigne pas nommément les coupables, les très nombreux indices recueillis sur le terrain peuvent permettre de s’en faire une idée, en particulier à partir des fragments de roquettes ayant servi de vecteurs et de la composition précise des produits toxiques utilisés.

Les Etats-Unis et leurs alliés, notamment la France, accusent le régime syrien d’avoir commis le massacre à l’arme chimique du 21 août qui a fait plusieurs centaines de morts. Damas dément toute responsabilité et la Russie a accusé les rebelles d’avoir utilisé des gaz toxiques de façon à faire accuser le régime et à provoquer des frappes occidentales contre Damas. M. Ban a aussi repris dans ses propos le chiffre de mille quatre cents victimes donné par les services de renseignement américains lors du massacre du 21 août, ajoutant que cinq mille personnes avaient été « exposées à des produits chimiques ».

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