Un assouplissement de la politique monétaire pour booster la
consommation des ménages
La Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) vient
d’abaisser son taux directeur principal (inchangé depuis 3 ans), passant
de 3,50 % à 3,25 %. Prise lors de la réunion du Comité de politique
monétaire (CPM) le 4 juin 2025, cette décision est effective depuis le 16
juin 2025. Quelles peuvent être les implications économiques et
financières, voire socioéconomiques d’une telle mesure ? Président-
directeur général (PDG) de BR&T AFRICA, expert en finance de marché
et détenteur d’un Ph.D. Economic Sciences (Strategic management), Dr
Fousseynou Ouattara nous apporte des éclaircissements sur cette
décision.
La Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a rabaissé (le 4
juin 2025) son principal taux directeur de 25 points, soit de 0,25 %. «Cela
signifie un assouplissement de sa politique monétaire avec une tendance à la
dynamique des entreprises et des ménages. C’est aussi une autre façon de
combler le manque de liquidité bancaire sur le marché», explique Dr
Fousseynou Ouattara. Président directeur général (PDG) de BR&T AFRICA,
expert en finance de marché et détenteur d’un Ph.D. Economic Sciences
(Strategic management), il est aussi vice-président de la Commission Défense
nationale, Sécurité et Protection civile du Conseil national de transition (CNT)
et préside le Collectif pour la refondation du Mali (COREMA).
«La baisse du principal taux directeur est un mécanisme servant à rendre les
crédits plus accessibles et aussi à encourager les ménages à consommer. Ce
mécanisme est un moyen de prévention efficace contre la déflation. Vu que le
manque de liquidité bancaire sur le marché peut amener à des chutes des prix
des produits et des services», précise le spécialiste. Pour Dr Ouattara, «le
manque de liquidité résulte souvent du durcissement de la politique monétaire
par la banque centrale pour freiner les tendances inflationnistes. Mais, à la
longue, cette politique peut ralentir la croissance économique et provoquer un
taux de chômage plus élevé et entraîner des pertes d’emploi».
Donc, face à des signes de récession, explique-t-il, la BCEAO veut «injecter
de l’argent sur le marché pour stabiliser les prix et booster la croissance
économique des pays membres de l’Union économique et monétaire ouest
africaine (UEMOA)». Et cela à juste titre, car la baisse du principal taux
directeur influe sur les taux des coupons des titres souverains sur le marché
de l’UEMOA-TITRES. «Il ne faut pas oublier que toute croissance économique
est liée à l’évolution du PIB (produit intérieur brut)».
«Le rabaissement du principal taux d’intérêt peut aussi inciter les banques
commerciales à rendre les crédits moins coûteux et accessibles aux ménages.
Les keynésiens disent que : lorsque les patrimoines des ménages enregistrent
des plus-values, cela les incite à consommer plus et à épargner moins ! Cela
peut entraîner une augmentation des offres et demandes», souligne Dr
Fousseynou Ouattara. Et de conclure, «en évitant une récession, on évite
aussi ses conséquences comme la hausse du taux de chômage, la perte
d’emploi, les pertes de revenu, la diminution des dépenses…».
D’une manière générale, cette baisse du taux directeur (inchangé depuis trois
ans) vise à soutenir la croissance économique de la région en assouplissant
les conditions de financement pour les banques et les entreprises. L’inflation
étant en baisse, la BCEAO dispose ainsi de plus de marge de manœuvre pour
mettre en place une politique monétaire plus accommodante. Cette baisse
devrait rendre le crédit plus accessible pour les banques et les entreprises,
stimulant ainsi l’activité économique. «L’inflation a diminué au premier
trimestre 2025, ce qui a permis à la BCEAO de prendre cette mesure», a aussi
expliqué un banquier de la place. En résumé, la BCEAO cherche à stimuler la
croissance économique de l’UEMOA en réduisant son taux directeur, tout en
veillant à maintenir la stabilité des prix.
En 1959, l’Institut d’émission de l’Afrique occidentale française (AOF) et du
Togo est devenue la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest. En
concertation avec les banques centrales nationales des pays membres, elle
est chargée de l’émission monétaire du Franc CFA (code monétaire : XOF) qui
a cours légal dans les pays membres de l’UEMOA ; l’application de la politique
monétaire commune ; la fixation des taux d’intérêt ; la gestion et le contrôle
des réserves de change et de la dette extérieure ; la législation bancaire et
financière des États membres de l’Union ; l’assistance aux États membres de
l’Union dans leurs relations avec les institutions financières et monétaires
internationales.
Moussa Bolly
diasporaction.fr