Avec Bordeaux, le Sénégalais Sabaly repart de l’avant

Youssouf Sabaly vit une saison frustrante avec son club, les Girondins de Bordeaux. Le défenseur latéral de 25 ans espère toutefois bien finir en Championnat de France et décrocher ainsi au passage sa place en équipe du Sénégal pour la Coupe du monde 2018.

Le 2 mars dernier à Monaco, les Girondins de Bordeaux ont subi leur 12e défaite de la saison en Championnat de France (Ligue 1). Mais ce n’est sûrement pas la faute de Youssouf Sabaly. Ce jour-là, le défenseur latéral a réalisé une bonne prestation, meilleure que les précédentes.

« J’ai traversé une période durant laquelle je n’ai pas été assez régulier, concède volontiers celui qui vit une saison frustrante, à l’image de celle de son club, 9e de Ligue 1. A la base, je suis pourtant plutôt régulier dans mes prestations. Ce n’est pas lié à l’effectif. Chaque joueur s’est remis en cause. A la reprise, début 2018, chacun avait à cœur de bien revenir. Là, ça va en tout cas beaucoup mieux et j’espère que ça va continuer comme ça jusqu’à la fin de saison ».

Une chose est sûre : le joueur formé au Paris Saint-Germain (2003-2013) et qui a successivement porté les couleurs d’Evian (2013-2015) et de Nantes (2015-2016) a assez mal vécu les critiques des derniers mois sur la supposée torpeur bourgeoise dans laquelle les footballeurs bordelais se complairaient. « C’est clair que ça se passe bien au quotidien, ici, et qu’il y a un certain confort, concède-t-il. Après, il ne faut pas croire pour autant qu’on n’a pas d’objectifs ou que les supporters ne s’attendent pas à des résultats de notre part. C’est assez dur d’entendre qu’il n’y a pas d’objectifs à Bordeaux »…

Briller pour aller à la Coupe du monde

Youssouf Sabaly espère ainsi décrocher une qualification en Ligue Europa 2018-2019, histoire d’effacer un peu les piteuses éliminations girondines en coupe d’Europe et en Coupe de France ainsi que le licenciement de l’entraîneur Jocelyn Gourvennec. Celui qui est né et a grandi en région parisienne estime en effet que sa présence en Coupe du monde, l’été prochain, dépendra en partie des résultats du club désormais coaché par l’Uruguayen Gustavo Poyet.

Une analyse que ne partage pas totalement, Habib Beye. Le consultant de l’émission Radio Foot International et ex-latéral droit de l’équipe du Sénégal jette un regard aussi avisé que positif sur Sabaly. « Lui juge sa saison comme étant moyenne, parce que Bordeaux vit une saison moyenne. C’est bien d’être exigeant envers soi-même. C’est tout à son honneur, souligne-t-il. Il joue régulièrement avec Bordeaux. Ça veut dire qu’il arrivera en sélection en étant compétitif. Ça, c’est quelque chose qu’attend Aliou Cissé ».

Habib Beye juge au passage que son ex-coéquipier et actuel sélectionneur des « Lions de la Téranga » aurait de bonnes raisons d’emmener Youssouf Sabaly en Russie. D’autant que le binational a réussi ses débuts en sélection en tant qu’arrière gauche, en novembre, face à l’Afrique du Sud. « Il s’est très bien adapté à ce poste, affirme Beye. Je l’ai trouvé intéressant par sa capacité à utiliser son pied gauche dans cette situation. Moi aussi j’ai joué à ce poste en sélection. Ce n’est jamais simple pour un droitier. Je pense qu’il remplit toutes les caractéristiques du bon latéral que recherche Aliou Cissé ». Et ce malgré une concurrence importante sur les ailes, avec notamment Lamine Gassama, Armand Traoré, Saliou Ciss, Pape Souaré, Moussa Wagué, etc.

Discret et polyvalent

Habib Beye poursuit : « Youssouf a de la polyvalence mais aussi beaucoup de tonicité. C’est important pour un latéral parce qu’on est souvent provoqué par des joueurs qui ont des qualités techniques au-dessus de la moyenne. Il a un petit gabarit et un centre de gravité très bas. Il n’a pas forcément une super première relance longue. Mais, avec sa vivacité dans le jeu, il arrive à trouver des relais et à être très bon offensivement. »

Question personnalité, l’intéressé est réputé discret et timide. Youssouf Sabaly se montre néanmoins ferme. « Je sais de quoi je suis capable. Et c’est justement lorsque ça va moins bien qu’on voit si on a une véritable force de caractère », conclut-il.

Un champion du monde chez les « Lions »

Youssouf Sabaly sera peut-être (sans doute ?) en Russie, l’été prochain, avec les « Lions de la Téranga ». Ce ne sera en tout cas pas sa première Coupe du monde. Le défenseur a en effet remporté le Mondial des moins de 20 ans, en 2013, avec la France. Une équipe où figuraient notamment Paul Pogba, Samuel Umtiti, Kurt Zouma et Geoffrey Kondogbia. Comme eux, le latéral aurait d’ailleurs peut-être eu sa chance en bleu, un jour. Mais le Francilien est heureux d’avoir opté pour le pays d’origine de ses parents. « Je me souviens de la victoire du Sénégal face à la France, raconte-t-il au sujet du match d’ouverture de la Coupe du monde 2002. J’étais très content vue que j’avais la double nationalité. C’est un très bon souvenir ».

Avoir permis à la sélection sénégalaise de disputer l’édition 2018 est une grande fierté. Presqu’autant qu’un titre de champion du monde U20, assure-t-il. « Emotionnellement, c’est aussi fort. Parce que ça faisait 16 ans que le Sénégal ne s’était pas qualifié pour la Coupe du monde. Pour le peuple sénégalais, c’est quelque chose de grand, savoure-t-il. Une Coupe du monde reste un grand événement, que ce soit en catégories de jeunes ou chez les A. C’est quelque chose de vraiment sacré ».

Par David Kalfa

RFI