Au Mali, pas de répit pour l’opération Hydre

L’opération Hydre s’imposait. 1er octobre : une dizaine de djihadistes sont tués dans un accrochage au nord de Tombouctou dans lequel ont notamment été engagées les forces spéciales françaises. 7 octobre : la ville de Gao essuie des tirs à l’arme lourde, suivis du dynamitage d’un pont le lendemain près de la frontière nigérienne. Des attaques revendiquées par le Mujao. 23 octobre : des islamistes attaquent des positions de l’armée tchadienne à Tessalit, faisant au moins trois morts…

Jointe samedi par le JDD dans le nord du pays, une source malienne, présente aux côtés de soldats tchadiens et maliens, dont un bataillon formé par les militaires européens, des bérets rouges et des membres de la garde républicaine, raconte. « Les opérations ont débuté depuis trois jours : six hommes circulant à moto et suspectés d’être des djihadistes ont été arrêtés et remis aux autorités. L’opération devrait durer jusqu’aux élections du 24 novembre. » Les militaires y conduisent des opérations de ratissage, notamment à la recherche d’Abou Kaka le Sahawi, chef des islamistes du Mujao, à l’origine de l’explosion qui a détruit, début octobre, un pont reliant le Mali au Niger dans la région de Gao.

« Il s’agit d’opérations contre-terroristes »
Faut-il y voir une nette dégradation de la situation? Oui, si l’on en juge par les déclarations hier du président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, selon qui la situation à Kidal, fief touareg en partie contrôlé par les rebelles, est « inadmissible ». Une inquiétude partagée par les dirigeants de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, qui ont aussi appelé à « prendre des dispositions urgentes pour renforcer la Minusma ». Tout comme Bert Koenders, le chef de la Minusma, qui a, lui aussi, demandé la semaine dernière des renforts en troupes et matériel.

À Paris, on se veut évidemment rassurant. « Nous sommes dans une situation nouvelle : la guerre est derrière nous, là il s’agit d’opérations contre-terroristes », a déclaré vendredi le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian. Une source militaire tient à « replacer les déclarations du président malien dans leur contexte politique avant les élections ». Et d’enchaîner : « Vous m’auriez dit que la situation était compliquée à Tessalit, OK. À Kidal, franchement… »

À l’inverse, Paris ne nie pas redouter de nouvelles actions des mouvements djihadistes à l’approche des élections. « Ils ont tout intérêt à marquer les esprits, reconnaît un haut gradé français. De là à parler, comme le font certains, d’un nouvel Afghanistan, c’est comparer deux situations qui n’ont rien à voir. Les opérations menées actuellement relèvent de la stabilisation du pays. Il y en a eu de semblables par le passé et il y en aura d’autres à l’avenir… »

Alexandre Duyck (avec Antoine Malo) – Le Journal du Dimanche 2013-10-27 17:10:50