ATTAQUE A NANPELA VU DU BURKINA Si on peut prendre aussi facilement une caserne…

Nampala. Une nouvelle localité désormais inscrite, par le sang, le feu et le fer, sur la liste, déjà longue, des localités dont les noms feront date dans l’histoire de cette interminable crise malienne.
Depuis quatre ans que ça dure, beaucoup sont ceux qui ont dû améliorer leur connaissance de la géographie de leur pays.

Jusqu’en 2012, date du déclenchement de la présente crise, en effet pour des raisons qui tiennent à la fois de l’histoire et du tourisme, on n’était familier qu’aux noms de grandes métropoles comme Bamako, naturellement, Sikasso, Mopti, Kayes, Djenné, Gao, Tombouctou et Kidal, l’incandescente.
Mais depuis la césure intervenue entre le Sud et le Nord, des noms de bien de petites localités et mêmes de hameaux, qui se seraient bien gardées de cette irruption sanglante dans l’actualité du pays, sont sur toutes les lèvres.

Qui aurait pu indiquer sur une carte des arpents de terre comme Sévaré, Aguelhok, Douentza, Konna, ou Diabaly ? Peu de gens se serait risqué à cet exercice.
En effet, le principal camp militaire y est tombé entre les mains d’assaillants lourdement armés qui tenaient toujours la citadelle militaire jusque dans l’après-midi.
Après s’être emparés de la caserne avec une rapidité digne de la blitzkrieg, mis en déroute les pensionnaires et tué certain nombre, la horde de combattants a incendié les lieux et fait flotter une bannière noire, signe de sa suprématie.

Au moment où nous bouclions cet article, le bilan n’avait toujours pas été communiqué, mais au regard de la violence de l’attaque, point d’illusion sur le nombre de morts à déplorer.
Cette action, dont on accorderait la paternité à une de ces nombreuses katiba islamistes qui écument le Mali, au regard du modus operandi, a pourtant été revendiquée par l’Alliance pour la sauvegarde de l’identité peule et la restauration de la justice (ANSIPRJ). Une organisation qui dit n’appartenir à aucune obédience politique ni confessionnelle.

Ça vient ajouter au cafouillis qui entoure cette crise à tiroirs : irrédentisme du MNLA, recherche de plaque tournante pour les narcotrafiquants, guerre de conquête de djihadistes de tout poil. Et voilà que des justiciers à la petite semaine s’invitent dans la cour du roi Pétaud.
Cette prise du camp militaire avec une facilité déconcertante est-elle symptomatique de l’état de déliquescence de l’armée malienne ?

Difficile en effet de ne pas poser cette question qui fâche quand on sait que le mouvement, qui vient de mettre en déroute les FAMa sur leurs propres installations, n’a été créé qu’en juin dernier suite aux violences contre des Peuls.

Si même une poignée de révoltés assoiffés de vengeance peut prendre le contrôle d’un camp militaire, il y a de quoi s’interroger sur la capacité opérationnelle de l’armée dans tout son ensemble.
Et le Conseil de sécurité de l’ONU n’a pas eu tort de voter, le 29 juin dernier, cette résolution portant renforcement de son mandat et augmentation des effectifs de la MINUSMA.
Mais jusqu’à quand va-t-il continuer à masser des troupes dans un pays où l’armée continue de jouer les seconds rôles dans une guerre qui est d’abord et surtout la sienne ?
Observateur Paalga