AHMED MOHAMED AG HAMANI, EX-PREMIER MINISTRE: »Il est urgent de faire connaître les réalités du pays aux Maliens »

Ahmed Mohamed Ag Hamani

L’hôtel Salam a servi de cadre le 18 mai dernier à un déjeuner débat sur le thème « l’ancrage de la culture de la paix et de la non-violence : un enjeu africain et malien ». L’initiative est de l’Institut culturel afro-arabe. Pour animer ce débat d’une brûlante actualité, plusieurs personnalités, notamment des diplomates, des hommes de culture et politiques ont apporté des éclairages.

De l’ancien Premier ministre Cissé Mariam Khaïdama Sidibé à l’imam Mahmoud Dicko en passant par Ahmed Mohamed Ag Hamani, la question de la violence a été traitée sous toutes ses coutures.

Abordant le sujet, Ahmed Mohamed Ag Hamani a souligné que »le non-respect de la différence de peau ou de croyance qui conduit à la bêtise dans l’indifférence complice des Etats au nom d’une liberté viciée et complice de l’intolérance est encore une faute gravissime ».

Il a cité le cas du Mali, perturbé par les avatars d’une démocratisation aux multiples ratés qui « peine à se retrouver dans ce chaos de désordre et ne sait plus situer les causes du mal qui le mine tant ce mal est multiforme ».

Et Ag Hamani d’enfoncer le clou : « Quand les milices à base raciale, germent à tout vent, c’est le reflet d’un Etat qui a perdu son âme et qui peut être perçu complice des narcotrafiquants et des preneurs d’otages qui prospèrent et prospèrent encore dans une passivité complice des autorités », a-t-il souligné.

Plus loin, l’ancien PM d’ATT regrettera que « quand une poignée de citoyens fâchés pour de vagues raisons sans fondement, crient à l’indépendance ou à l’autonomie au grand dam des populations dont ils sont discrètement issus, il faut avouer que ni le critère racial ni celui de la marginalisation souvent mis en avant ne suffiront à effacer les siècles antérieurs du vivre ensemble ».

Nation arc-en-ciel bien avant d’autres

Car, a-t-il expliqué, l’histoire commune vécue alternativement sous les Empires songhay, bambara, tamashek ou peul, sans doute mal perçue quelque part dans le monde, fait agiter des mains invisibles. D’où, selon lui, la violence qui en découle et qui doit interpeller les manipulateurs pour leur hostilité vis-à-vis d’un pays arc-en-ciel depuis des siècles qui les aime tant.

Il a dénoncé les années de contre-vérités savamment distillées, faisant croire que le Sud se développe aux dépens des programmes destinés au nord. C’est en raison de tous les poids psychologiques qu’Ag Hamani dira qu’il est fort utile et fort urgent de faire connaître les réalités du pays aux Maliens du Sud et du Nord.

Intervenant dans le débat, l’ancien Premier ministre Cissé Mariam Khaïdama Sidibé fera remarquer que pour prévenir les conflits, il faut s’attaquer à ses racines. Selon elle, pour garantir la culture de la paix, il faut renforcer la culture de la non-violence. Avant de rappeler à apprendre à vivre ensemble comme des frères. Elle prendra comme exemple illustratif, le métissage qui peut empêcher les conflits.

Toutes choses qui feront dire au directeur de l’Institut, Dr. Mohamed Salam Soufi, qu’il est du devoir des gouvernants de mettre en place les mécanismes adéquats et efficaces pour une réconciliation durable basée sur la justice, l’équité, la lutte contre toutes les formes de discriminations, le respect des droits humains et l’instauration de l’Etat de droit.

Alpha Mahamane Cissé

Source: L’Indicateur du Renouveau 20/05/2015