——————————– TERRORISME : Pourquoi les deux journalistes de RFI ont été tués à Kidal ?

Dans un reportage diffusé hier soir dans l’émission Envoyé spécial sur la chaîne de télévision France 2, il a été entendu de nouveaux éléments, témoignages-clés et documents confidentiels qui attestent des désaccords entre les services de renseignements et les négociants d’otages qui auraient abouti à l’enlèvement et l’assassinat de nos deux confrères de RFI en novembre 2014.

L’enquête diffusée hier jeudi 26 janvier dans le cadre de l’émission Envoyé Spécial accrédite la thèse d’un lien direct entre la libération des otages d’Arlit, détenus pendant plus de trois ans par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), et le meurtre des deux journalistes de RFI, tués à Kidal, dans le nord du Mali, en décembre 2013.
« Ça a été une enquête très compliquée. A la base, peu de gens parlent, et encore moins quand ils […] font l’objet de pression », explique à RFI Geoffrey Livosli, co-auteur du reportage avec Michel Despratx, Antoine Husser, Loup Krikorian et Marielle Krouk. Les journalistes ont enquêté pendant plus d’un an, au Mali – à Bamako et à Kidal – et au Niger – à Niamey, la capitale.

Détournement de fonds
S’appuyant sur des témoins-clés, ils soulèvent l’hypothèse d’un détournement d’argent. Selon eux, l’intégralité de la somme versée pour la libération des otages d’Arlit ne serait pas arrivée à Aqmi. Les témoignages sur lesquels ils se basent sont étayés par des documents confidentiels, issus du renseignement militaire.
Baye Ag Bakabo, le suspect n°1 du meurtre des deux journalistes de RFI à Kidal, « a vivement reproché de n’avoir jamais reçu l’argent en remerciement de l’aide apportée aux équipes chargées de la garde des otages », indique de fait un extrait d’une note confidentielle du renseignement militaire, diffusée dans ce numéro d’Envoyé Spécial et publiée sur le site de RFI. Alain Juillet, ex-directeur du renseignement de la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), interviewé par les enquêteurs, atteste par ailleurs de l’existence de rumeurs à ce sujet.
Ni le ministre de la Défense ni l’actuel patron des services de renseignement, sollicités par les deux journalistes, n’ont accepté de répondre à leur question. Ce qui confirme la gêne des autorités françaises.
M. D. avec JA