Quiproquo à propos de l’entrée de la Plateforme à Kidal Alghabass Ag Intallah crie à la violation de l’accord pour la paix Ould Matani salue cette « avancée pour la paix »

Chahana Takiou, Directeur de publication du Journal 22 Septembre.

Le mardi 2 février, en début de soirée, la Plateforme, composée de combattants d’autodéfense réputés proches de Bamako, est entrée à Kidal, capitale de la rébellion armée du Mali, quartier général de la Coordination des mouvements armés de l’Azawad (CMA). Désormais, en plus des drapeaux HCUA et MNLA qui flottent à Kidal, celui du Gathia émerge dans le ciel poussiéreux de la ville.

Cette nouvelle donne est diversement interprétée par les deux parties. Joint par téléphone depuis la capitale de l’Adrar des Ifoghas, le représentant de la CMA, Alghabass Ag Intallah, nous a clairement expliqué que l’entrée de ce groupe à Kidal, avec plus de 80 véhicules et plusieurs centaines d’hommes, bien armés, est une violation de l’accord pour la paix et une remise en cause du compromis d’Anefif.

Alghabass Ag Intallah est catégorique : « nous sollicitons leur départ de Kidal. Nous n’avons pas lancé d’ultimatum mais nous appelons à la médiation internationale et au gouvernement du Mali pour faire respecter l’accord de paix. Le compromis d’Anefif autorise les uns et les autres à circuler librement. Mais, ce qui s’est passé n’est pas une libre circulation, c’est plutôt une annexion, une provocation.

Qu’une ou une dizaine de personnes entrent à Kidal pour venir saluer des parents ou pour des visites privées est compréhensible dans le cadre des arrangements d’Anefif. Toutefois, venir en grand nombre, bien armés, comme si c’est un territoire conquis me parait être de la provocation. Nous gardons notre calme et nous en appelons, encore une fois de plus, à la médiation internationale pour faire respecter l’accord pour la paix ».

Et si les combattants de la Plateforme refusaient de quitter Kidal, qu’allez-vous faire ? « Nous voulons pour l’instant éviter l’affrontement. Nous voulons donner encore la chance au processus de paix d’aboutir. Mais, à l’impossible nul n’est tenu et nous aviserons au moment venu », nous a confié le représentant de la CMA à Kidal.

Pour sa part, Ould Mataly, un des responsables influents de la Plateforme, soutient que l’entrée des combattants de ladite Plateforme à Kidal est une chance pour la paix.
« C’est la preuve que le processus de paix avance. Nos éléments sont entrés à Kidal avec, bien sûr, l’accord de la CMA. C’est un processus issu du compromis d’Anefif.

Il devait aboutir depuis le 31 janvier 2016. Nous sommes à Kidal pour préparer une rencontre quadripartite Plateforme-CMA-Médiation internationale- Gouvernement du Mali. Cette rencontre doit se tenir entre le 15 et le 20 février. Nous y sommes pour prendre part à la commission d’organisation devant préparer ce forum. Donc, nous y sommes pour la paix, pour la réconciliation nationale et pour enterrer définitivement la hache de guerre. Il n’y a donc aucune violation ni de l’accord pour la paix ni de l’entente d’Anefif. Nous sommes en quête de paix », a insisté Ould Mataly.

Avant de relever : « Nos frères de la CMA aiment beaucoup jouer au dilatoire en essayant de retarder le processus de paix. A Anefif, nous étions partis pour deux jours, il aura fallu 14 jours pour trouver un accord. Aujourd’hui à Kidal, ils vont tenter de faire la même chose pour empêcher cette rencontre ou du moins la retarder pour ralentir la dynamique de paix.

Alors que le temps presse, les populations du nord du Mali continuent de souffrir, la famine s’accentue et beaucoup d’espoir repose sur les signataires de l’accord pour la paix. Nous n’avons pas le droit de décevoir ceux qui nous ont fait confiance.

Je lance donc un appel aux signataires afin qu’on avance. Ce n’est pas facile. Mais, il faut y aller. Si tout le monde s’engage comme la Plateforme, la situation va positivement évoluer. Encore une fois de plus, je pense que la paix est possible et notre présence à Kidal en est un témoignage éloquent ».

Chahana Takiou